Polyadénomégalie chez un jeune chat

Un chat mâle stérilisé maine coon âgé de 2 ans est référé pour l’exploration d’une polyadénomégalie sans baisse d’entrain, mais avec une légère diminution d’appétit et un amaigrissement. Cette adénomégalie est présente depuis plusieurs semaines, associée à une hyperthermie fluctuante, répondant à un traitement par un anti-inflammatoire non stéroïdien.

DIAGNOSTIC

→ L’examen clinique montre un animal présentant un état général correct. Une polyadénomégalie périphérique marquée est notée, particulièrement sur les nœuds lymphatiques prescapulaires, poplités et mandibulaires.

→ Aucune lésion cutanée ni buccale n’est présente, l’auscultation et la palpation abdominale ne montrent pas d’anomalie.

→ Des ponctions de ces adénomégalies sont réalisées (^photo). Elles identifient une population relativement hétérogéne de plasmocytes et de petits lymphocytes, mélés à une population minoritaire de plus grands lymphocytes, et une population minime de macrophages et de neutrophiles. Cet aspect est avant tout évocateur d’une adénopathie réactionnelle, un lymphome débutant ne pouvant être exclu, mais semblant nettement moins probable.

→ Un examen hématologique est réalisé. Il ne montre pas d’anomalie majeure. La recherche du virus de la leucose féline (FeLV) et du virus de l’immunodéficience féline (FIV) est négative. Le test de la coronavirose sérologique est également négatif, ainsi qu’un examen PCR (polymerase chain reaction) en recherche de bartonellose.

→ La principale cause possible restante est une poly­adénomégalie idiopathique du jeune chat. Une maladie infectieuse occulte (essentiellement affection bactérienne ou fongique systémique, etc.) ou une hémopathie maligne ne peuvent être exclues sans réaliser une biopsie excisionnelle pour analyse d’un nœud lymphatique, mais apparaissent nettement moins probables.

DISCUSSION

→ L’observation d’une polyadénomégalie chez un jeune chat doit motiver la réalisation d’examen complémentaire. Une ponction est à envisager en première intention pour un examen cytologique. Celle-ci permet le plus souvent de distinguer les affections néoplasiques (les lymphomes multicentriques, s’ils sont plus rares chez le chat que chez le chien, peuvent être observés chez des animaux jeunes) des affections bénignes (vasculaires ou inflammatoires/infectieuses). Parmi les affections bénignes, les hyperplasies lymphoïdes sont le plus souvent mises en évidence chez de jeunes chats, et peuvent être associés à divers agents infectieux (notamment FeLV, FIV, bartonellose ou lors de certaines formes de péritonite infectieuse féline sèche). Régulièrement, ces examens sont négatifs, l’hyperplasie est alors dite idiopathique. Il s’agit d’une affection ne présentant pas de risque d’évolution défavorable, une régression progressive des adénopathies est le plus souvent constatée en quelques semaines. En cas de dysorexie, d’hyperthermie marquée, la mise en place d’un traitement corticoi de peut être ponctuellement recommandée.

→ Ces hyperplasies correspondent probablement à une activation exagérée d’un système immunitaire en cours de “maturation”. Des hyperplasies similaires sont également observées chez des animaux plus âgées, et ont notamment été notées lors d’hyperthyroidie [³].

→ Enfin, des lésions vasculaires bénignes et idiopathiques à l’origine d’hyperplasies majeures des nœuds lymphatiques cervicaux sont rapportées, avec un aspect clinique impressionnant mais un pronostic souvent favorable [²].

Références

• 1. Moore FM et coll. Distinctive peripheral lymph node hyperplasia of young cats. Vet. Pathol. 1986;23:386-391.
• 2. Roof-Wages et coll. Histology and clinical outcome of benign and malignant vascular lésion primary to féline cervical lymph nodes. Vet. Pathol. 2015;52 (2) :331-337.
• 3. Snead et coll. Cutaneous lymphoid hyperplasie mimicking cutaneous lymphoma in a hyperthyroid cat. Can. Vet. J. 2013;54 (10):974-978.