Les tumeurs gastriques : comparaison entre les formes humaines et canines - Le Point Vétérinaire expert canin n° 330 du 01/11/2012
Le Point Vétérinaire expert canin n° 330 du 01/11/2012

ONCOLOGIE COMPARÉE

Fiche

Auteur(s) : François Serres

Fonctions : Oncovet
Clinique vétérinaire des référés
Avenue Paul-Langevin
59650 Villeneuve-d’Ascq

Les tumeurs gastriques humaines et canines présentent une localisation et un pronostic extrêmement similaire. Le chien constitue un excellent modèle pour cette maladie tumorale souvent fatale, mais de faible incidence.

Les tumeurs gastriques sont la deuxième affection cancéreuse en termes de mortalité rapportée chez l’homme dans les dernières décennies, et représentent plus de 10 % de la mortalité liée au cancer, avec plus de 4 000 nouveaux cas annuels en France. Il s’agit le plus souvent d’adénocarcinomes, situés préférentiellement dans l’antre pylorique, et généralement métastatique au moment du diagnostic, avec un taux de survie à 5 ans, qui reste inférieur à 20 %. Par comparaison, ces tumeurs sont plus rares chez le chien, mais les localisations sont similaires et le pronostic est au moins aussi défavorable.

Épidémiologie et éthiopathogénie

La prévalence des tumeurs gastriques est en diminution globale ces dernières années. Elle semble étroitement liée à la présence de plusieurs facteurs favorisants que constituent le tabagisme (actif et passif), une alimentation riche en sel et pauvre en vitamine A et C. L’exposition à certains agents infectieux, en particulier certaines formes d’Helicobacter, est un facteur favorisant bien démontré. En revanche, une prédisposition génétique est retrouvée seulement dans moins de 5 % des cas.

L’incidence des affections tumorales gastriques est nettement moins importante chez le chien (chez qui elle représente environ 1 % des affections tumorales) et encore plus faible chez le chat. Outre l’exposition à des agents toxiques (principalement nitrosamines), le principal facteur favorisant identifié chez le chien est la prédisposition raciale des bergers belges [3]. Les adénocarcinomes sont largement prédominants, des leiomyosarcomes et lymphomes intestinaux sont plus rarement rencontrés [2, 4].

Diagnostic

La plupart des cas observés chez le chien sont présentés à un stade “symptomatique”, à la suite de vomissements, souvent accompagnés d’une anorexie franche et d’une perte de poids, et de méléna dans 40 % des cas [4]. En dehors d’une anémie ferriprive microcytaire et de rares cas d’hypoglycémie associée à des cas de léiomyosarcome, les examens sanguins ne montrent pas d’anomalie. L’aspect échographique des lésions est souvent très évocateur, mais ne permet pas d’affirmer la nature exacte de la lésion et surtout de définir son opérabilité (l’examen de la petite courbure gastrique et de l’antre pylorique étant souvent partiel, voire impossible) (photo 1).

Si des cytoponctions percutanées permettent souvent d’obtenir un diagnostic rapide, particulièrement dans les cas de tumeur épithéliale et de lymphomes gastriques, la réalisation de biopsies perendoscopiques va préciser l’extension (photos 2 et 3). Un examen tomodensitométrique est recommandé, si un traitement chirurgical est préconisé, l’examen après remplissage de l’estomac par de l’eau identifiant ainsi précisément l’extension de la lésion (photo 4).

Chez l’homme, l’examen tomodensitométrique (thorax et abdomen) reste l’examen de choix pour l’évaluation du stade clinique TNM(1), en complément de l’endoscopie gastrique, qui permet la réalisation de biopsies diagnostiques.

Évolution et traitement

Le pronostic dépend essentiellement de l’extension de l’affection au moment du diagnostic, quelle que soit l’espèce.

Chez l’homme, un geste chirurgical à visée curative n’est envisageable que dans moins de 50 % des cas. Différentes techniques de gastrectomie plus ou moins radicales, éventuellement complétées d’une splénectomie et/ou d’une pancréatectomie sont décrites. Chez le chien, le pronostic est essentiellement lié à l’extension de la maladie au diagnostic : 75 % des cas présentent des lésions métastatiques, le plus souvent abdominales (nœud lymphatique, omentum, foie, plus rarement poumon). Le taux de survie à un an est pratiquement nul [4].

Traitement adjuvant de référence

Pour les lésions non métastatiques au diagnostic, l’intérêt de l’ajout d’une chimiothérapie adjuvante a longtemps fait débat. Récemment, une étude a nettement montré l’intérêt d’une association d’épirubicine, de 5-FU et de platinés (cisplatine) [1]. Pour les formes non opérables, les mêmes molécules sont globalement recommandées. Chez le chien, aucun protocole de référence n’existe, la cyclophosphamide et les dérivés du platine ont été employés.

  • (1) La classification TNM est un système international, proposé par le chirurgien français Pierre Denoix de l’Institut Gustave-Roussy entre 1943 et 1952, afin de classer les cancers selon leur extension anatomique. Plusieurs révisions ont été publiées, la dernière étant la septième édition en 2009. Les trois lettres symbolisent la propagation de la maladie cancéreuse sur le site de la tumeur primitive (T), dans les nœuds lymphatiques voisins (N pour node en anglais) et à distance pour d’éventuelles métastases (M). Chaque lettre est affectée d’un coefficient.

Références

  • 1. Cunningham D et coll. Perioperative chemotherapy versus surgery alone for resectable gastroesophageal cancer. N. Engl. J. Med. 2006;355:11-20.
  • 2. Rivers BJ, Walter PA, Johnston GR et coll. Canine gastric neoplasia: Utility of ultrasonography in diagnosis. J. Am. Anim. Hosp. Assoc. 1997;33:144-155.
  • 3. Scanziani E, Giusti AM, Gualtieri M et coll. Gastric carcinoma in the Belgian shepherd dog. J. Small Anim. Pract. 1991;32:465-469.
  • 4. Swann HM, Holt DE. Canine gastric adenocarcinoma and leiomyosarcoma: a retrospective study of 21 cases (1986-1999) and literature review. J. Am. Anim. Hosp. Assoc. 2002;38:157-164.
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