MALADIES INFECTIEUSES
Fiche
Auteur(s) : François Poumarat*, Dominique Le Grand**
Fonctions :
*Anses, Laboratoire de Lyon,
UMR Mycoplasmoses des ruminants,
31, avenue TonyGarnier,
F69364, Lyon Cedex 07
**Université Lyon, VetAgro Sup,
UMR Mycoplasmoses des ruminants,
F69280, MarcyL’Étoile
Le réseau d’épidémiosurveillance VIGIMYC propose une fiche technique de recommandations pratiques pour la réalisation et l’envoi des prélèvements.
En France, les mycoplasmoses des ruminants sont sous surveillance au travers du réseau d’épidémiosurveillance VIGIMYC (pour VIGIlance des MYCoplasmoses) (encadré 1) [4, 5]. À la suite de fréquentes interrogations des praticiens, le réseau VIGIMYC a récemment diffusé, auprès des laboratoires du réseau, une fiche technique reprenant les procédures générales les plus adaptées pour les prélèvements, leur acheminement et leur conservation (tableau).
La conservation des laits est toujours assez problématique car il s’agit le plus fréquemment de prélèvements de lait de tank, mélange de la production de l’ensemble d’un troupeau, donc souvent à faible concentration en mycoplasmes. La règle générale pour ce type d’échantillon est l’acheminement rapide sous froid positif (+ 4°C). Si, pour des raisons particulières, l’acheminement jusqu’au laboratoire ne peut être réalisé dans les 48 à 72 heures, l’échantillon doit être congelé. Néanmoins, la congélation à – 20°C ne permet pas une conservation à long terme (chute des titres en mycoplasmes à partir de 1 semaine de stockage) [1, 3]. Il est alors préférable de passer les échantillons à – 80°C.
Pour rappel, en France, les mycoplasmoses mammaires affectent essentiellement l’élevage de petits ruminants.
Chez les bovins, en revanche, les foyers de mammites sont sporadiques, dispersés sur l’ensemble du territoire et souvent secondaires à une affection respiratoire (à Mycoplasma bovis) [2, 4, 5]. Il n’existe pas de mammites enzootiques telles que décrites en Amérique du Nord.
En France, chez les bovins, les mycoplasmes sont très présents en pathologie respiratoire, particulièrement dans la filière “animaux de boucherie”.
VIGIMYC déconseille les écouvillonnages nasaux, en particulier pour les recherches individuelles (photo). Ces prélèvements ne donnent pas une représentation correcte de la flore pathogène de l’appareil respiratoire profond et ils sont en général contaminés par des bactéries classiques qui peuvent entraver la détection des mycoplasmes. Il convient donc de préférer les lavages bronchoalvéolaires ou les aspirations transtrachéales.
L’analyse sur poumon doit être privilégiée. Dans ce cas, il est conservé et envoyé sous froid positif selon les recommandations classiques appliquées en bactériologie. Si, toutefois, l’échantillon ne peut parvenir au laboratoire sous 48 heures (24 heures au maximum au cabinet et 24 heures d’acheminement par Chronopost®), il est préalablement congelé à – 20°C. Cependant, la congélation ne convient pas pour la conservation des pasteurelles, dont le diagnostic est souvent demandé conjointement aux mycoplasmes.
Les écouvillonnages sont bien adaptés pour la recherche de mycoplasmes dans le conduit auditif externe chez les petits ruminants, pour la détection de porteurs sains, ou chez les veaux lors d’otites. Les otites à M. bovis, très fréquentes en Amérique du Nord, commencent à être observées en France : quatre foyers sont identifiés à ce jour, selon les données issues de VIGIMYC.
Lors d’arthrite, VIGIMYC rappelle la nécessité de réaliser des prélèvements en phase aiguë car les mycoplasmes disparaissent rapidement dans les articulations atteintes.
De nombreuses espèces mycoplasmiques sont affectées d’une importante variabilité tant génétique qu’antigénique, aussi la caractérisation des mycoplasmes, qu’elle passe par un test PCR ou un test immunoenzymatique, doit impérativement en tenir compte au risque de générer des réactions faussement négatives ou des déterminations erronées. Cette variabilité intraspécifique affecte également la fiabilité du diagnostic sérologique (Elisa) et la mise au point de vaccins efficaces.
Plusieurs mycoplasmoses sont préoccupantes au niveau national chez les ruminants mais à des degrés différents, pertes économiques directes ou menace sanitaire potentielle pour l’élevage, ce qui oblige à maintenir une vigilance polyvalente et adaptative (encadré 2).
→ Lors d’une suspicion, le praticien effectue des prélèvements qui sont ensuite acheminés vers les laboratoires d’analyses vétérinaires (privés, publics, ou vers certaines écoles vétérinaires) réalisant l’isolement des mycoplasmes.
→ Les mycoplasmes isolés sont envoyés à l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), laboratoire de Lyon (ex-Afssa Lyon), pour identification, accompagnés de commémoratifs précis sur le cas et son foyer.
→ Chaque année, un bilan de l’ensemble des données du réseau est publié. Le réseau VIGIMYC est animé et coordonné par l’Anses, laboratoire de Lyon. Son comité de pilotage se compose de représentants de l’Anses, de l’Association des directeurs de laboratoires vétérinaires d’analyses (Adilva), de la Direction générale de l’alimentation (DGAl), de vétérinaires praticiens (Société nationale des groupements techniques vétérinaires, SNGTV), d’éleveurs (Fédération nationale des groupements de défense sanitaire, FNGDS) et de chercheurs de l’Institut pour la recherche agronomique (Inra).
(1)VIGIMYC pour VIGIlance des MYCoplasmoses.
Chez les ruminants, il existe plusieurs espèces de mycoplasmes pathogènes. Certaines sont très répandues sur le territoire comme M. bovis (bovins), M. mycoides subsp. capri (petits ruminants). D’autres présentent soit un risque de réémergence, comme la péripneumonie contagieuse bovine (PPCB),maladie à déclaration obligatoire (MDO inscrite sur la liste de l’Office international des épizooties [OIE]), présente sur le territoire depuis 20 ans, soit un risque d’introduction, comme la pleuropneumonie contagieuse caprine (MDO inscrite sur la liste de l’OIE) et M. leachii(épizootie de pneumonie-arthrite-mammite chez les bovins) [6].
L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail de Lyon met en œuvre des techniques permettant l’identification de l’ensemble des mycoplasmes pathogènes majeurs potentiellement présents chez les ruminants. Cette méthodologie permet d’assurer une réelle veille épidémiologique au travers du diagnostic, contrairement à ce qui est proposé désormais par certains laboratoires qui ne recherchent qu’une seule espèce d’intérêt économique immédiat en l’occurrence M. bovis chez les bovins ou M. agalactiæ chez les petits ruminants.
Chez les mycoplasmes, la spécificité d’hôte n’est pas aussi restrictive que ce que l’on pensait encore récemment ; certaines espèces animales peuvent servir occasionnellement de réservoir à des mycoplasmes pathogènes d’espèces hétérologues. C’est le cas de M. mycoides subsp. mycoides Small Colony (agent de la PPCB) isolé chez des petits ruminants ou de M. canis (mycoplasme génital du chien) isolé chez des veaux. Il est donc important de suivre simultanément la population de petits ruminants et de bovins, mais également de surveiller l’émergence de toute nouvelle espèce, voir de nouveaux variants, en raison d’une évolution génétique très rapide dans cette classe de bactéries.
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