Vaccination contre la paratuberculose chez les ruminants : état des lieux - Le Point Vétérinaire expert rural n° 334 du 01/04/2013
Le Point Vétérinaire expert rural n° 334 du 01/04/2013

MYCOBACTÉRIES EN ÉLEVAGE

Article de synthèse

Auteur(s) : Christophe Chartier*, Barbara Dufour**, Gilles Foucras***, Jaquemine Vialard****

Fonctions :
*LUNAM Université, Oniris, École nationale vétérinaire,
agroalimentaire et de l’alimentation Nantes-Atlantique,
unité de médecine des animaux d’élevage, BP 40706,
44307 Nantes
**Inra, UMR 1300 BioEpAR, BP 40706, 44307 Nantes
***UPEC-ENVA maladies contagieuses, unité de recherche
EpiMAI, USC Anses, 94704 Maisons-Alfort
****Université de Toulouse, Institut national
polytechnique, ENV de Toulouse, 31076 Toulouse Cedex 03
*****Inra, unité mixte de recherche 1225, interactions
hôtes-agents pathogènes, 31076 Toulouse Cedex 03
******Anses, Laboratoire de Niort, 60, rue de Pied-de-Fond,
CS 28440, 79024 Niort Cedex

L’interférence entre la vaccination contre la paratuberculose et le dépistage de la tuberculose est à reconsidérer, à la lumière de l’actualité sur la tuberculose en France et des travaux récents.

Malgré l’absence de données épidémiologiques précises, la paratuberculose des ruminants peut être considérée comme une maladie présente dans la plupart des régions d’élevage en France. Ses conséquences médicales (entérite chronique cachectisante) et économiques (réformes anticipées et pertes de production) sont bien documentées. Cependant, sa maîtrise reste difficile en raison du manque de connaissances sur l’épidémiologie de la maladie, et des difficultés de diagnostic, de dépistage et de prévention par la vaccination. La place de la prophylaxie médicale est encore imparfaitement délimitée : disponibilité des vaccins, efficacité, interférences avec le dépistage de la tuberculose bovine, etc. Ce dernier point revêt une importance particulière actuellement, car la France est confrontée à une recrudescence de foyers de tuberculose bovine et le dépistage de cette maladie est essentiel dans la maîtrise de son évolution sur le territoire national.

ÉPIDEMIOLOGIE : DES ZONES D’OMBRE

Dans un cheptel infecté par la paratuberculose, l’agent responsable (c’est-à-dire le bacille de Johne, ou Mycobacterium avium subsp. paratuberculosis [Map]) est souvent présent en grande quantité dans l’environnement des animaux.

1. Une sensibilité variable selon l’âge

Les jeunes ruminants sont les plus réceptifs à l’infection, qui s’établit après contamination orale. Toutefois, la mesure précise de la dose infectieuse minimale selon l’âge n’est pas connue [8]. La réceptivité accrue des jeunes animaux serait liée au plus grand nombre de plaques de Peyer de l’iléon terminal. Leur abondance diminue progressivement jusqu’à l’âge d’un an [24]. Il est admis que les bovins sont habituellement infectés avant l’âge de 6 mois [31]. Toutefois, des animaux adultes peuvent aussi l’être par de fortes doses de Map [8, 31]. Dans une méta-analyse sur la réceptivité à Map selon l’âge, comportant huit groupes d’étude et 140 bovins, la probabilité de développement de lésions après une exposition à Map était estimée à 75 % pour les veaux âgés de moins de 6 mois, à 50 % entre 6 et 12 mois et à 20 % au-delà de 12 mois [31].

2. Une prévalence en point d’interrogation

Il n’existe pas de données précises sur la prévalence de la paratuberculose en France pour les espèces bovine et ovine. Les informations disponibles au travers des plans de lutte des groupements de défense sanitaire (GDS) ou par le volume de vaccins utilisés (jusqu’en 2001) conduisent à penser que cette maladie est présente dans la plupart des bassins de production. Dans une enquête réalisée en 1998 auprès des GDS, des directions départementales des services vétérinaires et des laboratoires d’analyses, les données collectées ont montré que l’affection était considérée comme préoccupante dans 60 % des départements. En 1999 et en 2000, 62 % des GDS de France métropolitaine ont mis en place des actions de lutte à l’échelle de leur département (plan de maîtrise de la maladie ou actions ponctuelles) [15].

Pour les caprins, une enquête nationale a évalué la séroprévalence apparente des cheptels à 55,2 % (45,3 % à 64,5 %, intervalle de confiance : 95 %), en considérant toutefois un cheptel infecté à partir de la présence d’un seul animal séropositif [18].

PARATUBERCULOSE ET TUBERCULOSE : PROXIMITÉ GÊNANTE

En raison de leur proximité phylogénétique, certaines espèces de mycobactéries comme Mycobacterium bovis, l’agent de la tuberculose bovine, et Map, l’agent de la paratuberculose, comportent des protéines immuno-dominantes dont l’homologie de séquence est forte [10, 23]. Ces similitudes antigéniques sont responsables de réactions croisées des réponses immunitaires, qu’elles soient cellulaires ou humorales.

Lorsque les ruminants sont immunisés vis-à-vis de Map, à la suite d’une infection naturelle ou de la vaccination, des réactions croisées apparaissent et sont susceptibles d’interférer avec le dépistage de la tuberculose bovine.

En théorie, deux types de tests sont susceptibles d’être utilisés pour le dépistage de la tuberculose, quelle que soit l’espèce de ruminants (bovins, ovins ou caprins) :

– l’intradermotuberculination simple (IDS) avec les extraits protéiques purifiés (proteine purified derivative ou PPD bovine [PPDb]) ou comparative (IDC) (le plus souvent PPDb/PPD aviaire [PPDa], ou parfois PPDb/johnine [PPDj]) ;

– le test interféron-γ (IFN-γ) avec une étape de stimulation des cellules sanguines avec les extraits antigéniques PPDb et/ou PPDa, ou des antigènes recombinants du complexe ESAT6/CFP10, par exemple.

Des interférences sont signalées avec les deux tests.

VACCINATION : AUTORISÉE, MAIS PAS OU PEU DISPONIBLE

La maîtrise de la paratuberculose s’appuie classiquement sur trois actions [3] :

– la réduction de la transmission de l’infection, notamment aux jeunes animaux, par un changement de la conduite d’élevage qui vise à limiter le contact des jeunes avec les matières fécales des adultes à travers l’alimentation et le logement ;

– une diminution de la pression infectieuse (en réduisant les sources animales de l’agent pathogène, et ainsi la contamination environnementale) par un dépistage et une réforme des animaux en phase clinique de la maladie et de ceux reconnus infectés par un test sérologique ou reconnus excréteurs fécaux de Map par une culture ou par polymerase chain reaction (PCR) ;

– l’augmentation de la résistance à l’infection/maladie par le contrôle du parasitisme, la maîtrise de l’équilibre alimentaire des bovins sevrés et la vaccination.

Certaines régions françaises sont particulièrement intéressées par le développement des moyens de lutte médicale et médico-sanitaire contre la paratuberculose. Des demandes d’autorisation de mise sur le marché (AMM) ou d’autorisation temporaire d’utilisation (ATU) contre la paratuberculose ont été adressées à l’Agence nationale du médicament vétérinaire (ANMV). Ces dossiers proposaient de vacciner sans limite d’âge, alors que la réglementation nationale impose une vaccination avant l’âge d’un mois, en raison des interférences avec le dépistage de la tuberculose, notamment(1).

La vaccination contre la paratuberculose est techniquement possible au moyen de vaccins inactivés adjuvés ou à bacilles vivants atténués. En France, le seul vaccin à avoir obtenu une AMM était un vaccin vivant (Neoparasec®). Il n’est plus commercialisé depuis octobre 2001.

Deux vaccins inactivés sont disponibles dans certains pays de l’Union européenne : Gudair® et Silirum®. L’utilisation de Gudair® est en principe réservée aux espèces de petits ruminants, celle de Silirum® aux bovins. Tout comme Mycopar®, commercialisé aux États-Unis, ils sont composés de bactéries entières tuées par la chaleur, adjuvés notamment par des huiles végétales et/ou minérales en émulsion [20].

Des vaccins composés de fractions cellulaires, recombinants, ou à ADN sont en cours d’évaluation [3].

Dans la réglementation française actuelle, la vaccination contre la paratuberculose est autorisée dans les cheptels, sous réserve de la démonstration de l’absence de tuberculose et de la présence de la paratuberculose. Elle doit être réalisée avant l’âge d’un mois et le maintien de la qualification officiellement indemne de tuberculose du cheptel est conditionné à l’obtention de résultats négatifs aux tests d’IDC pratiqués sur les animaux vaccinés âgés de plus de 2 ans ou de plus de 6 semaines pour ceux non vaccinés (photo 1).

Aucun vaccin n’est actuellement disponible sur le marché français, mais le vaccin Gudair® est accessible pour les cabinets vétérinaires dans les espèces caprine, ovine, voire bovine par la procédure de demande d’importation auprès de l’ANMV-Anses. Il est nécessaire de prouver l’existence de la paratuberculose dans le cheptel par des analyses de laboratoire et d’effectuer la demande via le canal de la direction départementale de la protection des populations (DDPP). Les données de l’ANMV-Anses pour 2012 font état d’autorisations d’importation du vaccin Gudair® délivrées pour 60 troupeaux caprins, 26 troupeaux ovins, 10 troupeaux ovins-caprins et 7 troupeaux bovins.

INTÉRÊT DE LA VACCINATION

1. Efficacité

Différentes publications mettent en évidence que la vaccination des ruminants contre la paratuberculose avec un vaccin inactivé présente une certaine efficacité en termes de réduction des signes cliniques et de l’excrétion, et de diminution des lésions observées (encadré, tableau) [1, 3, 8, 14, 17, 20, 30]. Elles reposent néanmoins davantage sur des observations de terrain que sur des études expérimentales.

L’efficacité de la vaccination est constatée dans les trois espèces cibles (bovins, ovins, caprins). La diminution du nombre d’animaux présentant des signes cliniques de paratuberculose et celle de l’excrétion constituent deux éléments particulièrement importants dans les troupeaux fortement infectés et qui enregistrent, de ce fait, des pertes conséquentes. Trois années après la mise en œuvre d’une vaccination, le nombre de cas cliniques et les réformes pour paratuberculose diminuent fortement. L’état corporel des animaux semble également meilleur. La réduction de l’excrétion de Map dans l’environnement (nombre d’animaux excréteurs et intensité d’excrétion) est favorable pour diminuer la pression d’infection et la transmission de type féco-oral.

L’ensemble des auteurs évoqués ci-dessus s’accordent à reconnaître que la vaccination est complémentaire des mesures sanitaires. Celles-ci permettent de limiter les risques de contamination, notamment des jeunes animaux, par leur séparation d’avec leur mère, la diminution de la pression infectieuse en dépistant et en éliminant les animaux les plus excréteurs, et la gestion des déjections. Elles ne peuvent toutefois pas être appliquées de la même manière quel que soit le système de production. Les causes peuvent être zootechniques, avec l’impossibilité de séparer les jeunes des mères dans les productions allaitantes. Elles sont aussi économiques, puisque la détection des infectés dans les troupeaux de petits ruminants coûte cher, en raison du nombre d’animaux dans ces cheptels (photo 2). Dans ces contextes (élevages allaitants et de petits ruminants), le vaccin reste le seul outil aisément utilisable.

Selon des essais à grande échelle sur des ovins (en Islande ou en Australie), une vaccination systématique des jeunes peut, à elle seule, permettre de réduire de manière importante les cas de paratuberculose clinique et les pertes associées [12, 22].

Dans des études de terrain et des contextes de forte prévalence de cas cliniques, la vaccination généralisée de l’ensemble du troupeau semble offrir des effets bénéfiques rapidement. La diminution du nombre de nouveaux cas cliniques serait comparable, voire plus rapide, par rapport à la seule application des mesures sanitaires [4, 9, 13, 16].

Réaliser cette vaccination jusqu’à ce que l’ensemble des animaux du cheptel ait été vacciné est souhaitable. Cette mesure peut être maintenue encore 2 à 3 années supplémentaires pour des troupeaux où la prévalence d’infection est élevée (c’est-à-dire avec de nombreux cas cliniques annuels), le temps que la pression d’infection environnementale baisse de façon significative.

2. Aspects économiques

Selon un modèle épidémiologique récent, la vaccination posséderait un rapport coût/bénéfice supérieur aux autres mesures de lutte [7]. Cela est particulièrement vérifié si le vaccin peut réduire la réceptivité à l’infection ou s’il diminue l’excrétion de manière forte au sein du troupeau, réduisant ainsi les risques d’infection des autres animaux. Or aucun vaccin à l’heure actuelle ne permet d’empêcher l’animal d’être contaminé. Il n’existe donc pas de réduction de la réceptivité. Les seuls bénéfices démontrés d’une vaccination contre la paratuberculose consistent en une réduction du nombre de cas cliniques (c’est-à-dire de la sensibilité) et de l’excrétion.

Pour des troupeaux laitiers avec une forte prévalence de l’infection, la vaccination ne semble pas économiquement aussi rentable qu’une stratégie de contrôle sanitaire. Ce point de vue n’est pas partagé par d’autres auteurs [25].

3. Diminution de l’interférence avec le dépistage de la tuberculose

L’existence de la paratuberculose dans les élevages de bovins français conduit à une interférence avec le dépistage de la tuberculose (erreur par excès). La PPDb utilisée pour l’IDS est en effet peu spécifique. Une réaction non négative peut être observée chez les animaux infectés par d’autres mycobactéries, Map notamment [1]. La réglementation impose alors le blocage du troupeau, pendant au minimum 6 semaines, dans l’attente de la réalisation d’une IDC. Elle permet de comparer la réaction allergique produite par un antigène de M. bovis à celle induite par un antigène de M. avium. Les troupeaux infectés par une mycobactérie tuberculeuse (M. bovis et M. tuberculosis) se distinguent ainsi de ceux infectés par Map ou par une autre mycobactérie non tuberculeuse (xenopi, avium avium, sylvaticum, etc.) [2, 5, 27, 29]. Dans la très grande majorité des cas, le doute sur le statut de l’animal peut être levé par l’emploi d’une IDC à l’échelle du troupeau. Un test IFN-γ peut aussi être réalisé au laboratoire à partir de prélèvements de sang, avec les tuberculines bovine et aviaire ou des antigènes plus spécifiques de la tuberculose (ESAT-6/CFP10) [2, 11, 29].

L’interférence et les mesures réglementaires de blocage qui en résultent sont coûteuses. Elles peuvent engendrer une démotivation des acteurs de terrain qui les su-bissent. Le risque de l’interférence avec Map est d’autant plus grand que la prévalence intra-élevage de l’infection paratuberculeuse est élevée.

L’infection par le bacille paratuberculeux peut également entraîner une diminution de la sensibilité des tests de dépistage de la tuberculose (risque d’erreur par défaut), notamment à l’échelle individuelle [1].

La vaccination contre la paratuberculose des bovins permet de diminuer notablement l’incidence clinique, ainsi que l’excrétion des animaux infectés par Map. Elle réduit donc la pression infectieuse et pourrait limiter, à terme, ces risques d’interférence avec le dépistage de la tuberculose. Elle ne les supprime pas complètement non plus, dans la mesure où il est très difficile d’éradiquer l’infection paratuberculeuse d’un élevage (photo 3).

LIMITES ET RISQUES DE LA VACCINATION

1. Limites de l’efficacité vaccinale

La vaccination avec des vaccins inactivés est globalement efficace pour maîtriser la paratuberculose clinique et réduire l’excrétion à l’échelle d’un troupeau de ruminants, mais, utilisée comme seul moyen de lutte, elle ne permet en aucun cas d’aboutir à l’éradication de l’infection dans un élevage.

Sur le plan individuel, la persistance d’animaux fortement excréteurs malgré cette vaccination est possible et régulièrement signalée [13, 22]. Cela conduit à un risque de dissémination entre cheptels, notamment à l’occasion des transactions commerciales.

2. Interférence négative avec le dépistage de la tuberculose bovine

Il est difficile de tirer des conclusions précises des études bibliographiques traitant de ce point, mais il apparaît que la vaccination contre la paratuberculose avec un vaccin inactivé interfère avec le diagnostic de la tuberculose (photo 4).

Les animaux vaccinés peuvent en effet présenter des réactions positives aux tests explorant l’immunité cellulaire utilisés pour le dépistage de la tuberculose (intradermotuberculination ou test IFN-γ), un certain nombre de mois après leur vaccination [1]. Une forte diminution de la spécificité de l’IDS à la suite de la vaccination contre Map avant l’âge de 6 mois a été montrée tant chez les caprins que chez les bovins [5, 6, 21, 26]. Cette interférence est généralement résolue en réalisant une IDC chez des animaux âgés de plus de 24 mois (photo 5). La spécificité du test IFN-g avec la PPDb est meilleure. Elle est encore améliorée par l’utilisation des antigènes recombinants ESAT6/CFP10 [21, 26]. Le test IFN-γ avec ces antigènes recombinants présente une sensibilité au moins égale à celle de l’IDC pour le dépistage de la tuberculose chez des animaux préalablement vaccinés contre la paratuberculose.

Il n’existe pas suffisamment de données bibliographiques pour déterminer si l’âge à la vaccination constitue ou non un facteur intervenant intrinsèquement dans cette interférence.

Quoi qu’il en soit, il semble illusoire de vacciner des bovins adultes qui seraient soumis au dépistage de la tuberculose par IDS ultérieurement.

3. Interférence avec le dépistage de la paratuberculose bovine

Chez les bovins avec un vaccin vivant ou chez les caprins avec un vaccin inactivé, la vaccination contre la paratuberculose interfère également avec le diagnostic sérologique de la paratuberculose [19, 28]. En effet, chez les animaux vaccinés jeunes (avant l’âge d’un mois) contre la paratuberculose, une séropositivité peut encore être détectée de 18 à 24 mois après la vaccination.

En réduisant l’excrétion des animaux infectés, la vaccination diminue également la probabilité de détecter l’infection lors des opérations de dépistage par culture fécale ou PCR.

Ainsi, la vaccination contre la paratuberculose, tout en participant à la lutte, diminue cependant l’efficacité de certaines mesures sanitaires (détection et élimination d’animaux excréteurs).

4. Risque de démotivation des acteurs de terrain vis-à-vis des mesures sanitaires

Les mesures de lutte sanitaire contre la paratuberculose sont complexes à mettre en œuvre dans les élevages. Elles sont à l’origine de coûts financiers importants (relatifs au dépistage et à la réforme des animaux). Elles génèrent des contraintes de travail qui sont lourdes dans la conduite des élevages (isolement de tout animal présentant une diarrhée, séparation immédiate, avant la buvée de colostrum, des jeunes de leur mère, comblement des mares, gestion des effluents, etc.) [1]. Les éleveurs doivent donc faire preuve de beaucoup de motivation pour mettre en œuvre ces mesures et les maintenir pendant plusieurs années avant de percevoir des améliorations, sans la garantie du succès, à terme.

L’utilisation de la vaccination est habituellement perçue par les éleveurs comme une solution de gestion plus facile et plus efficace que la modification de la conduite d’élevage.

Dans le contexte particulièrement contraignant de la lutte contre la paratuberculose, la disponibilité d’un vaccin peut faire craindre une certaine démobilisation des acteurs pour la mise en œuvre des mesures sanitaires. Celles-ci sont pourtant nécessaires à la maîtrise de l’infection paratuberculeuse dans les élevages et, par ailleurs, utiles pour certaines maladies qui relèvent de l’hygiène générale (diarrhées néonatales, salmonellose, etc.).

Conclusion

La vaccination contre la paratuberculose apparaît, en complément des mesures de lutte sanitaire contre cette maladie, comme un outil utile, voire nécessaire quand la mise en œuvre de ces dernières est rendue difficile par le contexte du cheptel (troupeaux allaitants, très forte prévalence de cas cliniques, grands effectifs, élevages fragilisés sur les plans financier et organisationnel, etc.). Des vaccins inactivés encore non disponibles en France ont fait preuve d’une certaine efficacité dans des pays ou ils sont utilisés. Compte tenu des interférences possibles avec le dépistage de la tuberculose, l’emploi complémentaire de l’outil vaccinal dans la lutte contre la paratuberculose doit toutefois se dérouler dans un cadre réglementaire précis.

  • (1) Article 37 de l’arrêté du 15 septembre 2003 fixant les mesures techniques et administratives relatives à la prophylaxie collective et à la police sanitaire de la tuberculose des bovinés et des caprins.

Références

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Conflit d’intérêts

aucun.

ENCADRÉ
Méta-analyse en 2011 : risques de sous-estimation et de surestimation

Une méta-analyse englobant 118 expérimentations (45 pour l’espèce bovine, 49 pour l’espèce ovine, 24 pour l’espèce caprine) présentées dans 63 rapports et provenant de 14 pays a été publiée récemment [3]. Ces essais sont pour moitié des études de terrain avec des comparaisons avant/après vaccination et, pour l’autre moitié, des comparaisons entre lots vaccinés/non vaccinés. Le plan expérimental peut biaiser l’estimation de l’effet de la vaccination dans un sens ou dans un autre. Une sous-estimation est à craindre dans les comparaisons lots vaccinés/non vaccinés dans un même troupeau, liée à l’amélioration du statut immunitaire global des animaux. Une surestimation est possible lorsque d’autres mesures sont appliquées conjointement à la vaccination.

Des résultats moyens obtenus pour les trois espèces de ruminants et pour les trois catégories d’effets sont proposés. Chaque résultat est un pourcentage de réduction calculé par le ratio fréquence lot témoin-fréquence lot vacciné/fréquence lot témoin, ce calcul étant pondéré par la taille des effectifs impliqués dans les différentes études.

Points forts

→ Certaines régions françaises, surtout celles à dominante caprine ou allaitante, sont intéressées par le développement des moyens de lutte médicale et médico-sanitaire contre la paratuberculose.

→ Bien qu’aucun vaccin à l’heure actuelle n’empêche l’animal de s’infecter, la vaccination permet la réduction des signes cliniques et de l’excrétion, et la diminution des lésions intestinales.

→ En raison des interférences avec le dépistage de la tuberculose bovine, l’utilisation du vaccin contre la paratuberculose n’est autorisée que dans un cadre réglementaire précis.

→ Les mesures sanitaires de lutte contre la paratuberculose sont re-connues nécessaires. Leur utilité s’étend à d’autres maladies. La vaccination, perçue comme “facile”, pouvait démotiver les éleveurs de l’application de mesures sanitaires plus contraignantes.

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