Analyse d’article
Auteur(s) : Magali Decome
Fonctions : Faculté de médecine vétérinaire, 3200, rue Sicotte
Service de médecine interne, Saint-Hyacinthe,
J25 2M2, Québec, Canada
L’hyperthyroïdie est une des maladies endocriniennes les plus communes chez le chat [4]. Son diagnostic repose sur l’augmentation de la thyroxine totale (T4) [5]. Quatre types de traitement sont décrits : les antithyroïdiens (per os ou topiques), la thyroïdectomie, l’iode radioactif et l’alimentation pauvre en iode [5]. Selon une étude récente, un traitement antithyroïdien oral est proposé dans 92 % des cas. Seuls 39 % des propriétaires estiment avoir eu le choix parmi les diverses solutions alternatives existantes [3].
Bien que mal connu, l’iode radioactif est considéré comme le traitement idéal (gold standard) de l’hyperthyroïdie féline [5, 10]. Selon une étude récente menée au Royaume-Uni, 55,7 % des vétérinaires n’y ont jamais eu recours [1]. Les avantages de cette thérapeutique sont une efficacité élevée (81,4 à 90 %), une action sur le tissu ectopique, une absence d’anesthésie et un temps de survie supérieur à celui obtenu grâce au traitement médical (médiane de survie de 4 ans, contre 2 ans avec le méthimazole seul) [1, 9, 10]. Dans la grande majorité des cas, une seule injection suffit [10]. Les inconvénients sont liés au coût et à la disponibilité du produit, à la nécessité de garder le chat hospitalisé sans aucune visite possible pendant 1 semaine et au risque d’hypothyroïdie iatrogène, pouvant survenir jusqu’à 3 mois après l’injection [10].
Les techniques chirurgicales initialement décrites (extracapsulaire et intracapsulaire) s’accompagnent d’un taux inacceptable d’hypoparathyroïdisme iatrogène (> 80 %) ou de récurrence (> 20 %) [10]. Les techniques extracapsulaire et intracapsulaire modifiées sont considérées comme appropriées, mais requièrent un chirurgien expérimenté. Une thyroïdectomie bilatérale est nécessaire dans 70 à 80 % des cas [10] La récurrence d’une hyperthyroïdie est considérée comme possible dans les 6 à 12 mois suivant l’intervention chirurgicale. La mise en place d’un traitement médical avant une thyroïdectomie est recommandée afin de réduire les risques associés à une anesthésie générale [10].
Le traitement médical le plus souvent employé fait appel au méthimazole par voie orale à la dose de 5 mg/j par chat en une ou en deux administrations [10, 13]. Un statut euthyroïdien semble être atteint plus rapidement lors de deux administrations : dans ce cas, 87 % des chats sont euthyroïdiens après 2 semaines de traitement, contre 54 % avec une administration une fois par jour [12]. La fréquence et la difficulté d’administration et la nécessité de traiter l’animal à vie en font un traitement contraignant pour les propriétaires.
Le méthimazole peut être formulé dans un organogel de lécithine pluronique (PLO) pour une application transdermique [7]. D’autres formulations lipophiliques ont déjà été décrites [6]. La dose initiale est de 2,5 à 5 mg/j par chat [2]. Le traitement est appliqué à la base interne du pavillon auriculaire. Toutefois, même si une amélioration clinique est observée et que la plupart des propriétaires sont satisfaits (> 95 %), seuls 18,3 % des chats semblent présenter une T4 totale dans les valeurs usuelles lors des contrôles [2]. Une variabilité importante de la T4 est observée (effet ping-pong), ainsi qu’un temps de survie inférieur par rapport aux chats traités avec de l’iode radioactif [2].
Les principaux effets secondaires notés lors de l’administration du méthimazole sont des signes gastro-intestinaux (moins marqués avec la forme topique), une neutropénie, une hépatotoxicité et des excoriations faciales [8, 9]. Le méthimazole est un traitement peu onéreux, recommandé lorsqu’une atteinte rénale est suspectée. Un état hyperthyroïdien pouvant masquer cette atteinte, si la fonction rénale reste stable après la mise en place du médicament, un traitement définitif peut être envisagé [11].
Même si l’étiologie de l’hyperthyroïdie féline n’est pas encore parfaitement comprise, des facteurs causaux nutritionnels, génétiques et environnementaux ont été suspectés [13]. L’apport d’une alimentation pauvre en iode (< 0,3 ppm) est une solution alternative intéressante, facile à mettre en œuvre et sûre, pour les chats ne pouvant être candidats au traitement définitif. Selon les données scientifiques, entre 75 et 100 % des chats présentent une T4 totale dans les valeurs de référence dans les 4 à 8 semaines après l’instauration de l’alimentation [11, 13]. Dans l’article étudié ici, la T4 totale reste augmentée dans 25 % des cas, et une mauvaise observance ou un défaut d’appétence sont suspectés. Malgré tout, une amélioration clinique est observée chez tous les animaux inclus, ainsi qu’une baisse de la créatinine, contre toute attente. Ce type de traitement n’est pas approprié pour les félins ayant accès à d’autres sources alimentaires (chat d’extérieur). Les congénères euthyroïdiens peuvent recevoir cette nourriture, mais nécessitent un apport complémentaire en iode [11].
Diverses modalités de traitement existent et une discussion avec le propriétaire éclairé permettra d’opter pour le traitement le plus approprié au cas par cas. L’alimentation pauvre en iode semble être une bonne solution alternative au traitement de l’hyperthyroïdie féline et se révèle moins contraignante pour les propriétaires qu’un traitement médical au long cours. L’iode radioactif reste le gold standard du traitement de l’hyperthyroïdie féline.
Aucun.
OBJECTIFS
Évaluer la concentration en T4 totale chez les chats hyperthyroïdiens recevant une alimentation pauvre en iode, ainsi que les effets de celle-ci sur les paramètres cliniques et biochimiques.
MÉTHODE
Il s’agit d’une étude pluri-institutionnelle, non contrôlée, prospective, menée en 2012 dans dix pays d’Europe par une compagnie indépendante et testant la nourriture y/d® de Hill’s. Un questionnaire est rempli par les vétérinaires traitants et les propriétaires de chats hyperthyroïdiens lors du passage exclusif à l’alimentation y/d®, puis au cours de la quatrième et de la huitième semaine de suivi. Les paramètres contrôlés sont le poids, la fréquence cardiaque, la concentration sérique en T4 totale, l’urémie et la créatininémie. La compagnie Hill’s n’a pas accès aux informations concernant les propriétaires ou les vétérinaires.
RÉSULTATS
• Une diminution significative de la concentration sérique en T4 totale est observée, ainsi qu’une régression des signes cliniques en 4 semaines. La T4 reste dans les valeurs supérieures à la normale dans 25 % des cas.
• Une baisse significative de la créatinine est observée en 4 semaines.
• Le score corporel reste stable au cours de l’étude et aucune diminution significative de la fréquence cardiaque n’est notée.
• Les propriétaires rapportent plus de facilité pour traiter leurs chats hyperthyroïdiens comparativement à un traitement per os ou par voie topique.
• Une mauvaise observance ou un défaut d’appétence sont observés dans 12 % des cas.
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