NAC
Quel est votre diagnostic ?
Auteur(s) : Alexis Bertrand*, Caroline Bouliez**, Lauriane Devaux***
Fonctions :
*Service d’imagerie médicale,
CHUV Oniris, site de la Chantrerie,
BP 50707, 44307 Nantes Cedex 03
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Un octodon (Octodon degus) mâle entier de 6 ans présente un port de tête penché, évoluant depuis une journée, associé à une démarche en cercle, à des crises de tournis et à une anorexie.
L’animal est élevé seul et nourri avec un mélange pour octodon. Il dispose de foin. Il n’a pas d’antécédent médical. Aucun traumatisme ni aucun événement particulier n’est rapporté.
L’état d’embonpoint est correct et l’animal est normohydraté. L’examen à distance confirme un port de tête penché à droite, une marche sur le cercle et un abattement. L’examen rapproché montre une ptôse palpébrale droite, sans autre anomalie des nerfs crâniens. L’animal est peu coopératif et l’examen dentaire direct n’est pas réalisable à l’état vigile.
Des clichés radiographiques du crâne de face et de profil sont effectués sur l’animal vigile (photos 1 et 2).
→ La densité, le contraste et la netteté sont de qualité diagnostique. La radiographie de face présente une légère rotation.
→ La qualité des radiographies est suffisante pour l’interprétation.
→ Les dents jugales présentent une courbure normale. En revanche l’allongement des couronnes dentaires et l’enfoncement des racines sont trop prononcés. Le plan d’occlusion est irrégulier. Sur le cortex de la mandibule, des lésions d’ostéolyse sont visibles, en regard de l’apex de plusieurs dents jugales.
→ Sur la vue de face, la bulle tympanique droite a un contour très irrégulier. Ses parois latérale et médiale présentent des lésions d’ostéolyse importantes, et les cloisons osseuses internes sont indistinctes.
→ Les structures extra-osseuses ne montrent aucune anomalie.
→ Images d’otite moyenne droite marquée, avec ostéolyse de la bulle tympanique, associée à une malocclusion marquée des dents jugales.
Les octodons sont des rongeurs hystricomorphes, à l’instar du chinchilla et du cochon d’Inde. Leurs dents sont toutes hypsodontes (à croissance continue), et les malocclusions dentaires sont fréquentes, associées à 60 % des consultations, et peuvent être à l’origine de complications respiratoires notamment [2, 3]. La cause est une alimentation insuffisamment abrasive (manque de foin par défaut d’apport ou excès d’extrudés ou de friandises) [3].
L’examen neurologique est difficile à réaliser chez les rongeurs de petite taille. Dans le cas décrit, les symptômes correspondent à ceux d’un syndrome vestibulaire droit. L’absence d’ataxie et la ptôse palpébrale orientent vers une atteinte périphérique pour laquelle le diagnostic différentiel inclut :
– une otite moyenne/interne bactérienne ;
– une intoxication ;
– une néoplasie concernant l’oreille moyenne/interne [6, 7].
La marche sur le cercle évoque dans ce cas plutôt une atteinte centrale, telle qu’une complication de méningite ou d’encéphalite [6].
Le lien entre l’otite et la malocclusion n’est pas établi, et l’atteinte dentaire peut être de découverte fortuite. Les otites moyennes représentent 1,67 % des consultations chez l’octodon et font suite à une remontée d’agents pathogènes depuis le nasopharynx, via la trompe d’Eustache [2, 7].
Dans ce contexte, le choix des examens complémentaires est délicat. L’avantage de la radiographie est de pouvoir être réalisée chez un animal vigile, et de permettre une première évaluation des bulles tympaniques. Lorsqu’une des bulles tympaniques est remplie d’un contenu tissulaire ou liquidien, la différence de radio-opacité peut être décelée. De même, comme dans le cas présent, si l’otite moyenne est à l’origine d’une ostéolyse, celle-ci peut être visible.
Les otites moyennes ne sont pas toujours visibles à la radiographie [5]. 30 à 50 % de la masse osseuse doit être détruite pour que la différence soit tangible ; des lésions d’ostéolyse subtiles peuvent donc passer inaperçues [4].
En revanche, la radiographie ne permet pas d’évaluer une méningite associée en raison des nombreuses superpositions.
Le scanner est très intéressant dans les otites moyennes, comme les malocclusions dentaires chez les rongeurs et les lagomorphes [1, 4].
L’imagerie par résonance magnétique (IRM) permet une évaluation supérieure des tissus mous. Mais sa disponibilité est réduite et sa durée plus longue (de l’ordre de 30 minutes). En revanche, seules les machines les plus puissantes peuvent fournir une résolution suffisante chez des animaux de si petite taille. L’IRM partage avec le scanner la nécessité d’anesthésier l’animal [4].
Aucun.
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