Communication interventriculaire chez une jeune cane corso - Le Point Vétérinaire expert canin n° 384 du 01/04/2018
Le Point Vétérinaire expert canin n° 384 du 01/04/2018

CARDIOLOGIE

Cas clinique

Auteur(s) : Alexis Bertrand*, Nora Bouhsina**, Marion Fusellier-Tesson***

Fonctions :
*Service d’imagerie médicale,
CHUV Oniris, BP50707, 44307 Nantes Cedex 03
alexis.bertrand@oniris-nantes.fr
**Service d’imagerie médicale,
CHUV Oniris, BP50707, 44307 Nantes Cedex 03
nora.bouhsina@oniris-nantes.fr
***Service d’imagerie médicale,
CHUV Oniris, BP50707, 44307 Nantes Cedex 03
marion.fusellier@oniris-nantes.fr

Les communications interventriculaires se manifestent par un souffle cardiaque persistant qu’il convient d’explorer dans de brefs délais afin d’optimiser les chances de correction ou de gestion.

Une chienne cane corso de 9 mois est référée pour l’exploration d’un souffle cardiaque. Une polyuro-polydipsie est rapportée. L’examen général est correct. Une échographie abdominale montre une image anormale des reins évoquant une dysplasie, mais dont le diagnostic exact nécessiterait une biopsie car cette race n’est pas considérée comme à risque. L’examen cardio-vasculaire montre des pouls fémoraux frappés et concordants, ainsi qu’un souffle systolique de grade 3/6, plus audible à droite en région apicale. La fréquence cardiaque est normale, associée à une arythmie sinusale respiratoire.

DIAGNOSTIC

L’échocardiographie révèle un cœur d’aspect général normal et l’examen en mode temps-mouvement montre des parois et cavités de taille et de contractilité normales. Une discrète perte de continuité du septum interventriculaire est visible en région basale, juste en amont de la valvule non coronaire aortique. Le mode Doppler révèle un flux turbulent à travers cette zone, principalement systolique, gauche-droit, dont la vitesse maximale est de 4,62 m/s (photos 1 et 2). À son plus grand diamètre, cette communication interventriculaire (CIV) mesure 4 mm et son trajet légèrement tortueux débouche juste apicalement au feuillet septal de la valve tricuspide. En mode Doppler couleur, le flux très rapide et turbulent est visible en systole, et un flux de vélocité beaucoup plus basse (0,7 m/s) est présent durant la totalité de la diastole (vidéos complémentaires sur lepointveterinaire.fr).

Le reste de l’examen au mode Doppler est sans anomalie, aucune insuffisance valvulaire (en particulier aortique) n’est présente, et les flux artériels ont une vitesse normale (1,47 m/s pour le flux aortique, 1,18 m/s pour le flux pulmonaire). Le rapport des débits pulmonaire et aortique (QP/QS) est de 0,92 (norme : < 1,5 ct si > 2,5 = CIV large) (encadré complémentaire sur lepointveterinaire.fr).

Une CIV restrictive dans le septum membraneux est diagnostiquée.

DISCUSSION

Les CIV peuvent être de différentes formes. Dans 50 % des cas, il s’agit d’une anomalie congénitale isolée. Les races terriers et les bouledogues français semblent prédisposés, et la transmission est héréditaire chez le spitz loup [1]. La présence d’un souffle de grade 3-4/6, plus audible à droite en région sternale, est classiquement rapportée [1, 2].

L’absence d’accélération du flux pulmonaire, de dilatation ventriculaire droite, associée à un rapport QP/QS proche de 1 et à un flux à travers la CIV de 4,62 m/s est en faveur d’un très faible volume de sang shunté, sans surcharge volumique du ventricule droit. La CIV n’a donc pas de conséquence hémodynamique importante dans ce cas, et est donc de bon pronostic. Avec un rapport QP/QS inférieur à 1,5, la CIV est considérée comme restrictive, avec peu de conséquences hémodynamiques, et large lorsque celui-ci est supérieur à 2,5 [1].

Cette anomalie semble globalement de bon pronostic lorsque isolée et sans signes cliniques associés [1]. Une fermeture spontanée de la CIV est possible, fréquemment rapportée chez l’homme (24 % à 18 mois, 75 % à 10 ans), et a déjà été rapportée chez le chien [2]. Une communication de grande taille, ou entraînant une insuffisance aortique est de plus mauvais pronostic [1, 2].

Conflit d’intérêts

Aucun.

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