Régurgitations postopératoires chez une chienne

Une chienne croisée labrador âgée de 9 ans est présentée pour une évaluation thérapeutique à la suite de l’observation de régurgitations évoluant depuis 1 mois, apparues peu après une anesthésie générale réalisée pour le traitement d’un pyomètre.

DIAGNOSTIC

L’examen clinique montre un animal présentant un net amaigrissement avec un état général conservé, sans déshydratation interstitielle nette (pli de peau non persistant, muqueuses humides). Des régurgitations fréquentes de liquide visqueux (identifié comme de la salive) sont observées, associées à la régurgitation systématique de l’alimentation solide. L’auscultation ne montre pas d’anomalie, la palpation abdominale est souple.

L’examen clinique et l’historique sont en faveur de la présence d’une lésion de sténose œsophagienne, probablement secondaire à une œsophagite (considérant le contexte, une œsophagite due aux reflux gastro-duodénaux peropératoires est l’hypothése la plus probable).

Un examen radiographique thoracique est réalisé en bilan d’extension et ne montre pas d’image anormale.

Une exploration par voie endoscopique révèle une grande quantité de mousse, associée à une lésion sténotique circulaire, située juste en arrière du sphincter œsophagien proximal (^{photo 1}).

Cette lésion est progressivement effacée par la réalisation de dilatations au ballonnet sous contrôle endoscopique. Après dilatation, la persistance d’une irritation modérée est remarquée, associée à une hémorragie minime de la muqueuse (^{photo 2}).

Un traitement antibiotique (amoxicilline), un pansement gastrique (Ulcar®) et un anti-inflammatoire (prednisolone) sont administrés afin de limiter le risque d’infection ou de sténose cicatricielle.

Une alimentation fractionnée humide mixée est préconisée durant les 15 jours qui suivent.

DISCUSSION

La survenue de régurgitations dans les jours ou les semaines qui suivent une anesthésie générale doit faire suspecter une sténose œsophagienne. Ces sténoses sont le plus souvent la conséquence de reflux gastro-œsophagiens survenant pendant l’anesthésie. Dans plus de la moitié des cas, ces reflux n’ont pas été cliniquement observés durant l’anesthésie, et le délai avant de diagnostiquer la sténose œsophagienne peut dépasser 2 mois [²]. Ce type de lésions peut être observé chez le chien et le chat, chez lesquels des sténoses œsphagiennes sont également observées à la suite de l’administration de doxycycline [¹]. Des complications de broncho-pneumonie par aspiration apparaissent dans un tiers des cas et justifient la réalisation d’un examen radiographique thoracique [²]. Le traitement repose sur une dilatation de cette sténose, qui peut notamment être réalisée à l’aide de ballonnets sous contrôle endoscopique. L’état de plus de la moitié des animaux est nettement amélioré après un traitement par dilatation, mais il est souvent nécessaire de réaliser trois ou quatre séances avant d’observer un résultat satisfaisant [¹, ²].

Références

• 1. Bissett SA, Davis J, Subler K, Degernes LA. Risk factors and outcome of bougienage for treatment of benign esophageal strictures in dogs and cats: 28 cases (1995-2004). J. Am. Vet. Med. Assoc. 2009;235 (7):844-850.
• 2. Wilson DV, Walshaw R. Postanesthetic esophageal dysfunction in 13 dogs. J. Am. Anim. Hosp. Assoc. 2004;40 (6):455-460.