Bénéfices/risques des corticoïdes lors de hernie discale - Le Point Vétérinaire n° 329 du 01/10/2012
Le Point Vétérinaire n° 329 du 01/10/2012

NEUROLOGIE

Thérapeutique

Auteur(s) : Nicolas Granger*, Hervé Pouliquen**

Fonctions :
*School of Veterinary Sciences, University of Bristol
Langford House, Langford, North Somerset,
Royaume-Uni BS40 5DU
nicolas.granger@bristol.ac.uk
**Auteur-coordinateur

Les corticoïdes ont une action systémique et leurs effets bénéfiques s’accompagnent d’effets indésirables bien identifiés. Leur utilisation doit être raisonnée.

Lors de hernie discale, la prednisone, la prednisolone et la dexaméthasone peuvent être administrées à dose anti-inflammatoire pour contrôler la douleur et l’œdème médullaire (vasogénique). Leur utilisation doit être de courte durée et associée à un repos strict. Il est préférable d’avoir établi un diagnostic avant leur utilisation. Les protocoles comprenant l’injection de fortes doses de méthylprednisolone succinate sodique ne sont pas recommandés. Le traitement des hernies discales entraînant des troubles nerveux de type plégie, incontinence ou perte de la nociception, il ne peut pas être fondé que sur l’administration de corticoïdes et nécessite très souvent le recours à des chirurgies de décompression de la moelle épinière (tableau).

Mécanisme d’action

Les glucocorticoïdes ont une action anti-inflammatoire qui induit une lymphopénie, modifie le fonctionnement des cytokines dans les leucocytes et inhibe les fonctions des macrophages. Ces mécanismes limitent l’inflammation en diminuant le nombre de cellules, la phagocytose, la migration cellulaire et le système de présentation des antigènes. Les glucocorticoïdes inhibent aussi l’activité de la phospholipase qui convertit les phospholipides en acide arachidonique.

Hernies discales extrusives

Lors de hernie cervicale, l’utilisation de corticoïdes n’est pas associée à une amélioration neurologique, contrairement à l’utilisation d’anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) [6]. Lors de hernie thoraco-lombaire, l’utilisation d’AINS ou de méthylprednisolone (à dose anti-inflammatoire) réduit le taux de récidive par rapport à l’utilisation d’autres types de corticoïdes [7]. Cependant, selon une étude et d’après les propriétaires, l’administration de corticoïdes lors de hernie discale thoraco-lombaire est associée à une moins bonne qualité de vie de l’animal par rapport aux AINS [5]. Dans cette même étude, les corticoïdes étaient associés à une moins bonne récupération nerveuse.

Hernies discales protrusives

Lors de spondylomyélopathie cervicale, une étude rapporte que 81 % des cas traités médicalement s’améliorent ou sont stables [3]. Chez certains chiens, et notamment lorsque les déficits nerveux sont plus graves, l’utilisation de dexaméthasone (à dose anti-inflammatoire) semble donner une meilleure réponse. Lors de dégénérescence lombo-sacrée, les corticoïdes ne présentent pas de meilleur résultat que les AINS. En revanche, l’injection épidurale de corticoïdes (trois injections de méthylprednisolone 1 mg/kg à T0, à T + 14 j et à T + 42 j) permet d’améliorer jusqu’à 79 % des cas [4].

Abandon des protocoles méthylprednisolone succinate sodique

Deux études expérimentales menées chez le chien ont examiné les bénéfices de la méthylprednisolone succinate sodique à forte dose (bolus de 30 mg/kg par voie intraveineuse) en comparaison du 21-aminostéroïde et de la décompression chirurgicale. Elles ne démontrent pas de bénéfice [2, 8]. La puissance de ces études reste cependant limitée en raison du faible nombre de chiens utilisés. Un essai clinique randomisé est en cours chez des chiens de clients en Caroline du Nord, États-Unis(1) et devrait fournir de nouvelles informations.

Effets secondaires des corticoïdes

L’utilisation des corticoïdes, à fortes doses ou sur des périodes prolongées, est associée à de nombreux effets secondaires potentiellement dangereux. Les troubles, rapportés chez 30 à 90 % des chiens selon les études, sont des ulcérations gastriques, une perforation du côlon, l’hyperadrénocorticisme iatrogène, la thrombo-embolie pulmonaire, une infection, le diabète sucré et des modifications du comportement [1].

Formations e-Learning

Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »

En savoir plus

Boutique

L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.

En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire

Agenda des formations

Calendrier des formations pour les vétérinaires et auxiliaires vétérinaires

Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.

En savoir plus


Inscrivez-vous gratuitement à notre Newsletter

Découvrez en avant-première chaque mois le sommaire du Point Vétérinaire.

Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire

Retrouvez-nous sur
Abonné au Point Vétérinaire, retrouvez votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr