L’utilisation de la pression négative dans le traitement des plaies - Le Point Vétérinaire expert canin n° 347 du 01/07/2014
Le Point Vétérinaire expert canin n° 347 du 01/07/2014

TRAITEMENT DES PLAIES CHEZ LE CHIEN

Analyse d’article

Auteur(s) : Quentin Cabon

Fonctions : Service de chirurgie
VetAgro Sup
Campus vétérinaire de Lyon
1, avenue Bourgelat
69260 Marcy-L’Étoile

Parmi de nombreuses méthodes chimiques ou physiques pour aider à la guérison des plaies, la thérapie par pression négative, encore appelée thérapie par le vide ou technique de la VAC (vacuum-assisted closure), s’est développée ces dernières années (2001) en médecine vétérinaire [5, 10]. Elle a initialement été développée chez l’homme pour traiter des plaies chroniques chez des patients affaiblis, et notamment les ulcères diabétiques [3, 6, 7].

MÉCANISMES D’ACTION ET BÉNÉFICES DE LA TECHNIQUE VAC

La technique VAC est non invasive et a pour objectif de soumettre une plaie à une pression subatmosphérique au sein d’un environnement fermé [6]. Ses bénéfices reconnus sont multiples. L’accélération du processus de granulation est observée, par l’augmentation de la vascularisation de la plaie, la stimulation de la prolifération des cellules endothéliales et de l’angiogenèse, et la restauration de l’intégrité des capillaires sanguins [6]. Elle permet aussi une diminution de l’œdème interstitiel ainsi qu’une élimination de substances à caractère négatif vis-à-vis de la guérison cutanée (enzymes, protéases, collagénases) [3, 6]. Le vide exerce un effet mécanique stimulant sur la prolifération fibroblastique, par déformation du cytosquelette et relargage de messagers intracellulaires [3, 6]. L’effet de la thérapie VAC sur la contamination bactérienne est sujet à débat. Les dernières études ne semblent pas démontrer son effet positif [3]. Toutefois, l’amélioration de la vascularisation permet de créer un environnement propice à la résistance face à l’infection. La technique VAC permet de diminuer la durée totale de cicatrisation cutanée, en favorisant le processus de granulation ainsi que la contraction cutanée [6].

Une étude prospective et contrôlée menée chez 10 chiens a permis de comparer l’évolution d’une plaie chirurgicale traitée par le vide à une gestion standard [3]. La technique VAC, très bien tolérée par les chiens, permet l’apparition plus rapide d’un tissu de granulation au sein de la plaie, lui-même étant plus homogène, plus lisse et moins exubérant que dans les plaies gérées classiquement [3]. Toutefois, après le septième jour d’application du vide, les plaies traitées par la méthode VAC montrent des pourcentages de contraction et d’épithélialisation inférieurs aux plaies témoins, ainsi qu’un score d’inflammation histologique supérieur [3]. La technique VAC améliore le processus de granulation, mais son utilisation doit être limitée dans le temps.

INDICATIONS DE LA MÉTHODE VAC

La technique VAC peut être utilisée en cas de plaies extensives sur le thorax ou l’abdomen, ainsi que sur les membres [4, 7-9]. Elle est aussi indiquée pour le traitement des avulsions cutanées, des déhiscences chirurgicales ou des plaies contenant des implants orthopédiques, des tendons ou des os à nu [7]. Elle a été utilisée dans la gestion de plaies sur les extrémités de 15 chiens, que ce soit en préparation de la plaie ou à la suite d’une greffe de peau libre. Toutes les plaies ont guéri, avec un temps moyen de 4,6 jours entre l’application de la VAC et la reconstruction chirurgicale, et une durée d’hospitalisation de 9,7 jours [1]. Ce procédé ne doit pas être utilisé dans la phase de débridement de la plaie et ne remplace pas le geste chirurgical initial.

Le bénéfice de la technique VAC a également été montré à la suite d’une greffe de peau libre, en améliorant la fibroplasie et la cicatrisation des trous du greffon en filet ainsi qu’en diminuant le pourcentage de nécrose du greffon [12]. D’autres indications plus larges sont actuellement explorées, notamment pour la gestion des péritonites septiques [2].

TECHNIQUE VAC EN PRATIQUE

Le matériel nécessaire consiste en une plaque de mousse en polyuréthane stérile ou des compresses à laparotomie stériles, un tube d’aspiration non compressible, un pansement collé, de la colle en spray, un système collecteur et un système d’aspiration. Après une tonte très large et un dégraissage cutané à l’alcool au pourtour de la plaie, et une fois la mousse ou les compresses déposées dans la plaie de façon stérile, le tube d’aspiration est placé sur la mousse, puis l’environnement est fermé à l’aide du pansement collé. L’aspiration est alors enclenchée, en mode intermittent ou, plus fréquemment, en mode continu, entre - 80 et - 125 mmHg selon les types de bandage [6]. Le vide doit être maintenu en permanence et une surveillance rapprochée de l’individu est nécessaire. Les bandages sont alors changés stérilement et sous sédation tous les 2 à 3 jours, pour limiter la croissance du tissu de granulation dans la mousse. Plusieurs systèmes VAC sont commercialisés, à usage unique ou réutilisables [11]. Leur principale limite est leur coût. Cela peut être contourné par l’utilisation de systèmes d’aspiration murale, toutefois moins précis et plus enclins à la perte du vide. L’accélération de la guérison cutanée permet de limiter le nombre de changements de bandage, et ainsi de réduire le stress de l’animal et les coûts associés au traitement d’une plaie [6].

Les complications associées à la technique VAC sont mineures, la plus fréquente étant la perte du vide [1, 3, 6]. Une surveillance de l’individu, a minima toutes les 4 heures, est donc idéale et pose une limite à son utilisation. Des dermatites sur la zone de contact entre la peau et le pansement adhérent dues à la colle sont également observées [1, 3, 6]. Elles peuvent être limitées en laissant la couche initiale collée sur la peau, lors des changements de bandage, et ainsi apposer le pansement dessus après découpage adéquat.

Conclusion

La technique VAC permet de favoriser la granulation d’une plaie et d’accélérer le processus global de cicatrisation cutanée. Toutefois, son utilisation doit être limitée à l’apparition d’un tissu de granulation homogène. Le matériel nécessaire à sa mise en œuvre en restreint l’emploi.

Références

  • 1. Ben-Amotz R, Lanz OL, Miller JM et coll. The use of vacuum-assisted closure therapy for the treatment of distal extremity wounds in 15 dogs. Vet. Surg. 2007;36:684-690.
  • 2. Buote NJ, Havig ME. The use of vacuum-assisted closure in the management of septic peritonitis in six dogs. J. Am. Anim. Hosp. Assoc. 2012;48:164-171.
  • 3. Demaria M, Stanley BJ, Hauptman JG et coll. Effects of negative pressure wound therapy on healing of open wounds in dogs. Vet. Surg. 2011;40:658-669.
  • 4. Guille AE, Tseng LW, Orsher RJ. Use of vacuum-assisted closure for management of a large skin wound in a cat. J. Am. Vet. Med. Assoc. 2007;230(11):1669-1673.
  • 5. Hosgood G. Open wounds. In: Tobias KM, Johnston SA, ed. Veterinary surgery small animal. Elsevier Saunders, St-Louis. 2012;1211-1220.
  • 6. Kirby KA, Wheeler JL, Farese JP et coll. Vacuum-assisted wound closure: application and mechanism of action. Compend. Contin. Educ. Pract. Vet. 2009;E1-E9.
  • 7. Kirby KA, Wheeler JL, Farese JP et coll. Vacuum-assisted wound closure: clinical applications. Compend. Contin. Educ. Pract. Vet. 2010;E1-E7.
  • 8. Mullaly C, Carey K, Seshadri R. Use of a nanocrystalline silver dressing and vacuum-assisted closure in a severely burned dog. J. Vet. Emerg. Crit. Care 2010;20 (4):456-463.
  • 9. Owen LJ, Hotston-Moore A, Holt PE. Vacuum-assisted wound closure following urine-induced skin and thigh muscle necrosis in a cat. Vet. Comp. Orthop. Traumatol. 2009;22:417-421.
  • 10. Perrin R, Gehin S, Brogniez L et coll. La gestion des plaies par la thérapie VAC® est-elle applicable chez le cheval ? Prat. Vét. Equine. 2011;43 (169):41-45.
  • 11. Smith & Nephew. EZC Negative pressure wound therapy user guide. Smith & Nephew, Largo, FL. 2007.
  • 12. Stanley BJ, Weder CD, Fritz MC et coll. Effects of negative pressure wound therapy on healing of free full-thickness skin grafts in dogs. Vet. Surg. 2013;42:511-522.

Conflit d’intérêts

Aucun.

RÉSUMÉ

OBJECTIF

Décrire la méthode, la faisabilité et les résultats de la pression négative dans le traitement des plaies chez le chien.

MÉTHODE

Étude clinique menée sur 45 chiens suivis pour un traitement de plaies. Ces chiens ont bénéficié de bandages avec application d’une pression négative. La prise en charge initiale des plaies a consisté en un nettoyage abondant suivi d’une exploration chirurgicale. Un protocole de thérapie par utilisation de la pression négative a ensuite été mis en place, avec aspiration continue (- 80 mmHg lors d’application de compresses à laparotomie en tant que couche primaire, et - 125 mmHg lors d’application d’une plaque de mousse).

RÉSULTATS

• L’ancienneté moyenne des plaies traitées était de 7 jours. Des plaies chroniques ont été mises en évidence chez 3 chiens (plus de 140 jours).

• Lors de la consultation initiale, 76 % des chiens ne présentaient pas de tissu de granulation au sein de leur plaie.

• 53 % des chiens ont été traités avec une plaque de mousse au contact de la plaie (vide à - 125 mmHg) et 47 % avec des compresses à laparotomie (- 80 mmHg).

• Le vide a été appliqué en moyenne pendant 3 jours (1 à 22 jours), et 93 % des chiens ont été traités par le vide pendant moins de 8 jours, avec un changement de bandage tous les 2 à 3 jours.

• 36 % des plaies ont ensuite été gérées par première intention retardée, 26 % par deuxième intention et 26 % par troisième intention.

• La thérapie par le vide a été arrêtée à l’apparition d’un tissu de granulation homogène et lisse.

• Le temps moyen d’hospitalisation a été de 8 jours et 21 jours au maximum.

• Les complications rencontrées ont été mineures, la plus fréquente étant la perte du vide.

• 96 % des plaies ont cicatrisé intégralement, sans différence entre les plaques de mousse et les compresses à laparotomie.

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