Bradycardie et syncope chez un chien - Le Point Vétérinaire expert canin n° 378 du 01/09/2017
Le Point Vétérinaire expert canin n° 378 du 01/09/2017

CARDIOLOGIE

Cas clinique

Auteur(s) : François Serres

Fonctions : Oncovet
Avenue Paul-Langevin
59650 Villeneuve-d’Ascq

La maladie du sinus est caractérisée par l’association de périodes de blocs sinusaux et de pauses sinusales prolongées sur un tracé échocardiographique.

Une chienne west highland white terrier non stérilisée et âgée de 13 ans est présentée pour l’exploration d’une grande faiblesse observée depuis 72 heures, avec plusieurs épisodes de syncope. Une anomalie de l’auscultation a été détectée par le vétérinaire traitant. Aucun antécédent d’affection cardio-vasculaire n’est rapporté.

DIAGNOSTIC

À l’examen clinique, l’état général de l’animal est correct, sans évolution récente du poids. L’examen respiratoire ne révèle pas d’anomalie du rythme (fréquence respiratoire = 20 mouvements/min) et l’auscultation pulmonaire est normale. Une arythmie nette est mise en évidence à l’auscultation cardiaque : la fréquence cardiaque oscille entre des phases de bradycardie à 30 à 40 battements par minute (bpm), intercalées de nombreuses pauses de plusieurs secondes, et des phases de rythme normal.

Un examen électrocardiographique (ECG) est décidé dans un premier temps afin d’explorer la bradycardie. Il confirme l’alternance de phases d’échappement complet, avec des ventriculogrammes fins, non sinusaux, issus d’une onde P inverse e (échappement jonctionnel), et de phases sinusales avec de nombreuses pauses sinusales de plusieurs secondes. Ce trace est caractéristique d’une maladie du sinus. Un examen échocardiographique ne montre pas de lésion cardiaque ni de dilatation cavitaire secondaire à la bradycardie.

Un test sérologique incluant la borreliose et une mesure des troponines sont demandés, dont les résultats sont négatifs, rendant peu probables une cause sous-jacente infectieuse et/ou une myocardite.

Un examen Holter est réalisé. Il a duré 24 heures, pendant lesquelles l’animal est retourné au domicile de son propriétaire, un dispositif d’enregistrement continu ayant e te mis en place. Un accident de type syncope a été observé au cours de l’examen. La présence de pauses sinusales très fréquentes est notée, avec au total plus de 6 000 pauses de plus de 2 secondes sur 24 heures (photo). La plus longue des pauses a duré de 14 secondes et est associée à l’accident de syncope. Aucune extrasystole ventriculaire ou supraventriculaire n’a été observée sur l’ensemble du tracé. La fréquence cardiaque maximale de 150 bpm ne peut pas, en théorie, être à l’origine des troubles observés.

Un traitement médical est préconisé dans un premier temps (emploi d’un inhibiteur des phosphodieste rases de type III, le pimobendane, pour son effet chronotrope positif, a la dose de 0,3 mg/kg toutes les 12 heures). En complément, la pose d’un pacemaker est proposée.

DISCUSSION

Malgré son nom, la maladie du sinus peut impliquer une grande partie du tissu de conduction cardiaque, allant du nœud sinusal au nœud atrioventriculaire, et comportant aussi des troubles du tissu automatique supraventriculaire et ventriculaire [1]. L’origine exacte de cette arythmie reste inconnue. Une prédisposition du schnauzer nain (particulièrement femelle), mais aussi du west highland white terrier, comme dans le cas décrit, et du cocker spaniel est rapportée [1, 2]. L’affection atteint préférentiellement des animaux adultes ou vieillissants, et se caractérise, sur le plan histologique, par une fibrose du tissu de conduction associée à une artérite de la microvascularisation coronaire [2].

L’examen ECG se caractérise par l’association de périodes de blocs sinusaux et de pauses sinusales prolongées, comme dans le cas rapporté. Ces dernières se concluent par des échappements, prenant parfois l’aspect de tachycardies supraventriculaires ou ventriculaires. Les symptômes (faiblesse, syncope ou manifestations congestives) peuvent découler des pauses sinusales ou de ces épisodes de tachycardie. Il est donc recommandé d’identifier (par un examen ECG ou un enregistrement Holter) à quel type d’arythmie sont dus ces symptômes.

Références

1. Kittleson MD, Kienle RD. Diagnosis and treatment of arrhythmias (Dysrhythmias). In: Small animal cardiovascular medicine. Ed. Mosby, St Louis. 1998:449-494.2. Moneva-Jordan A, Corcoran BM, French A et coll. Sick sinus syndrome in nine west highland white terriers. Vet. Rec. 2001;148:142-147.

Conflit d’intérêts

Aucun.

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