CAS CLINIQUE
Cas clinique
Auteur(s) : François Serres
Fonctions : Oncovet
Avenue Paul-Langevin
59650 Villeneuve-d’Ascq
Chez le chat, lors d’échographie cardiaque, certaines anomalies congénitales ou acquises peuvent ressembler à une cardiomyopathie hypertrophique.
Une chatte femelle stérilisé maine coon âgée de 2 ans est référée pour un avis complémentaire sur une suspicion de cardiomyopathie hypertrophique (CMH). Lors d’un examen effectué précédemment, une hypertrophie myocardique a été identifiée. Cet examen a été réalisé pour dépister une CMH, car les deux parents ont été testés homozygotes “sauvages” pour la mutation MyPBC3 (mutation génétique identifiée chez le maine coon).
L’animal est très calme à l’examen clinique. L’auscultation montre une fréquence cardiaque normale (160 battements par minute) sans arythmie ni bruit supplémentaire perceptible.
Un examen échocardiographique est réalisé. La coupe temps-mouvements transventriculaire et transmitrale obtenue par voie parasternale droite révèle un ventricule gauche de taille et de morphologie anormales. Le septum interventriculaire (SIV) présente une eìpaisseur “modérément” et focalement augmentée (le muscle deìpassant focalement les 6 mm d’eìpaisseur en diastole), associée à des brides fibreuses le reliant aux piliers ventriculaires gauches (photo 1).
L’examen au mode Doppler pulsé, au mode Doppler tissulaire et au mode X strain du mouvement radial a mis en évidence des vélocités diastoliques et systoliques non perturbeìes (photo 2).
L’hypothèse de la présence de faux tendons congénitaux rattachant les piliers au SIV est avancée. Celle d’une forme de CMH focale ne peut être exclue, mais semble moins probable. Seule l’évolution ultérieure de la morphologie cardiaque va permettre de distinguer ces deux hypothèses. Au cours des examens de suivi réalisés sur plus de 5 ans, la morphologie cardiaque est restée inchangée, en faveur d’une anomalie congénitale bénigne.
Le diagnostic de CMH primitive repose sur un examen échographique, qui permet seulement d’établir une suspicion, en l’absence de biopsie démontrant la présence de modifications histologiques caractéristiques. Certaines anomalies congénitales ou acquises peuvent mimer une CMH. La présence de faux tendons (brides fibreuses reliant les piliers entre eux, les piliers au septum interventriculaire ou deux segments du septum) est couramment décrite chez le chat. Cette anomalie semble notamment fréquente chez le maine coon et le chat des forêts norvégiennes [2]. Ces brides fibreuses sont régulièrement associées à un épaississement musculaire focal, mais elles restent non évolutives chez la quasi-totalité des chats [2]. Un suivi est préconisé. Dans le cas présent, le statut “négatif” pour la mutation connue chez le maine coon ne suffit pas pour exclure une CMH. En effet, des cas de CMH chez des maine coons présentant le génotype sauvage ont été décrits [1].
Aucun.