Souffle d’insuffisance mitrale chez un chien asymptomatique

DIAGNOSTIC

Un chien berger des Pyrénées mâle âgé de 15 ans est présenté pour le suivi échocardiographique d’une maladie valvulaire mitrale (MVM). Il était de stade ACVIM B1 (présence d’une MVM sans modification de la morphologie cardiaque) lors du dernier examen réalisé 1 an plus tôt. Une légère toux et une tendance à la fatigabilité lors d’efforts modérés sont rapportées dans les derniers mois. À l’examen clinique, l’animal est en bon état général, avec des muqueuses roses et un temps de recoloration capillaire dans les normes. L’auscultation montre la présence d’un souffle systolique apexien gauche d’intensité 4/6. Aucun traitement n’est actuellement administré.

Une échocardiographie est préconisée. L’examen au mode bidimensionnel et temps-mouvement montre une dilatation ventriculaire gauche marquée, la fraction de raccourcissement restant normale (^{photo 1}). L’atrium gauche (visualisé sur la coupe 2D transaortique obtenue par voie parasternale droite) est nettement dilaté (rapport AG/Ao = 2) (^{photo 2}). L’examen au mode doppler de l’appareil mitral confirme la présence d’un reflux mitral systolique, occupant 100 % de la surface atriale gauche et remontant dans les veines pulmonaires. Ce flux est de vélocité “normale” (5,5 m/s) et d’extension majeure. Les paramètres PISA permettent de classifier cette insuffisance comme importante : la fraction de régurgitation est de 75 % : les trois quarts du volume d’éjection systolique “retournent” dans l’atrium gauche.

Un examen radiographique thoracique est réalisé. Il confirme la cardiomégalie (indice de buchanan mesuré à 12), mais n’identifie pas de signe de congestion pulmonaire associé. Un diagnostic de MVM de stade ACVIM B2 (présence d’une dilatation cavitaire secondaire à la MVM, sans signe de congestion associé) est établi. Un traitement de pimobendane (0,5 mg/kg/j en deux prises) est recommandé, avec la réalisation d’un contrôle échocardiographique dans 6 mois.

DISCUSSION

Lors de MVM, une phase asymptomatique, qui peut durer plusieurs années, est souvent observée et de nombreux animaux ne développent jamais de symptôme congestif. Pendant cette phase, une toux peut être mise en évidence, mais elle est en général “indépendante” de la phase congestive (souvent, l’œdème pulmonaire ne s’accompagne pas de toux mais d’une polypnée) [²]. L’intérêt d’un traitement précoce pour “prolonger” cette phase asymptomatique et la survie globale des animaux n’avait pas jusqu’à présent été démontré de façon satisfaisante. Une étude prospective récemment publiée (étude multicentrique hasardisée en double aveugle contre placebo, menée sur 360 animaux) a montré l’intérêt du pimobendane chez certains chiens atteints de MVM en stade ACVIM B2 [¹]. Ils présentaient une dilatation atriale et ventriculaire mise en évidence par une échocardiographie, ainsi qu’une cardiomégalie sans congestion visible à la radiographie thoracique. Un peu moins de la moitié des animaux suivis ont développé une insuffisance congestive ou sont morts des suites de leur cardiopathie. La médiane avant les complications de la MVM était significativement plus élevée chez les animaux traités que chez ceux recevant un placebo.

Références

• 1. Boswood A, Häggström J, Gordon SG et coll. Effect of pimobendan in dogs with preclinical myxomatous mitral valve disease and cardiomegaly: the EPIC study-A randomized clinical trial. J. Vet. Intern. Med. 2016:1765-1779.
• 2. Ferasin L, Crews L, Biller DS et coll. Risk factors for coughing in dogs with naturally acquired myxomatous mitral valve disease. J. Vet. Intern. Med. 2013;27:286-292.