Intérêt de l’association sulfamides-triméthoprime chez le lapin - Le Point Vétérinaire n° 380 du 01/11/2017
Le Point Vétérinaire n° 380 du 01/11/2017

ANTIBIOTHÉRAPIE CHEZ LE LAPIN

Thérapeutique

Auteur(s) : Pierre Chappe*, Yassine Mallem**

Fonctions :
*Clinique vétérinaire réservée aux NAC
17, impasse Teynier,
31100 Toulouse
pierre.chappe@clinique-nac.com

Les triméthoprime-sulfamides sont une association d’antibiotiques de choix en première intention chez le lapin en raison de leur facilité d’administration, de leur large spectre d’action, de leur faible risque de dysbiose secondaire, et de leur biodisponibilité élevée.

Le triméthoprime (TMP) associé aux sulfamides est une combinaison antibiotique bactéricide douée d’un large spectre d’action. Plusieurs spécialités vétérinaires chez le lapin disposent d’une autorisation de mise sur le marché (AMM) en solution buvable contenant soit de la sulfadiazine, soit de la sulfadiméthoxine, associée au TMP.

Usage possible curatif et en préventif

Toute infection avec un germe sensible aux TMP-sulfamides constitue une indication à leur utilisation. Néanmoins, la présence de tissu nécrotique ou de pus diminue l’efficacité d’action des sulfamides. En cas d’infection purulente établie, l’utilisation des TMP-sulfamides n’est donc pas judicieuse et peut conduire à un échec thérapeutique.

Leurs indications principales dans l’espèce cunicole concernent le traitement des infections respiratoires et urinaires. Pasteurella multocida et Bordetella bronchiseptica sont les deux principales bactéries isolées lors d’atteintes respiratoires (photo) [2]. L’utilisation de ce traitement en première intention est un bon choix avant la réalisation d’un antibiogramme (76 % de bactéries sensibles sur 148 bactéries isolées lors de rhinites) [1].

Les TMP-sulfamides sont aussi un très bon choix en cas d’infection urinaire, en raison de leur importante élimination par voie rénale. Chez le lapin, leur efficacité a été démontrée lors de pyélonéphrite impliquant les bactéries P. multocida et Staphylococcus spp. [2].

Les sulfamides ont une bonne diffusion dans l’ensemble des tissus de l’organisme, notamment ceux richement vascularisés. Le passage des (TMP)-sulfamides à travers la barrière hémato-méningée et sa bonne diffusion dans le liquide cérébrospinal chez le lapin leur confèrent un intérêt majeur dans le traitement d’otites internes à l’origine d’encéphalite [3].

L’efficacité de l’association TMP-sulfamides contre les bactéries Staphylococcus spp. et E. coli et sa très bonne biodisponibilité en font une excellente option pour une antibioprophylaxie préopératoire [4]. Les chirurgies propres de plus de 90 minutes ou les chirurgies propres-contaminées sont donc éligibles à cette antibioprévention.

Efficacité démontrée avec un risque toxique faible

L’effet bénéfique de l’association TMP-sulfamides est démontré par des études expérimentales et cliniques. Il est lié à l’aptitude des deux antibiotiques à inhiber de manière synergique la synthèse de l’acide folique par les bactéries. La dose recommandée est de 40 mg/kg per os toutes les 12 heures [2]. Les injections sous-cutanées sont possibles mais une nécrose tissulaire peut survenir en raison du pH alcalin des solutions injectables. La résorption par voie orale est rapide et importante et le risque de dysbiose (donc de diarrhée) est faible chez le lapin [4].

Les dérivés issus de la biotransformation hépatique peuvent précipiter dans les urines acides et conduire à une néphrite grave. Cependant, les lapins excrètent des urines habituellement alcalines et ce risque est donc faible [4]. Néanmoins un lapin cachectique ou anorexique peut excréter des urines plus acides [2]. Il convient donc de toujours s’assurer du bon état d’hydratation de l’animal lors du choix thérapeutique.

Conclusion

Les TMP-sulfamides ont prouvé leur efficacité chez le lapin en première intention. Les sulfamides seuls ont aussi des propriétés contre les toxoplasmes et les coccidies, qui peuvent être exploitées pour le traitement de la toxoplasmose et surtout de la coccidiose d’importance majeure dans l’espèce cunicole.

Références

  • 1. Le Loc’h A. Laboratoire LaboNac, Toulouse. 2016:Données non publiées.
  • 2. Meredith A, Lord B. BSAVA Manual of rabbit medicine. Wiley, Gloucester. 2014:328p.
  • 3. Mylotte JM, Bates TR, Sergeant KA et coll. Trimethoprim-sulfamethoxazole therapy of experimental Escherichia coli meningitis in rabbits. Antimicrob. Agents Chemother. 1981:81-87.
  • 4. Varga M. Textbook of rabbit medicine. 2nd Ed. Elsevier, Edinburgh. 2014:494p.

Conflit d’intérêts

Aucun.

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