Quel est l’arsenal thérapeutique autorisé chez les équidés ? - Le Point Vétérinaire n° 304 du 01/04/2010
Le Point Vétérinaire n° 304 du 01/04/2010

THÉRAPEUTIQUE ÉQUINE

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FOCUS

Auteur(s) : Éric Vandaële

Fonctions : Le Fougerais 44850 Saint-Mars-du-désert

L’arsenal thérapeutique disponible pour les équidés s’apparente à celui des animaux de compagnie (chiens, chats, etc.) lors d’exclusion de la consommation humaine.

Médicaments hospitaliers. Substances essentielles. Limites maximales de résidus. L’arsenal thérapeutique légalement disponible pour les équidés peut paraître complexe… En réalité, il est relativement simple, tout du moins dès lors que l’animal est déclaré comme exclu de la consommation humaine.

L’équidé est-il d’abord un animal de compagnie ou de production bouchère ?

Pour la pharmacie vétérinaire, les équidés sont de prime abord considérés comme des animaux “producteurs de denrées alimentaires”, et non comme des “sportifs” . Ainsi, malgré l’écrasante domination démographique du cheval de sport ou de loisirs sur celui qui est destiné à la boucherie, l’équidé ne naît pas animal de compagnie, mais le devient.

C’est à son propriétaire ou détenteur d’en faire le choix en complétant ou non le formulaire d’exclusion prévu par les Haras nationaux dans le livret d’identification. La décision d’exclure un animal de la boucherie est alors irréversible, même en cas de cession du cheval à un nouveau propriétaire. Selon le Code rural, les viandes issues des chevaux abattus sont saisies si le document d’identification de ces derniers indique qu’ils sont exclus de l’abattage ou si, pour un animal non exclu, les traitements médicamenteux reçus ne sont pas précisés dans le dossier. Ce dernier cas de figure est fréquent, ces feuillets du livret restant souvent vierges de toute inscription.

Toutefois, les chevaux destinés à la boucherie n’ont pas totalement disparu de France ni d’Europe. Environ 76 000 juments de races lourdes sont élevées en vue d’une production bouchère, sur un effectif total estimé à environ 900 000 équidés en France (dont 500 000 en exploitations agricoles). La consommation de viande de cheval a certes été divisée par trois en 20 ans dans l’Hexagone : 300 g par habitant et par an en 2008 contre 1 kg en 1990. Mais les Français consomment néanmoins trois fois plus de viande chevaline que les quantités produites en France, d’où une importation d’animaux vivants ou de leurs carcasses.

Le premier principe est donc de distinguer les équidés exclus de la consommation humaine de ceux qui ne le sont pas.

Quel est l’arsenal thérapeutique autorisé pour les chevaux exclus de la consommation humaine ?

Le cheval est ici considéré comme un animal de compagnie. L’arsenal thérapeutique autorisé est alors, comme pour le chien et le chat, sans limite légale autre que la disponibilité des médicaments.

En particulier, toutes les spécialités humaines, lorsqu’elles sont disponibles en officines, tous les médicaments destinés aux chiens et aux chats, voire les préparations extemporanées, peuvent être administrés à ces équidés dans le cadre de la cascade.

Il n’est alors pas nécessaire de mentionner le délai d’attente de 28 jours avant l’abattage sur l’ordonnance.

Cette liberté de prescription n’autorise pas à importer illégalement un médicament des États-Unis, ni à se procurer sous le manteau des produits hospitaliers. Les règles habituelles de l’approvisionnement des spécialités humaines (en officines dans le cas général) ou vétérinaires (en centrales) s’appliquent, tout comme celles relatives à la prescription préalable à la délivrance.

Ces formalités sont à respecter sans préjudice de celles sur le dopage qui peuvent amener à restreindre l’arsenal thérapeutique ou… à retirer le cheval d’une course ou d’une compétition.

Quel est l’arsenal thérapeutique autorisé pour les chevaux non exclus de l’abattage ?

Le cheval est alors considéré comme un animal de boucherie. Les substances qui n’ont pas de limite maximale de résidus (LMR) fixée dans une espèce (quelle qu’elle soit) sont interdites d’emploi chez ces équidés. L’arsenal thérapeutique autorisé correspond donc à l’ensemble de tous les produits avec LMR (environ 750) qui sont, depuis le 20 janvier 2010, listés dans le tableau n° 1 des substances autorisées du règlement LMR n° 37/2010 (tableau).

A contrario, les substances du tableau n° 2 (spécialités interdites) du règlement LMR et celles qui ne sont pas inscrites au tableau n° 1 sont interdites d’emploi (donc de prescription chez les équidés).

En pratique, tous les médicaments vétérinaires destinés à des productions animales (bovins, porcins, etc.) peuvent être employés hors “AMM” chez les équidés dans le cadre de la cascade (avec un délai d’attente viande de 28 jours), sans vérifier l’inscription des substances actives.

Toutefois, la réglementation européenne a prévu que des substances sans LMR, normalement interdites d’emploi chez les animaux de boucherie, puissent être employées chez les équidés si elles sont “indispensables” (article 10 de la directive n° 2001/82). Celles-ci sont dites “essentielles” au traitement des équidés. Fin 2006, le règlement n° 1950/2006 a publié une première liste de 71 substances actives comprenant de nombreux analgésiques, comme la morphine, le fentanyl, la buprénorphine, etc.

Le temps d’attente est alors de 6 mois. Et le traitement est obligatoirement inscrit dans le livret. À titre d’exemple, la griséofulvine et l’acépromazine n’ont pas de LMR et sont interdites d’emploi en productions animales. Toutefois, elles sont inscrites sur la liste des substances essentielles aux équidés, ce qui permet de les prescrire chez tous les équidés, qu’ils soient ou non exclus de la consommation humaine.

Les médicaments indiqués chez les équidés sont-ils utilisables chez tous ?

Non, pas nécessairement. Un médicament équin peut en effet contenir soit des substances actives avec LMR, soit, en l’absence d’équivalent thérapeutique, des produits sans LMR.

Dans le premier cas, la spécialité peut être prescrite chez tous les équidés. Mais quelques-uns de ces médicaments sont parfois encore étiquetés avec une contre-indication pour les animaux destinés à la boucherie (par exemple en raison de l’absence d’étude permettant de fixer le temps d’attente). Le temps d’attente forfaitaire minimal est alors de 28 jours. Dans le second cas, les spécialités sans LMR sont interdites d’emploi chez les équidés non exclus de la consommation et sont alors étiquetées avec cette contre-indication. Toutefois, si les substances sans LMR sont listées comme “essentielles aux équidés”, ces médicaments équins deviennent autorisés pour tous les équidés avec un temps d’attente de 6 mois. C’est notamment le cas pour l’acépromazine (Calmivet® ou Vétranquil®), la griséofulvine (Dermogine®), la guaïfénésine (Myolaxin®).

Quels sont les médicaments humains hospitaliers accessibles aux vétérinaires équins ?

Les vétérinaires équins ont accès à deux listes différentes de médicaments hospitaliers à usage humain selon que les équidés sont ou non exclus de la consommation humaine.

Dans les deux cas, les médicaments hospitaliers doivent alors être commandés directement auprès des titulaires d’AMM (article R. 5124-44 du Code de la santé publique). Ils sont à administration vétérinaire exclusive et ne peuvent donc pas être cédés au détenteur des équidés (articles R. 5141-122 et R. 5141-122-1 du Code de la santé publique).

Pour tous les équidés, les médicaments hospitaliers qui correspondent aux substances essentielles sont accessibles aux praticiens équins lorsqu’il n’existe pas de médicaments avec une AMM vétérinaire ou de spécialités humaines accessibles en officines sans recourir aux médicaments hospitaliers (article R. 5141-122-1 du Code de la santé publique). Douze molécules sont dans ce cas (encadré complémentaire 1 sur www.WK-Vet.fr).

Si les équidés sont exclus de la consommation humaine, le vétérinaire peut aussi recourir aux 41 médicaments hospitaliers pouvant être administrés aux animaux de compagnie (article R. 5141-122 du Code de la santé publique et arrêté du 29 octobre 2009) (encadrés complémentaires 2 et 3 sur www.WK-Vet.fr).

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