Bénéfices et risques de la ciclosporine dans le traitement de la gingivostomatite chronique féline

La gingivostomatite chronique résulte d’une réponse exacerbée du système immunitaire à une stimulation antigénique dans la cavité buccale. Plusieurs facteurs initiateurs ont été incriminés, parmi lesquels le calicivirus et les bactéries de la plaque dentaire ont un rôle prédominant. Dans 60 à 80 % des cas, l’élimination des bactéries de la plaque par des extractions dentaires multiples apporte une rémission clinique satisfaisante [¹, ²]. Dans les cas réfractaires, le recours à une thérapie immunosuppressive peut être envisagé (^figure).

Efficacité cliniquement démontrée

La ciclosporine est un inhibiteur partiel de la calcineurine, protéine calcium-dépendante située dans le cytoplasme des lymphocytes T. Le complexe ciclosporine-calcineurine pénètre dans le noyau où il bloque l’activation des lymphocytes T, ainsi que leur prolifération en limitant la production et la libération de cytokines pro-inflammatoires.

L’efficacité clinique d’une formulation microémulsifiée de ciclosporine a été montrée chez des chats atteints de gingivostomatite chronique réfractaire aux extractions dentaires multiples [³]. La dose initiale conseillée est de 5 mg/kg, en deux prises quotidiennes. En l’absence d’amélioration clinique après 1 mois de traitement, un dosage de la ciclosporinémie minimale (effectué 12 heures après la dernière administration) est recommandé : chez les chats présentant une ciclosporinémie minimale inférieure à 300 ng/ml, la dose de ciclosporine peut être doublée. Dès 6 semaines, le traitement diminue l’inflammation buccale et s’accompagne d’une amélioration de la qualité de vie de l’animal (prise de poids, augmentation de l’activité). Une moins bonne réponse clinique a été constatée chez des chats ayant préalablement reçu des glucocorticoïdes.

Peu d’effets indésirables à court terme

Les chats ayant une ciclosporinémie minimale élevée (> 1 000 ng/ml) sont susceptibles de présenter un léger abattement. Les autres effets secondaires rencontrés sont des troubles digestifs peu sévères (anorexie, vomissements, diarrhée). Bien que le risque infectieux demeure inconnu, il est conseillé de limiter l’accès à l’extérieur et de bannir la consommation de viande crue chez les animaux traités [³]. Les effets indésirables liés à l’administration à plus long terme de ciclosporine chez des chats atteints de gingivostomatite chronique n’ont pas été évalués. L’association avec un autre immuno-suppresseur (les glucocorticoïdes notamment) est déconseillée.

Forme galénique optimisée

Une formulation microémulsifiée vétérinaire doit être privilégiée afin de garantir la meilleure biodisponibilité. Toutefois, la variabilité interindividuelle de la pharmacocinétique de la ciclosporine reste le principal point faible de cette molécule. Les spécialités vétérinaires disposant d’une autorisation de mise sur le marché chez le chat dans l’indication de la dermatite atopique sont Atopica® et Sporimune®. Il s’agit de formulations modifiées, formant une microémulsion en milieu aqueux. Leur forme galénique en solution buvable permet une administration facilitée chez les chats présentant une douleur buccale associée aux lésions de gingivostomatite.

Références

• 1. Bellei E, Dalla F, Masetti L et coll. Surgical therapy in chronic feline ­gingivostomatitis (FCGS). Vet. Res. ­Commun. 2008;32 (Suppl1):S231-S234.
• 2. Hennet P. Chronic gingivo-stomatitis in cats: long-terme follow-up of 30 cases treated by dental extractions. J. Vet. Dent. 1997;14:15-21.
• 3. Lommer MJ. Efficacy of ciclosporine for chronic, refractory stomatitis in cats: a randomized, placebo-controlled, double-blinded clinical study. J. Vet. Dent. 2013;30:8-17.