Adénomégalie inguinale chezunchienimporté - Le Point Vétérinaire expert canin n° 381 du 01/12/2017
Le Point Vétérinaire expert canin n° 381 du 01/12/2017

PARASITOLOGIE CANINE

Cas clinique

Auteur(s) : François Serres

Fonctions : Oncovet
Avenue Paul-Langevin
59650 Villeneuve-d’Ascq

Un chien mâle croisé stérilisé âgé de 3 ans est référé pour l’évaluation d’une adénomégalie inguinale progressant rapidement, associée à une fatigabilité et à une dysorexie.

L’animal a été adopté en Roumanie il y a moins de 3 mois et ses antécédents sont inconnus. Un gonflement dans le creux inguinal droit est apparu brutalement 3 semaines plus tôt et n’a pas répondu à un traitement anti-inflammatoire.

EXAMEN CLINIQUE

À l’examen clinique, les muqueuses de l’animal sont roses. L’auscultation ne révèle aucune anomalie. La palpation abdominale est souple et non douloureuse. Ne sont observés ni selles colorées, ni méléna, ni hématoschézie. Un net gonflement de la région inguinale, légèrement érythémateux en surface, est noté, associé aÌ une adénopathie inguinale marquée, surtout aÌ droite.

DIAGNOSTIC

→ Des ponctions de cette adénopathie identifient essentiellement la présence de cellules inflammatoires, sans cellules anormales en faveur d’une affection tumorale sous-jacente. Plusieurs éléments parasitaires correspondant à des microfilaires sont aussi retrouvés (photo). Un examen tomodensitométrique du thorax et de l’abdomen ne montre aucune lésion viscérale associée, mais met en évidence une adénopathie avec une inflammation diffuse du tissu sous-cutané inguinal. L’échographie cardiaque est normale.

→ Une numération et une formule sanguines révèlent une leucocytose nette, une anémie et une thombopénie modérée. L’examen d’un frottis sanguin ne met en évidence aucune image compatible avec la présence d’hémoparasites (absence d’éléments intraleucocytaires). Il identifie, en revanche, de multiples microfilaires circulantes, qui confirment l’évolution d’une dirofilariose, pouvant correspondre aÌ une dirofilariose cardiaque (à Dirofilaria immitis) ou sous-cutanée.

Un test sérologique rapide (test SNAP 4Dx®, Idexx) est positif pour Erhlichia canis, mais négatif pour Dirofilaria immitis.

TRAITEMENT

→ Le traitement proposé associe l’administration de doxycycline à 10 mg/kg/j, en raison de la séropositivité à Erhlichia canis, et une thérapeutique microfilaricide à base de moxidectine. Un traitement anti-inflammatoire est poursuivi simultanément.

→ Deux types de filaires parasites peuvent être observés en Europe. À côté de Dirofilaria immitis, responsable de la dirofilariose cardiaque, Dirofilaria repens est, quant à elle, associée à la présence de vers adultes en position sous-cutanée, où ils provoquent des dermatoses souvent prurigineuses. Le diagnostic repose sur la visualisation de microfilaires sanguines, associées à une séronégativité à D. immitis. L’observation d’une polyadénomégalie est rapportée dans 10 % des cas [1]. Dans de nombreux cas, une co-infection par d’autres agents infectieux (babésiose, ehrlichiose ou autre maladie vectorielle) est observée, qui participe à la symptomatologie. Le traitement vise avant tout à limiter la propagation du parasite par un traitement oral. L’élimination du parasite adulte n’est pas systématiquement réalisée, celui-ci ayant une durée de vie limitée.

→ L’aire de répartition de Dirofilaria repens s’étend sur le sud de la France et une grande partie de l’Europe, avec une multiplication des cas liés à l’importation des animaux. En Roumanie, une prévalence de 6 % a été rapportée pour D. repens, avec 20 % d’animaux infectés concomitamment par D. immitis et D. repens [2].

Références

  • 1. Tarello W. Clinical aspects of dermatitis associated with Dirofilaria repens in pets: a review of 100 canine and 31 feline cases (1990-2010) and a report of a new clinic case imported from Italy to Dubai. J. Parasitol. Res. 2011: http://dx.doi. org/10.1155/2011/ 578385.
  • 2. Ionica AM et coll. Current surveys on the prevalence and distribution of Dirofilaria spp. and Acanthocheilonema reconditum infections in dogs in Romania. Parasitol. Res. 2015;114(3):975-982.

Conflit d’intérêts

Aucun.