Traitement de la maladie lombo-sacrée chez le chien - Le Point Vétérinaire expert canin n° 330 du 01/11/2012
Le Point Vétérinaire expert canin n° 330 du 01/11/2012

CHIRURGIE CANINE

Analyse d’article

Auteur(s) : Alexandre Caron

Fonctions : VRCC Ltd. 1 Bramston Way, Southfields
Laindon SS15 6TP Essex
United Kingdom

La maladie lombo-sacrée ou syndrome de la queue de cheval est multifactorielle. La dégénérescence du disque intervertébral (de type Hansen II) occupe une place importante dans le développement de la maladie. Une instabilité lombo-sacrée, une anomalie congénitale (vertèbre transitionnelle) et une prolifération des tissus entourant la queue de cheval (souvent liée à l’instabilité) peuvent être présentes [8, 11].

DIAGNOSTIC

Les chiens de grand format, et plus spécifiquement les bergers allemands et autres chiens de travail, sont prédisposés au développement de cette affection [8, 11]. Le plus souvent, une douleur lombo-sacrée est détectée à la palpation/pression ou à la manipulation de la région lombo-sacrée (65 à 70 %) et peut se caractériser par de l’automutilation [11]. Il convient de différencier une douleur à la mobilisation lombo-sacrée et celle à la mobilisation des hanches, qui est associée dans plus de 40 % des cas [11]. Une boiterie postérieure qui peut alterner d’un membre à l’autre (41 %), une difficulté à s’asseoir (23 %) ou à se lever (50,6 %), un refus de réaliser certains exercices (sauter, monter dans la voiture, etc.) peuvent être notés par le propriétaire [8, 11]. Bien souvent, les chiens souffrant de maladie lombo-sacrée sont présentés avec une description de nature orthopédique, plus que neurologique, ce qui constitue un défi pour le vétérinaire. Dans les cas plus marqués, un déficit proprioceptif peut être mis en évidence sur les membres postérieurs (23,7 % des cas), voire des signes d’incontinence urinaire (5,8 %) et/ ou fécale (1,3 %) [11]. L’atrophie musculaire n’est cependant pas rare (30 %) [11].

Le diagnostic différentiel inclut les atteintes orthopédiques des membres postérieurs ainsi que les affections médullaires caudales (spondylodiscite, myélopathie dégénérative, tumeur, autre affection du disque intervertébral, etc.) [8].

Les signes radiographiques de maladies lombo-sacrées sont une sclérose des plateaux vertébraux, une réduction de l’espace intervertébral, voire une subluxation, une spondylose ventrale et parfois la présence d’une opacité aérique au sein du disque intervertébral [11]. La réalisation d’un scanner et/ou d’une imagerie par résonance magnétique (IRM) de la région lombo-sacrée est idéale et recommandée pour le diagnostic de la maladie lombo-sacrée [8]. Une épidurographie peut amener au diagnostic, mais la sensibilité est plus faible. L’électromyographie ou l’analyse de la marche par un plateau de force peuvent apporter des informations, mais ces techniques sont plus intéressantes pour la recherche que pour la pratique clinique.

GESTION NON CHIRURGICALE

Le traitement conservateur est sensiblement le même que dans la gestion du chien arthrosique : anti-inflammatoires non stéroidiens, contrôle de l’activité et régulation du poids [8]. L’ajout de gabapentine peut aider à la disparition des signes cliniques.

Une équipe a étudié l’effet de plusieurs injections péridurales de méthylprednisolone, sans autre traitement associé, dans la gestion de la maladie dégénérative lombo-sacrée. L’évaluation par les propriétaires rapporte un taux de régression des signes cliniques de 79 % avec un taux de guérison de 53 % [6]. Cela semble donc constituer une étape intéressante entre le traitement médical et l’intervention chirurgicale, bien que d’autres études soient requises pour en déterminer plus précisément les effets.

TRAITEMENT CHIRURGICAL

L’objectif de l’intervention chirurgicale est de décomprimer la queue de cheval ainsi que les racines nerveuses et de stabiliser la jonction lombo-sacrée dans les cas d’instabilité. Plusieurs techniques sont décrites : laminectomie dorsale, fenestration discale, foraminotomie/facetectomie, stabilisation ou distraction-fusion lombo-sacrée [8, 11]. La technique choisie dépend des caractéristiques lésionnelles présentes sur les images radiographiques ou l’IRM.

Toutes chirurgies confondues, hormis la distraction-fusion, le taux d’amélioration après l’intervention chirurgicale est de 79 % alors que l’incontinence urinaire régresse plus rarement (38 %) [3, 7, 11]. Le traitement des compressions foraminales par foraminotomie donne de bons résultats cliniques [4].

Une étude rétrospective chez 131 chiens a identifié un taux d’amélioration de 93 % après une laminectomie et une fenestration discale, mais le taux de récidive à long terme dans une autre étude est de 27 %, avec seulement 42 % des chiens capables de travailler 18 mois après l’intervention chirurgicale [2, 10]. L’analyse par plateau de force démontre une amélioration à long terme, avec parfois un retour à la normale [10, 12].

Les techniques de distraction et de stabilisation de la jonction lombo-sacrée sont en plein essor et les résultats associés sont à étudier [5, 9].

Le degré de protrusion discale, l’importance de la “marche d’escalier” entre L7 et S1 et la présence d’incontinence urinaire et/ou fécale sont des facteurs prédictifs de la récupération fonctionnelle [3, 11].

Conclusion

La maladie lombo-sacrée est complexe et peut être délicate à diagnostiquer. Le traitement non chirurgical apporte souvent un résultat satisfaisant, mais les récidives ne sont pas rares. De plus, l’exigence pour un chien de travail n’est pas la même que pour un animal familial. Des études comparant les différents traitements à long terme, au moyen de méthodes d’évaluation objectives telles qu’un plateau de force, sont indispensables.

Un seul cas de maladie lombo-sacrée féline, traitée chirurgicalement avec un résultat très satisfaisant, est rapporté dans les données publiées [1].

Références

  • 1. Cariou MP, Stork CK, Petite AF, Rayward RM. Cauda equina syndrome treated by lumbosacral stabilisation in a cat. Vet. Comp. Orthop. Traumatol. 2008;21(5):462-466.
  • 2. Danielsson F, Sjostrom L. Surgical treatment of degenerative lumbosacral stenosis in dogs. Vet. Surg. 1999;28(2):91-98.
  • 3. De Risio L, Sharp NJ, Olby NJ, Munana KR, Thomas WB. Predictors of outcome after dorsal decompressive laminectomy for degenerative lumbosacral stenosis in dogs: 69 cases (1987-1997). J. Am. Vet. Med. Assoc. 2001;219(5):624-628.
  • 4. Godde T, Steffen F. Surgical treatment of lumbosacral foraminal stenosis using a lateral approach in twenty dogs with degenerative lumbosacral stenosis. Vet. Surg. 2007;36(7):705-713.
  • 5. Hankin EJ, Jerram RM, Walker AM, King MD, Warman CG. Transarticular facet screw stabilization and dorsal laminectomy in 26 dogs with degenerative lumbosacral stenosis with instability. Vet. Surg. 2012 May 18. doi: 10.1111/j.1532-950X.2012.01002.x. [Epub ahead of print]
  • 6. Janssens L, Beosier Y, Daems R. Lumbosacral degenerative stenosis in the dog. The results of epidural infiltration with methylprednisolone acetate: a retrospective study. Vet. Comp. Orthop. Traumatol. 2009;22(6):486-491.
  • 7. Linn LL, Bartels KE, Rochat MC, Payton ME, Moore GE. Lumbosacral stenosis in 29 military working dogs: epidemiologic findings and outcome after surgical intervention (1990-1999). Vet. Surg. 2003;32(1):21-29.
  • 8. Meij BP, Bergknut N. Degenerative lumbosacral stenosis in dogs. Vet. Clin. North Am. Small Anim. Pract. 2010;40(5):983-1009.
  • 9. Smolders LA, Voorhout G, van de Ven R, Bergknut N, Grinwis GC, Hazewinkel HA, et coll. Pedicle screw-rod fixation of the canine lumbosacral junction. Vet. Surg. 2012 Aug;41(6):720-32. doi: 10.1111/j. 1532-950X.2012.00989.x. Epub 2012 Jul 23.
  • 10. Suwankong N, Meij BP, Van Klaveren NJ, Van Wees AM, Meijer E, Van den Brom WE, et coll. Assessment of decompressive surgery in dogs with degenerative lumbosacral stenosis using force plate analysis and questionnaires. Vet. Surg. 2007;36(5):423-431.
  • 11. Suwankong N, Meij BP, Voorhout G, de Boer AH, Hazewinkel HA. Review and retrospective analysis of degenerative lumbosacral stenosis in 156 dogs treated by dorsal laminectomy. Vet. Comp. Orthop. Traumatol. 2008;21(3):285-293.
  • 12. Van Klaveren NJ, Suwankong N, De Boer S, van den Brom WE, Voorhout G, Hazewinkel HA et coll. Force plate analysis before and after dorsal decompression for treatment of degenerative lumbosacral stenosis in dogs. Vet. Surg. 2005;34(5):450-456.

RÉSUMÉ

OBJECTIFS

• Déterminer le positionnement idéal de vis pédiculées dans les corps vertébraux de L7 et S1.

• Étudier l’effet clinique d’un montage vis-clou chez des chiens atteints de maladie dégénérative lombo-sacrée (MDL).

MÉTHODE

• La jonction lombo-sacrée de 2 cadavres est utilisée pour déterminer le positionnement idéal des vis dans L7 et S1. Les points d’entrée dorsaux sont définis. Une direction cranio-médio-ventrale est cherchée avec un ancrage cortical ventral sans pénétration complète. Les angles par rapport aux plans sagittal et frontal sont mesurés.

• Le montage est ensuite placé dans la jonction lombo-sacrée de 6 cadavres de chiens après une évaluation par un scanner et une imagerie par résonance magnétique (IRM). La position des vis est évaluée par un scanner et une IRM.

• Trois greyhounds atteints de MDL sont ensuite opérés, après l’échec du traitement médical, par laminectomie dorsale, discectomie et stabilisation avec le montage vis-clou. Le résultat clinique est évalué régulièrement jusqu’à 18 mois après l’intervention chirurgicale avec un plateau de force. Une analyse histopathologique est finalement effectuée.

RÉSULTATS

• Les angles idéaux d’insertion par rapport aux plans sagittal et frontal sont respectivement de 8,7° et 13,3° pour L7 et 8,2° et 19,7° pour S1. Dans l’étude sur cadavres, le placement des vis était correct dans 67 % des cas. Quatre pénétrations dans le canal vertébral, quatre pénétrations corticales ventrales par plus de 7 mm et trois pénétrations du disque intervertébral sont identifiées.

• Dans l’étude clinique, la disparition de la boiterie et de la douleur est avérée pour les 3 chiens tout au long du suivi. Le placement des vis était incorrect pour 17 % des vis (pénétration du canal vertébral et pénétration corticale ventrale). Une amélioration de la force mesurée sur les membres postérieurs est observée. Aucune fusion des corps vertébraux n’est observée.

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