AFFECTIONS PODALES EN ÉLEVAGE BOVIN
Fiche
Auteur(s) : Anne Relun
Fonctions : UMT, Institut de l’élevage,
UMR 1300 BioEpar (Oniris-INRA),
Atlanpôle-La Chantrerie, BP 40706,
44307 Nantes Cedex 3
Une méthode de diagnostic économique et non invasive, utilisable en salle de traite sans lever le pied, a été mise au point.
En raison de l’absence d’outil sérologique fiable, la méthode de référence actuelle pour détecter la dermatite digitée (DD) consiste à inspecter les pieds des vaches placées dans un travail de pareur (cage de contention, souvent mobile, avec dispositif de levage du pied). Cette méthode est cependant trop contraignante et coûteuse pour être utilisée en routine à l’échelle du troupeau.
La méthode décrite dans cet article a été mise au point par des chercheurs de l’Unité mixte technologique(UMT) “Maîtrise de la santé des troupeaux bovins”, dans le cadre d’une thèse d’université. Avec un peu d’entraînement, elle permet de détecter de façon fiable les lésions de DD en salle de traite sans avoir à lever les pieds. Elle peut ainsi être intégrée dans un programme de maîtrise pour estimer la prévalence initiale de la DD et en suivre l’évolution après la mise en place d’actions de contrôle. En début de plan, une observation mensuelle permet d’améliorer l’observance des actions prévues.
Le corollaire d’une détection sans lever le pied est que les lésions situées dans l’espace interdigité sous le pied ne peuvent pas être détectées. Toutefois, lors de la mise au point et de l’évaluation de cette méthode, seulement 9 % des lésions actives étaient situées sous le pied. Celles-ci étaient alors presque toujours placées sur des hyperplasies interdigitées (limaces) et associées à des lésions chroniques (M4) en talon [3]. La perte d’informations ainsi occasionnée était finalement assez faible et peu préjudiciable pour un diagnostic à l’échelle du troupeau.
Cette méthode peut également être transférée aux éleveurs pour qu’au quotidien, ils détectent et traitent plus précocement les lésions de DD. Cela améliore les chances de guérison et limite la propagation de la maladie. Dans certaines conditions, l’inspection régulière des pieds postérieurs pourrait se substituer à la mise en place d’une désinfection collective(1).
Cette méthode n’est pas destinée à remplacer l’inspection en travail de pareur, qui s’impose pour un diagnostic de boiterie. Les lésions de DD peuvent en effet être associées à d’autres lésions podales non détectables sans lever le pied.
(1) Voir l’article “Points clés pour identifier des leviers d’action de contrôle de la dermatite digitée” de A. Relun et coll., dans ce numéro.
(2) Miroir d’inspection, modèle 1PK390G Prokit’s Industries Co. Disponible sur le site Internet www.indicpc.fr et autres. Prix : de 5 à 10 €.
(3) Par exemple la lampe Tikka plus de Petzl(r). Prix : 35 €.
→ La classification des lésions en différents stades a, à l’origine, été prévue pour décrire l’évolution des lésions de dermatite digitée (DD) au cours du temps, avec l’idée des “M-stages” définis par Dörte Döpfer, “M” étant noté pour Mortellaro. Classiquement, un pied sain qui développe une lésion de DD présente d’abord une lésion peu étendue (M1), parfois difficile à déceler à l’œil nu, puis une lésion aiguë plus étendue (M2), qui évolue souvent vers une lésion chronique avec un épithélium modifié (dys-ou hyperkératosique). L’évolution peut être variable d’un individu à l’autre (figure). Toutefois, chaque stade lésionnel a ses propres caractéristiques en termes d’infectiosité, de douleur et de capacité à guérir.
→ Le stade M1 correspond à des lésions actives débutantes ou en cours de guérison. L’atteinte épithéliale est circonscrite. Le diamètre de l’érosion est inférieur à 2 cm. Ces lésions sont d’ores et déjà infectieuses. Elles peuvent être douloureuses, mais sont les plus faciles à guérir.
→ Le stade M2 correspond à la lésion classiquement observée pour la dermatite digitée : ulcérative circonscrite, excédant 2 cm de diamètre. Les composantes infectieuses et algiques sont fortes. Les lésions peuvent être difficiles à guérir même avec l’application répétée de topiques antibiotiques, d’où l’importance d’une détection précoce [4, 5].
→ Le stade M3 apparaît 1 à 2 jours après un traitement topique. Les lésions apparaissent alors comme couvertes par une croûte. Il est très fugace et suivi du stade M4.
→ Le stade M4 correspond à des lésions chroniques, après cicatrisation. Elles sont circonscrites, dyskératosiques ou prolifératives. À ce stade, elles ne sont plus infectieuses mais les pieds présentant ces lésions ont tendance à être plus sujets à des lésions récurrentes.
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