Pancytopénie néonatale bovine : description d’une nouvelle maladie - Le Point Vétérinaire expert rural n° 308 du 01/09/2010
Le Point Vétérinaire expert rural n° 308 du 01/09/2010

MALADIES ÉMERGENTES DU VEAU

Étude clinique

Auteur(s) : François Schelcher*, Cyrielle Franchi**, Fabien Corbière***, Gilles Foucras****, Caroline Lacroux*****, Renaud Maillard******, Gilles Meyer*******, Catherine Trumel********, Marc Éloit*********

Fonctions :
*Université de Toulouse, ENV de Toulouse
23, Chemin des Capelles, 31076 Toulouse
**Université de Toulouse, ENV de Toulouse
23, Chemin des Capelles, 31076 Toulouse
***Université de Toulouse, ENV de Toulouse
23, Chemin des Capelles, 31076 Toulouse
****Université de Toulouse, ENV de Toulouse
23, Chemin des Capelles, 31076 Toulouse
*****Université de Toulouse, ENV de Toulouse
23, Chemin des Capelles, 31076 Toulouse
******Université de Toulouse, ENV de Toulouse
23, Chemin des Capelles, 31076 Toulouse
*******Université de Toulouse, ENV de Toulouse
23, Chemin des Capelles, 31076 Toulouse
********Université de Toulouse, ENV de Toulouse
23, Chemin des Capelles, 31076 Toulouse
*********Institut Pasteur, ENV d’Alfort
7, av. du Général-de-Gaulle,
94704 Maisons-Alfort Cedex

Une relation semble exister entre ce syndrome hémorragique du nouveau-né et certaines vaccinations de la mère, sans être établie formellement.

Les syndromes hémorragiques sont caractérisés par une réduction des mécanismes de la coagulation, s’exprimant par des saignements spontanés sur les muqueuses (pétéchies, suffusions), dans les sécrétions et excrétions (fèces, jetage, urine), ou provoqués lors d’injection ou de traumatisme cutané. Ces troubles de l’hémostase sont classés, selon leur origine, comme vasculaires, plaquettaires ou plasmatiques (protéines de la coagulation).

Depuis 2006, un nouveau syndrome qualifié de “pancytopénie néonatale bovine” ou syndrome hémorragique du veau nouveau-né ou syndrome de diathèse hémorragique est apparu dans différents pays européens [1, 4, 7, 11]. Ses caractéristiques sont définies sur le plan épidémioclinique (tableau 1). Toutefois, la (ou les) cause(s) demeure(nt) inconnue(s) (encadré).

L’objet de cette communication est de décrire une série de cas de syndrome hémorragique observés chez des veaux âgés de 2 à 3 semaines, de 2007 à 2010 en France, et de faire le point sur les hypothèses causales.

MATÉRIEL ET MÉTHODE D’ÉTUDE

La description concerne 99 veaux qualifiés de suspects au moment de leur inclusion dans la base de données, entre le 1er janvier 2007 et le 15 juin 2010. Les cas incomplètement renseignés (données manquantes) sont au nombre de 6 à la date de la rédaction de l’étude.

Les données analysées ont été recueillies à partir :

– de veaux vivants ou morts référés à l’École nationale vétérinaire de Toulouse (ENVT) ;

– de cas spontanément rapportés par les vétérinaires praticiens.

Pour chaque cas suspect, un questionnaire a été adressé au vétérinaire référent. Ce formulaire recherchait des informations sur le troupeau, la conduite d’élevage, le veau malade, sa mère et son père.

Afin de mieux préciser la population d’étude, trois groupes ont été définis :

– les cas probables (n = 47). Les critères d’inclusion sont, d’une part, des hémorragies sur au moins trois organes ou sites de l’animal vivant et/ou mort, et, d’autre part, soit en hématologie, une leucopénie (< 3 000 x 106 leucocytes/l) avec une thrombopénie (< 80 000 plaquettes x 106/l), soit à l’examen cytologique de la moelle osseuse (myélogramme ou histopathologie), une pancytopénie (aplasie médullaire) ;

– les cas possibles (n = 37), répondant à un seul des critères d’inclusion ci-dessus (clinique ou cytologique) ;

– les cas improbables (n = 9), lors d’incohérence entre les données cliniques et cytologiques.

CARACTÉRISTIQUES ÉPIDÉMIOCLINIQUES

Le nombre de veaux faisant partie des cas probables ou possibles est différent selon le degré d’exhaustivité de la base de données pour chaque critère étudié. Il est donc indiqué entre parenthèses.

1. Animaux atteints

Cette partie de l’étude concerne les cas probables ou possibles observés (n = 84).

Les races sont très diverses en raison de la diversité des bassins de production d’où proviennent les veaux. Des cas ont été observés dans la plupart des races majeures, allaitantes (charolaise, blonde d’Aquitaine, limousine) ou laitières (prim’holstein et montbéliarde), ainsi que chez des veaux issus de croisements (figure 1). Ces résultats corroborent les observations réalisées en Belgique et en Allemagne [4, 6, 7].

Les veaux sont de sexe femelle dans 53 % des cas.

L’âge médian au début des symptômes est de 13 jours, avec des extrêmes à 2 et 21 jours (figure 2).

Ces résultats sont cohérents avec les données publiées [4, 6, 7]. Par exemple, en Belgique, sur une série de 22 veaux hospitalisés à Gand, l’âge moyen était de 16 jours à l’admission (extrêmes de 7 et 27 jours) et, sur 25 nouveau-nés autopsiés, il était de 13 jours (extrêmes de 7 et 21 jours) [7].

2. Répartition dans l’espace

En France, les cas suspects ont été observés dans de nombreux départements (figure 3). Ces données sont à interpréter avec précaution en raison du caractère déclaratif spontané des cas suspects, et de la fréquente méconnaissance du syndrome par les éleveurs et les vétérinaires. Toutefois, et avec ces réserves, aucun foyer géographique ne semble déterminé. Les données sur la race et la situation géographique suggèrent que de nombreux systèmes d’élevage ont été touchés.

Ces résultats sont cohérents avec les observations publiées en provenance d’autres pays européens [6, 7]. En Europe, des cas similaires de syndrome hémorragique ont été notés dans divers pays à partir de 2006, notamment au Royaume-Uni, en Allemagne, en Belgique, en Italie et en Irlande (figure 4 complémentaire sur www.WK-Vet.fr) [4-10].

3. Évolution dans le temps

Les 99 cas suspects de notre observation ont été rapportés entre 2007 et 2010. Un calcul de l’incidence annuelle ne paraît pas pertinent en raison des biais liés aux caractéristiques de la déclaration des cas et à la nouveauté du syndrome.

Aucune saisonnalité précise n’est mise en évidence pour la survenue des cas suspects, sans doute du fait de la diversité des systèmes d’élevage.

À l’échelle des cheptels atteints, le nombre de cas cliniques probables ou possibles cumulé sur 3 ans est de 1 à 10 (figure 5).

Les troupeaux avec un seul cas clinique sont majoritaires (63 % ; 27/43), avec une population médiane de 70 vaches adultes par cheptel (extrêmes de 25 et 170 animaux). Lors de cas multiples, la médiane est de 75 vaches adultes (extrêmes de 14 et 230 individus). Par comparaison, dans les Flandres belges, les cas uniques cumulés sur 4 ans ont été recensés dans un tiers des élevages (10/30) avec une population moyenne de 69,9 vaches (extrêmes de 26 et 160 bovins) de plus de 2 ans. La prévalence des cheptels atteints, quelle que soit l’incidence annuelle sur les 4 années d’observation, été de 0,14% (30/21 028) [7].

Lors de l’apparition de plusieurs cas cliniques probables ou possibles dans une même exploitation (16/43 troupeaux), ces derniers ont été observés sur une même campagne ou sur des campagnes différentes, successives ou non.

Des cas subcliniques ont été suspectés sur des critères hématologiques [7, 11].

4. Symptômes et traitements

Les principaux symptômes observés pour 82 des cas probables ou possibles sont, par ordre de fréquence décroissante : des pétéchies/suffusions sur les muqueuses, une sudation de sang (hémathidrose), une hyperthermie supérieure à 39,8 °C, une augmentation du temps de saignement (lors d’injection ou de la mise en place de la boucle auriculaire d’identification par exemple), une pâleur des muqueuses, du sang dans les fèces et une polypnée (figure 6 et photos 123 à 4). L’hématurie (sang dans l’urine) ou l’épistaxis (sang dans le jetage) sont rares sur les cas rapportés. Chez certains veaux, des symptômes associés au syndrome hémorragique sont présents, comme des troubles respiratoires ou une omphalite.

Au début de l’évolution clinique, le veau est debout. Son comportement et sa vigilance ne sont pas ou peu altérés. En fin d’évolution, les veaux sont léthargiques, incapables de se lever seuls, souvent en décubitus latéral complet et permanent et en hypo- ou en normothermie.

La durée d’évolution individuelle à partir des premiers symptômes est brève (de quelques heures à 72 heures). Certains cas ont pu être assimilés à des morts subites.

Dans 94 % des 84 cas probables ou possibles, le stade ultime a été la mort naturelle ou l’euthanasie in extremis. Une survie à 30 jours après les premiers symptômes a été observée chez 5 des 84 veaux (soit 6 %).

Dans l’état actuel des données, aucun des traitements qui ont été tentés (transfusion d’une vache autre que la mère, antibiothérapie à large spectre, corticothérapie) n’a paru modifier significativement l’évolution.

Des résultats proches ont été rapportés récemment, notamment sur la nature des symptômes, le taux de survie (9 %) et l’efficacité des tentatives thérapeutiques [4, 6, 7].

5. Lésions

Des lésions macroscopiques de nature hémorragique sont observées sur la plupart des organes de la cavité thoracique et abdominale, sous forme de pétéchies, de suffusions, parfois de larges plages hémorragiques (photos 5, 6a et 6b).

Les organes lymphoïdes (thymus, rate, nœuds lymphatiques) ne sont pas modifiés macroscopiquement, hormis les lésions hémorragiques.

Ponctuellement, des lésions inflammatoires sont détectées (bronchopneumonie, entérite fibrino-nécrotique, omphalite, par exemple).

La moelle osseuse hématopoïétique apparaît décolorée par rapport à des témoins, avec toutefois une difficulté pour objectiver le phénomène (photo 7).

HYPOTHÈSES CAUSALES

La recherche des causes ou des mécanismes à l’origine du syndrome de pancytopénie néonatale bovine repose sur l’identification des agents pathogènes connus ou suspectés. De plus, l’exploration de l’hémostase plasmatique, cellulaire, et des lésions microscopiques tissulaires constitue un ensemble à forte valeur d’orientation diagnostique, qui a débouché sur des essais de reproduction expérimentale et sur la mise en perspective de certains facteurs d’élevage.

Les hypothèses formulées se sont inspirées des connaissances disponibles spécifiquement en pathologie bovine et, plus largement, issues de la pathologie comparée.

1. Recherches microbiologiques

Recherches classiques

Les causes infectieuses connues ou possiblement impliquées dans le syndrome hémorragique ont été explorées par la recherche de Pestivirus (virus BVD), d’Orbivirus, notamment le virus de la blue tongue (BTV), et de Circovirus.

La recherche du virus BVD (n = 44 cas suspects) a été réalisée à partir de sang prélevé sur EDTA ou de tissus (rate) sur des animaux morts, par des techniques quantitatives d’amplification génique (quantitative polymerase chain reaction ou qt PCR, trousse LSI). Un résultat négatif a été obtenu sur 43 spécimens. Un résultat positif a été observé chez un animal, mais les critères hématologiques (leucocytose) ont conduit à classer ce cas suspect comme improbable.

Afin de pallier un éventuel manque de sensibilité lié à des mutations virales, fréquentes chez les Pestivirus, d’autres techniques de détection du virus BVD ont été utilisées en parallèle. Les examens d’isolement sur cellules bovine turbinate, Madin-Darby bovine kidney (n = 3 veaux), et de détection de protéine virale par Elisa capture (Synbiotics ou Idexx) (n = 10 cas) ont été négatifs. Des résultats similaires ont été obtenus notamment dans les Flandres belges [7].

La recherche d’anticorps dirigés contre le BVD (Elisa compétition NS3 Synbiotics) a été mise en œuvre à partir de 27 cas suspects. Le résultat était négatif dans 2 cas, classés comme improbables. Il a été positif dans 25 cas, classés comme probables ou possibles. Ces anticorps contre le virus BVD sont vraisemblablement d’origine colostrale et doivent être mis en relation avec la vaccination des vaches.

La recherche du BTV (n = 24), à partir de sang prélevé sur EDTA ou de tissus (rate), par qt PCR (LSI), s’est révélée négative.

Des résultats semblables ont été obtenus et étendus à l’Orbivirus de la maladie hémorragique épizootique du cerf (EHDV) dans les Flandres belges [7].

En Allemacgne et au Royaume-Uni, les Circovirus ont été spécifiquement recherchés, sur des hypothèses de pathologie comparée (maladie du dépérissement du porc et anémie infectieuse du poulet). Des techniques d’amplification génique (PCR) spécifiques du Circovirus porcin de type 2 (PCV2) ont été positives pour 5 des 25 cas cliniques et l’un des 8 témoins testés en Allemagne [6]. Au Royaume-Uni, tous les animaux qui ont subi cet examen (21 en PCR pancircovirus, 12 en PCR PCV2 et 16 moelles osseuses en immunohistochimie PCV2) ont présenté des résultats négatifs [12].

Autres méthodes de recherche

Afin de mettre en évidence des agents pathogènes inconnus, ou connus mais ayant subi des mutations les rendant indétectables par les méthodes classiques “fermées” décrites ci-dessus (amplification génique, détection d’antigènes), des recherches par des techniques “ouvertes” ont été également entreprises.

Sur les plans bactériologique et mycologique, les résultats ont été non significatifs ou ont permis de mettre en évidence des agents pathogènes spécifiques (Mannheimia hæmolytica, Arcanobacterium pyogenes, Aspergillus, etc.) associés à des lésions inflammatoires, mais très probablement sans rôle causal. Leur développement a été considéré comme consécutif à la leucopénie et à l’aplasie médullaire (immunodépression).

Sur le plan virologique, tous les résultats des diverses approches mises en œuvre ont été négatifs :

– inoculation d’extraits tissulaires (n = 2 veaux) filtrés à 0,2 µm à des veaux privés de colostrum (n = 3) (ENVT) ;

– séquençage à haut débit (projet Pathodisc) (n = 2 veaux) (Institut Pasteur) ;

– utilisation de puces microarray avec 1 200 espèces virales (n = 7 cas) [12] ;

– recherche de particules virales par microscopie électronique après culture (12 cas) [12] ;

– divers essais de coculture [7, 12].

2. Hémostase, lignées cellulaires sanguines et lésions tissulaires microscopiques

Exploration de l’hémostase

L’exploration de l’hémostase plasmatique (temps de prothrombine, temps de thromboplastine activée, fibrinogène, activité de l’antithrombine III, produits de dégradation de la fibrine) sur 16 cas n’a pas permis de détecter des anomalies marquées et constantes.

Ces résultats, cohérents avec des données similaires obtenues dans les Flandres belges, suggèrent d’exclure des causes toxiques comme les dérivés du dicoumarol (antivitamine K) ou des troubles consécutifs à une coagulation intravasculaire disséminée (CIVD) [7].

Hématologie

L’hématologie sur 51 des cas probables ou possibles est caractérisée par :

– une leucopénie sévère ;

– une thrombopénie sévère ;

– une anémie sévère mais inconstante (tableau 2).

Il convient de souligner que, en phase précoce, la teneur en hémoglobine et le dénombrement des globules rouges peuvent être normaux. L’anémie n’apparaît que dans la phase tardive, si l’évolution est assez longue.

Ces résultats hématologiques suggèrent une aplasie ou une hypoplasie médullaire.

Histopathologie

Sur le plan histopathologique (n = 39), les lésions vasculaires, notamment endothéliales, paraissent absentes, ce qui exclut cette origine pour les troubles hémorragiques.

Dans la rate, les nœuds lymphatiques, une hypoplasie des compartiments lymphocytaires B et T a été observée [7].

Après une biopsie (n = 10) ou un examen histopathologique de la moelle osseuse, une hypoplasie ou une aplasie médullaire, avec une déplétion sévère à totale des cellules souches des trois lignées, est mise en évidence, et notamment une réduction sévère ou une disparition des mégacaryocytes. Le tissu hématopoïétique est envahi à des degrés divers par des cellules ayant l’aspect de macrophages, souvent activés.

Génération d’hypothèses

Les résultats hématologiques et cytologiques médullaires sont à rapprocher du temps de production global dans la moelle osseuse et de la durée de vie dans le compartiment vasculaire des cellules sanguines (tableau 3). Ainsi, pour les plaquettes, une durée de production de 4 à 5 jours et une durée de vie intravasculaire de 7 à 9 jours conduisent à un total de 11 à 14 jours, ce qui est très proche de l’âge médian de 13 jours des veaux cliniquement atteints.

Ainsi, les veaux seraient exposés au facteur responsable de l’aplasie médullaire à une période très proche de la naissance, ce qui suggère un rôle majeur du colostrum, sans démonstration formelle.

3. Essais de reproduction expérimentale

En plus des essais d’inoculation d’extraits tissulaires rapportés ci-dessus, d’autres études ont eu lieu, notamment afin d’explorer l’hypothèse immunitaire et le rôle possible du colostrum.

La reproduction expérimentale du syndrome a été possible sur 3 des 6 veaux nourris avec le colostrum de vaches ayant donné naissance antérieurement à des animaux atteints du syndrome hémorragique [3].

Cet essai suggère que certains colostrums, mais pas tous, peuvent, dans certaines conditions, et non de façon systématique, être le “vecteur” du principe conduisant à l’aplasie médullaire. En raison de la richesse du colostrum en effecteurs immunitaires, ces résultats orientent vers un rôle des anticorps et/ou des cellules immunitaires, mais ne permettent pas, en toute rigueur, d’exclure un rôle du colostrum dans l’exposition du veau à des toxiques, voire à des agents pathogènes.

4. Analyse des facteurs d’élevage

Afin d’éclairer d’éventuelles hypothèses toxiques, immunitaires ou génétiques connues, ou de susciter de nouvelles propositions, différents facteurs d’élevage ont été évalués. Le questionnaire a été décliné selon trois axes, les veaux-cas et leurs géniteurs (vache et taureau).

Veaux

Le colostrum de la mère du veau a été consommé dans 91 % de 79 cas probables ou possibles, un mélange de colostrums dans 5,1 % des cas et le colostrum d’une autre vache dans 3,8 % des cas. Le transfert de l’immunité passive n’a pu être évalué.

Aucun colostro-remplaceur n’a été utilisé.

Pour 38 cas probables ou possibles, 59 % des veaux de race laitière ont été nourris avec du lait entier, 33 % avec un aliment d’allaitement et 8 % avec du lait entier et un aliment d’allaitement.

Aucun facteur identique de mise bas (facilité de mise bas) ou de soins (désinfection du nombril, administration de médicaments, etc.) n’a été mis en évidence dans plus de 50 % des cas.

Taureaux

Pour 77 des cas probables ou possibles, le veau est issu d’une monte naturelle (n = 33, en veau allaitant mais aussi laitier) ou d’une insémination artificielle (n = 44).

Huit taureaux sont géniteurs de plusieurs des cas observés.

Vaches

Pour 82 des cas probables ou possibles, la parité des vaches ayant donné naissance à un veau atteint du syndrome hémorragique varie de 1 à 7, avec une médiane à 3.

La descendance de 7 vaches a été touchée sur deux mises bas différentes, mais parfois non successives.

Différents aspects de la conduite d’élevage ont été abordés dans le questionnaire, en se centrant notamment sur la période de gestation du veau-cas.

La composition de la ration sur un plan qualitatif (fourrage, concentrés, aliment minéral et vitaminé) a été demandée pendant la gestation et après la mise bas. Les seuls facteurs communs sur plus de la moitié des cas probables ou possibles sont la consommation d’herbe pâturée et de foin pendant la gestation. En raison de la diversité géographique et saisonnière des cas, il semble peu probable que ces aliments jouent un rôle.

Un seul cas de maladie a été rapporté pendant la gestation d’un des veaux-cas.

L’administration d’aucun médicament antiparasitaire interne ou externe commun à plus de la moitié des mères de cas probables ou possibles n’a été rapportée.

Observations sur les vaccinations

Un vaccin contre les diarrhées néonatales (Trivacton® ou Rotavec®) a été administré avant la mise bas à 33 des 82 mères (soit 40 %) de cas probables ou possibles.

Un vaccin contre le BTV8 (Bovilis BTV8® ou ALSAP 8®) et contre le BTV1 (Zulvac 1®) a été administré dans l’année avant la mise bas, respectivement à 71 et à 67 des 82 mères (soit 87 % et 82 %) de cas probables ou possibles. Parmi les 82 vaches, 11 (soit 13 %) n’étaient vaccinées ni contre le BTV1 ni contre le BTV8.

Un vaccin contre le BVD (Pregsure®) a été administré dans l’année avant la mise bas à 79 des 82 mères (soit 96 %) de cas probables (n = 47) ou possibles (n = 32), respectivement avant la conception (56/79) ou pendant la gestation (53/79). Les 3 cas issus de vaches non vaccinées ont été classés dans le groupe des possibles.

Les observations réalisées sur la série de cas présentés indiquent que la vaccination des mères contre le BTV et contre le BVD a été associée à respectivement 87 % et 96 % des cas du syndrome, mais elle n’a pas été rapportée dans tous les cas considérés comme probables ou possibles. Cette étude à vocation descriptive, fondée sur des observations, ne permet pas de démontrer un lien de causalité, et ce d’autant plus que l’interprétation de l’association observée est limitée par le nombre réduit de cas.

De plus, l’existence d’un facteur causal non explicité dans le questionnaire ne peut être exclue. En particulier, un facteur génétique, partiellement explicatif, ne peut être écarté dans l’état actuel des connaissances.

Conclusion

L’apparition de ce nouveau syndrome constitue un défi passionnant pour la recherche clinique en médecine bovine et pour la pathologie comparée. L’exploration et la validation des différentes hypothèses nécessitent un dialogue étroit entre vétérinaires praticiens, éleveurs et équipes de recherche en physiopathologie et en épidémiologie. La formulation d’hypothèses explicatives requiert, en particulier, un enrichissement des données disponibles par la remontée de cas du syndrome correctement documentés. Les services de pathologie bovine des quatre écoles vétérinaires se sont récemment organisés en réseau pour recenser les cas.

OBJECTIFS

→ Décrire le syndrome de pancytopénie néonatale bovine

→ Évaluer les hypothèses causales

MATÉRIEL ET MÉTHODE

→ 99 cas suspects.

→ Questionnaire adressé au vétérinaire référent

→ Analyse des résultats avec critères d’inclusion pour définir des cas probables, possibles et improbables

CARACTÉRISTIQUES ÉPIDÉMIOCLINIQUES

→ Veaux âgés de moins de 21 jours, 13 jours en moyenne

→ Syndrome hémorragique évoluant vers la mort dans 94 % des cas en 72 heures au maximum

→ Aucun facteur prédisposant observé

HYPOTHÈSES CAUSALES

→ Origine infectieuse non établie

→ Déclenchement de la maladie près de la naissance, évoquant un rôle majeur du colostrum (action immunitaire ?)

→ Suspicion d’une association avec des vaccinations BTV et/ou BVD de la mère

ENCADRÉ

Causes identifiées de syndrome hémorragique, infectieuses et toxiques dans l’espèce bovine

→ Infection par le virus BVD (bovine viral diarrhea)

→ Certaines septicémies bactériennes, endotoxémies

→ Intoxication par la fougère

→ Intoxication par les nitrofuranes

→ Intoxication par la dichlorovinyl-cystéine (tourteau de soja déshuilé au trichloréthylène)

→ Intoxication par des trichothécènes (mycotoxines)

→ Intoxication par les antivitamines K

REMERCIEMENTS

Aux vétérinaires praticiens et aux éleveurs qui ont contribué largement aux résultats présentés. Nous remercions tout particulièrement pour la qualité et l’enthousiasme de leur contribution les docteurs vétérinaires N. Vogin, C. Rizet, L. Delestre, K. Saget, G. Bouquier, O. Salat, C. Calviac, M. Vabret, B. Loisy, et Vetofocus.

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