CARDIOLOGIE
Cas clinique
Auteur(s) : Alexis Bertrand*, Nora Bouhsina**, Marion Fusellier-Tesson***
Fonctions :
*Service d’imagerie médicale, CHUV Oniris,
BP 50707, 44307 Nantes Cedex
**Service d’imagerie médicale, CHUV Oniris,
BP 50707, 44307 Nantes Cedex
***Service d’imagerie médicale, CHUV Oniris,
BP 50707, 44307 Nantes Cedex
Un souffle cardiaque chez un chat mérite toujours d’être exploré. C’est obligatoire dès que d’autres signes s’y associent comme une augmentation corrélée d’intensité et de fréquence.
Une chatte européenne stérilisée de 5 ans est présentée pour l’évaluation d’un souffle cardiaque connu depuis 4 ans et jamais exploré car sans signe clinique. L’examen confirme la présence d’un souffle cardiaque systolique sternal dont l’intensité est variable avec la fréquence cardiaque. Lors de tachycardie, même très modérée (180 battements par minute), le souffle est d’intensité élevée, de grade 4/6. Le grade atteint 2-3/6 lorsque l’animal est moins nerveux et que la fréquence diminue. Aucune autre anomalie n’est décelée.
Une échocardiographie est réalisée.
Le mode bidimensionnel (BD) ne montre pas d’anomalie. Le mode temps-mouvement (TM) en coupe transventriculaire révèle une épaisseur de la paroi libre du ventricule gauche en diastole dans les valeurs usuelles supérieures (5,6 mm). En coupe transmitrale, le mode TM met en évidence un déplacement du feuillet septal de la valve mitrale vers le septum interventriculaire en systole (photo 1). Ce mouvement anormal du feuillet septal mitral est aggravé lors des phases de tachycardie, et atténué lorsque la fréquence cardiaque diminue.
L’analyse Doppler montre un reflux mitral de cartographie 2 dirigé postéro-latéralement, dont l’importance augmente lors des phases de tachycardie, et dont la vitesse maximale est de 4,76 m/s (photo 2). Le flux aortique est turbulent et accéléré (jusqu’à 4,38 m/s lors des phases de tachycardie, 1,7 m/s lorsque la fréquence cardiaque est normale), et présente un profil anormal avec une “encoche”, évoquant une obstruction dynamique de la chambre de chasse du ventricule gauche (ODCCG) intervenant en début de systole et gênant l’accélération du flux (photo 3).
Un mouvement systolique antérieur mitral (SAM) intermittent entraînant une ODCCG ainsi qu’un reflux mitral sont diagnostiqués. Le SAM est nettement aggravé par la tachycardie. La très légère hypertrophie de la paroi ventriculaire gauche peut être consécutive à cette anomalie qui entraîne une augmentation intermittente de la postcharge, bien qu’une cardiomyopathie hypertrophique débutante ou une simple variation individuelle ne puisse être entièrement exclue. La valve mitrale n’est pas dysplasique.
Un SAM est un déplacement anormal du feuillet septal de la valve mitrale vers la chambre de chasse du ventricule gauche, lors de la systole. Cela est à l’origine d’une ODCCG qui mime une sténose sous-valvulaire aortique, et d’une insuffisance valvulaire mitrale, avec un flux de régurgitation dirigé vers la partie postéro-latérale de l’atrium gauche. Le souffle cardiaque est le résultat du flux d’éjection aortique accéléré et turbulent, et du reflux mitral. Ce mouvement anormal peut être visible en mode BD ou plus simplement en mode TM en coupe transmitrale.
Une ODCCG isolée est le plus souvent considérée comme une cause non pathologique de souffle cardiaque (cause peu fréquente de souffle innocent [2]). Cependant cette anomalie est également fréquemment observée chez les chats atteints de cardiomyopathie hypertrophique (CMH). Chez un chat asymptomatique, un souffle cardiaque est souvent associé à une ODCCG ou droit, que celle-ci soit ou non associée à une CMH, en particulier lorsque ce souffle est provoqué par la tachycardie [1].
Aucun.