Syndrome de la queue de cheval : examens complémentaires - Le Point Vétérinaire n° 338 du 01/09/2013
Le Point Vétérinaire n° 338 du 01/09/2013

NEUROLOGIE CANINE ET FÉLINE

Dossier

Auteur(s) : Laetitia Piane*, Marion Fusellier**, Dominique Fanuel***

Fonctions :
*Centre hospitalier universitaire vétérinaire
École nationale vétérinaire agroalimentaire
et de l’alimentation Nantes Atlantique-Oniris,
Atlanpôle La Chantrerie, Route de Gachet,
BP 40706, 44307 Nantes Cedex 3

Des examens d’imagerie sont nécessaires pour établir un diagnostic de certitude lors de syndrome de la queue de cheval.

Lorsque le vétérinaire suspecte un syndrome queue de la cheval (SQC), il réalise un examen clinique complet. Pour établir un diagnostic de certitude, il peut avoir recours à des examens d’imagerie lui permettant de visualiser les anomalies et de connaître la cause de l’affection (tableau).

1 Radiographie sans produit de contraste

La radiographie sans produit de contraste permet, d’une part, de mettre en évidence des tumeurs osseuses, des fractures ou des luxations vertébrales, des malformations vertébrales, des lésions de spondylose ou éventuellement de spondylodiscite (photos 1 et 2). La réalisation de radiographies en contraintes (flexion/extension) permet de révéler une instabilité lombo-sacrée notamment (photo 3).

D’autre part, la taille et la forme des organes abdominaux, la présence d’une prostatomégalie associée à d’éventuelles calcifications évocatrices d’un processus tumoral, ou d’un pyomètre, par exemple, peuvent être précisées. Deux incidences orthogonales sont requises. Cependant, la radiographie sans produit de contraste ne permet pas d’évaluer la compression des nerfs de la queue de cheval, ce qui nécessite d’autres examens d’imagerie médicale comme la myélographie, l’épidurographie, le scanner ou l’imagerie par résonance magnétique (IRM) [1, 9].

2 Électromyographie

L’électromyographie est l’examen de choix pour distinguer les atteintes nerveuses centrales et périphériques. Cependant, si elle permet de diagnostiquer une atteinte des nerfs de la queue de cheval, elle ne permet pas d’en déterminer la cause et des examens d’imagerie médicale sont nécessaires dans cet objectif [1, 2, 6].

3 Scanner

L’avantage du scanner est de permettre la réalisation de coupes transversales, ainsi qu’une reconstruction tridimensionnelle via un système informatique [7]. Ses qualités de “désuperposition” des structures rendent possible une exploration complète de la jonction lombo-sacrée, comparativement à la radiographie qui présente une moins bonne résolution en contraste pour les tissus mous. Cet examen permet d’apprécier la taille et la forme exacte des processus articulaires, du canal vertébral, du canal radiculaire et des foramens intervertébraux. Il est plus sensible que l’IRM pour les lésions osseuses, mais moins sensible pour la mise en évidence de lésions des tissus mous [1, 4, 5, 8, 9]. Ces derniers peuvent être mis en valeur par l’injection intraveineuse de produit de contraste, ce qui augmente la sensibilité du scanner [3]. Contrairement à la myélographie, l’évaluation dynamique (flexion/extension) est plus difficile à mettre en œuvre.

Le myéloscanner offre une sensibilité comparable à celle de l’IRM et une meilleure résolution spatiale.

4 Imagerie par résonance magnétique

L’IRM permet une évaluation directe de la moelle épinière, du liquide cérébro-spinal, du disque intervertébral, des ligaments et des racines nerveuses (photo 4) [1, 5, 7]. Elle procure des images en coupes sans dégradation due au reformatage, à la différence du scanner.

Elle présente l’avantage de ne pas nécessiter de rayonnements ionisants [5].

L’IRM est l’examen de choix pour mettre en évidence les hernies discales lombaires chez l’homme et doit être privilégiée lors de SQC avec une suspicion d’atteinte des tissus mous [5]. Cependant, la difficulté d’accès, en France, à ce type d’examen en médecine vétérinaire, ainsi que son coût supérieur à celui du scanner en font un recours de seconde intention, quand ce dernier laisse subsister des doutes sur le diagnostic lésionnel définitif.

5 Myélographie et épidurographie

Pour la myélographie, l’injection du produit de contraste s’effectue dans l’espace sous-arachnoïdien. Le site de terminaison du sac dural est variable. Il s’étend parfois jusqu’au sacrum (berger allemand, notamment) et, dans ce cas, la myélographie peut être utilisée pour évaluer la région lombo-sacrée (photo 5a). C’est le cas chez 80 % des chiens, mais cette zone peut être beaucoup plus craniale chez les grandes races notamment. La myélographie est réalisable en contraintes. La flexion ou l’extension de la jonction lombo-sacrée modifient peu la colonne de contraste chez un animal sain, tandis que l’extension en diminue sensiblement la forme et le diamètre (de plus de 20 %) chez les animaux atteints de SQC (photo 5b). La myélographie évalue tous les types de compression siégeant dans le canal vertébral. Elle permet également d’examiner la moelle épinière craniale à la région lombo-sacrée. Cependant, c’est un examen invasif et difficile à mettre en œuvre techniquement. Il reste insuffisant chez les individus atteints d’une compression très latérale d’une ou de plusieurs racines nerveuses en marge du canal vertébral, ainsi que chez ceux dont le sac dural se termine cranialement à la jonction lombo-sacrée (20 % des chiens). Dans ce dernier cas de figure, le recours à un autre examen est alors nécessaire, telle que l’épidurographie [1, 5, 6, 9].

Lors d’épidurographie, le produit de contraste est injecté dans l’espace péridural à la jonction lombo-sacrée ou sacro-coccygienne. L’interprétation de cet examen est plus délicate, comparativement à la myélographie, l’espace péridural n’étant pas entouré par une surface lisse, comme l’est l’espace sous-arachnoïdien, mais par une aire irrégulière formée de tissu conjonctif. Le remplissage complet de l’espace péridural est difficile en raison de la présence de graisse épidurale et du remplissage irrégulier des récessus latéraux. Ainsi, un défaut de remplissage de l’espace péridural par la colonne de contraste peut être à l’origine de faux positifs et de faux négatifs [5, 6, 8].

L’examen peut également se réaliser avec contraintes. Une déviation de la colonne de contraste ou une diminution de plus de 50 % du diamètre du canal vertébral peut permettre de suspecter une importante compression nerveuse. La sensibilité est variable selon les études, de moins de 50 % à 93 %. L’avantage de cette technique est d’être utilisable pour évaluer la région lombo-sacrée chez les chiens dont le sac dural est court [1, 5, 6, 9].

Par rapport au scanner et à l’IRM, ces deux méthodes sont moins coûteuses et plus facilement disponibles. L’épidurographie reste néanmoins relativement difficile à réaliser sur le plan technique et d’interprétation délicate (faux positifs et négatifs).

Il est donc préférable de proposer le scanner ou l’IRM en première intention, avant d’avoir recours à la myélographie et/ou l’épidurographie, si ces derniers ne sont pas réalisables pour des raisons financières ou autres.

Conclusion

Les techniques d’imagerie utilisables pour le diagnostic de SQC ont toutes des avantages et des inconvénients. La radiographie, facilement accessible, est à réaliser en première intention, mais l’examen de choix pour explorer la jonction lombo-sacrée reste le scanner.

Références

  • 1. Barreau P, Duhautois B. Le syndrome queue de cheval . 2e partie. Prat. Méd. Chir. Anim. Comp. 1991 ; 5 : 389-409.
  • 2. Blot S. Syndrome de la queue de cheval, expression clinique, électrodiagnostic. Proceedings Afvac. 2009 (abstract).
  • 3. Jones JC, Shires PK et coll. Evaluation of canine lumbosacral stenosis using intravenous contrast-enhanced computed tomography. Vet. Radiol. Ultrasound. 1999 ; 40(2): 108-114.
  • 4. Pey P. Apport de l’examen tomodensitométrique dans le diagnostic étiologique du syndrome queue de cheval : étude rétrospective de 23 cas. Thèse de médecine vétérinaire, Alfort. 2007.
  • 5. Ramirez III O, Thrall DE. A Review of imaging techniques for canine cauda equina syndrome. Vet. Radiol. Ultrasound. 1998 ; 4 : 283-296.
  • 6. Sisson AL et coll. Diagnosis of cauda equina abnormalities by using electromyography, discography and epidurography in dogs. J. Vet. Intern. Med. 1992 ; 6 : 253-263.
  • 7. Srenk P. Cauda equina, clinical manifestations, diagnosis and prognosis. In : Proceedings of the 27th WSAVA Congress. 2002 : 45.
  • 8. Viateau V et coll. Le syndrome queue de cheval chez le chien : étude rétrospective sur 17 cas. Point Vét. 1991 ; 138 : 83-95.
  • 9. Viateau V, Moissonnier P. Le syndrome queue de cheval . 2e partie : diagnostic et traitement. Point Vét. 1991 ; 136 : 65-78.

Conflit d’intérêts

Aucun.

Formations e-Learning

Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »

En savoir plus

Boutique

L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.

En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire

Agenda des formations

Calendrier des formations pour les vétérinaires et auxiliaires vétérinaires

Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.

En savoir plus


Inscrivez-vous gratuitement à notre Newsletter

Découvrez en avant-première chaque mois le sommaire du Point Vétérinaire.

Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire

Retrouvez-nous sur
Abonné au Point Vétérinaire, retrouvez votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr