Intérêts du Méopa et de l’association Méopa-isoflurane en pratique vétérinaire - Le Point Vétérinaire expert canin n° 319 du 01/10/2011
Le Point Vétérinaire expert canin n° 319 du 01/10/2011

ANESTHÉSIE CANINE ET FÉLINE

Article original

Auteur(s) : Thierry Poitte

Fonctions : Clinique vétérinaire
La Croix-Michaud
17630 La Flotte

L’emploi du Méopa nécessite de se former et de prendre des précautions, mais ce gaz présente un intérêt chez les animaux à risques. Son association avec l’isoflurane apparaît très utile pour des procédures ambulatoires.

Le Méopa (mélange équimolaire oxygène-protoxyde d’azote), associe un effet analgésique par diminution du seuil de perception des stimuli douloureux à une action anxiolytique, permettant une relaxation dans un état de sédation consciente (encadrés 1 et 2).

Le Meopa a obtenu une autorisation de mise sur le marché (AMM) en novembre 2001 (Kalinox®, Antasol®, Antonox®, Oxynox®), dans la prévention de la douleur chez l’enfant et l’adulte lors d’actes de soins de courte durée (encadrés 3 et 4).

Il était alors réservé à l’usage hospitalier et aux véhicules de transport d’aide médicale d’urgence.

Depuis l’arrêté du 29 octobre 2009, le Méopa figure sur la liste des spécialités à prescription restreinte, qui comporte quarante et un médicaments dits “hospitaliers” que le vétérinaire peut se procurer pour un usage professionnel exclusif.

L’inscription sur cette liste suppose que le médicament relève d’une véritable innovation, qu’il montre un intérêt certain, que la dose administrée soit maîtrisée et qu’il n’existe pas de solution alternative thérapeutique.

Depuis le 30 novembre 2009, la sortie de la réserve hospitalière est effective, assortie d’une obligation de formation pour les ayants droit.

INDICATIONS

Les indications susceptibles d’être retenues chez l’animal concernent les actes courts diagnostiques et/ou thérapeutiques d’intensité douloureuse légère à modérée (encadré 5, photos 2a, 2b, 3a, 3b, et 4).

CONTRE-INDICATIONS

Le Méopa est contre-indiqué dans les situations comme un traumatisme crânien (risque d’augmentation de la pression intracrânienne), un traumatisme facial empêchant l’application correcte d’un masque, la présence de “cavités” closes dans l’organisme (emboles gazeux, pneumothorax, distension gastrique ou intestinale). En effet, le N2O étant environ 30 fois plus diffusible que l’azote, il pénètre beaucoup plus rapidement dans les cavités aériennes closes que l’azote n’en sort. De ce fait, il en augmente le volume quand leurs parois sont distensibles (estomac et intestin distendus, pneumothorax non drainé) ou la pression intracavitaire quand elles sont rigides (boîte crânienne) [21].

PROCÉDURES D’UTILISATION

Le mélange équimolaire est conditionné dans des bouteilles de 5 l (1,47 m3) ou de 15 l (4,4 m3), remplies à 170 bars selon un procédé breveté. Un système intégré de détente-débitmètre permet une mise en œuvre rapide, simplifiée et en toute sécurité. Un contrôle permanent de l’autonomie de la bouteille est ainsi facilement visualisé (photo 5).

Selon le degré de coopération de l’animal, le système d’inhalation (tuyaux d’alimentation et d’évacuation, ballon de 2 l, filtre antibactérien et valves unidirectionnelles) est relié à un masque, à une collerette Oxyhood® ou à une cage à oxygène.

Le débit est réglé en fonction de la ventilation spontanée de l’animal : 1 à 2 l/min chez le chat, 1 à 6 l/min chez le chien.

L’effet analgésique est acquis après 3 à 5 minutes et perdure tant que l’inhalation du Méopa est maintenue. Les états analgésiques et de sédation consciente disparaissent rapidement après l’arrêt de l’administration (1 à 2 minutes) (encadré 6).

ESSAIS CLINIQUES

1. Résultats des études avec le Méopa seul

→ Durant le second semestre 2008, des essais cliniques de type “validation de concept”ont été menés dans notre clinique. Après un certain temps d’adaptation à la technique, le suivi de 30 cas reprenant les indications ci-dessus a conduit aux résultats suivants :

– 27 succès, c’est-à-dire réalisation du geste diagnostique et/ou thérapeutique sans moyens complémentaires : petites chirurgies d’exérèse, traitements d’othématomes, biopsies cutanées, poses de drains thoraciques, rinçages articulaires, sédations conscientes pour des chats difficiles à manipuler (prises de sang, poses de cathéters, chimiothérapies, etc.) ;

– 3 échecs liés au refus d’acceptation du masque ;

– soit 90 % de réussite.

→ De juin à octobre 2009, 17 vétérinaires investigateurs ont étudié les effets du Méopa sur 199 cas. Les résultats obtenus sont les suivants :

– 145 succès : petites chirurgies sur les chiens (exérèse de verrues, sutures de plaies, biopsies cutanées) et gestion des chats difficiles à manipuler ;

– 54 échecs : petites chirurgies et soins d’abcès chez le chat, extraction de corps étrangers chez le chien ;

– soit 73 % de réussite.

→ La maîtrise de la procédure, notamment grâce à une période de familiarisation de la technique, la justesse des indications et la sélection des “bons” candidats à la procédure Méopa expliquent en partie cette différence de résultats entre la première et la seconde étude. Certaines procédures trop douloureuses ne relèvent pas de l’indication Méopa. Indépendamment de la condition impérative d’un environnement calme, sans stimuli extérieurs, la procédure reste opérateur-dépendante et animal-dépendante. Ainsi, des échecs sont constatés, même en respectant la procédure et en sélectionnant les cas.

→ Le taux de succès de la seconde étude (70 à 80 %), légèrement inférieur à celui qui a été constaté en médecine humaine (80 à 85 %), peut paraître insuffisant et décevoir les vétérinaires [2, 11]. Nous croyons néanmoins au réel intérêt complémentaire de ce mélange dans une stratégie globale de prise en charge de la douleur, notamment chez les animaux à risque (insuffisance cardiorespiratoire, épanchements pleuraux, etc.) (figure 2).

2. Intérêt de l’association Méopa-isoflurane

Aussi, pour s’affranchir de la relative difficulté d’application du masque, du temps d’induction et de la variabilité d’efficacité, nous avons tenté de profiter de l’effet deuxième gaz du N2O (qui améliore la pharmacodynamie du gaz associé) pour obtenir rapidement une combinaison anesthésie-analgésie (tableau 3). L’halogéné choisi est l’isoflurane (encadré 7).

Un évaporateur à isoflurane est ainsi intercalé entre la bouteille de Méopa et le circuit de Bain.

Après la fermeture de la valve APL (pop off ou valve d’échappement du circuit de Bain), l’ouverture de la bouteille de Kalinox® permet de gonfler le ballon. Après réouverture de la valve d’échappement et application du masque, le débit est réglé en fonction du poids de l’animal, 150 à 200 ml/kg/min, ce qui permet un débit suffisant pour éviter un collapsus du ballon. Une concentration maximale d’isoflurane est aussitôt affichée (5 %, photo 8).

L’anesthésie est obtenue entre 30 et 35 secondes, versus 3 à 5 minutes selon une procédure habituelle. Elle se double d’une analgésie apportée par le mélange N2O/O2. 46 cas (39 chats et 7 chiens) ont été suivis dans notre clinique. Le taux de succès (43/46), correspondant à l’obtention d’une anesthésie en moins de 35 secondes est de 93 % (photo 9, vidéos 1 à 7 complémentaires sur www.WK-Vet.fr)

PRÉCAUTIONS D’EMPLOI

→ Concernant les risques liés à une exposition professionnelle prolongée, l’effet tératogène du N2O, qui a été observé chez le rat, n’a jamais été retrouvé chez l’homme. L’étude de 720 000 naissances extraites d’un registre suédois a montré que la fréquence des malformations fœtales congénitales n’est pas plus élevée chez les femmes qui ont reçu du N2O à l’occasion d’une anesthésie chirurgicale pendant le premiertrimestre de leur grossesse, les concentrations inhalées par ces patientes étant 50 000 fois supérieures à celles respirées par une infirmière se tenant à proximité d’un malade inhalant le N2O [1, 17, 18]. Le N2O inactive la vitamine B12 (cobalamine) et perturbe le métabolisme des folates, c’est-à-dire la synthèse d’ADN et de myéline. Cette toxicité ne se manifeste qu’en cas d’inhalation itérative ou prolongée, ou de toxicomanie au N2O. Elle n’apparaît pas dans les conditions normales d’utilisation en anesthésie [10, 14]. Les données restent néanmoins controversées et la plus grande prudence est recommandée.

→ Le N2O est classé comme un polluant par le protocole de Kyoto. C’est le troisième plus important gaz à effet de serre (5 %) à contribuer au réchauffement de la planète, après le dioxyde de carbone (CO2 : 82 %) et le méthane (CH4 : 9 %). Néanmoins, l’utilisation médicale ne représente qu’un très faible pourcentage (3 %) des rejets totaux de N2O dans l’atmosphère (52 % issu de l’agriculture, 27 % de l’industrie, 16 % de l’énergie) [6, 16]. À défaut de matériel spécifique d’évacuation des gaz, une aération régulière des locaux et l’utilisation d’une bouteille mobile permettant des administrations dans des locaux différents peuvent être deux mesures simples pour diminuer les troubles liés à l’exposition professionnelle au N2O, mais, néanmoins, elles ne suppriment pas les risques totalement.

En cas d’administrations prolongées dans un lieu fixe, un système d’évacuation des gaz à l’extérieur doit être mis en place : tuyau de récupération et d’évacuation des gaz expirés par une grille d’aération ou une fenêtre. Il convient de mettre en place un protocole d’utilisation validé par l’ensemble de la clinique et pratiqué par un personnel formé. Les risques d’exposition aux gaz anesthésiques ne doivent pas être sous-estimés, et il en va de la responsabilité du vétérinaire en cas de troubles chez le personnel soignant ou le propriétaire.

→ Les risques liés aux gaz sont connus : combustion (l’O2 et le N2O sont des comburants) et pression élevée dans les bouteilles (200 bars pour l’O2, 170 bars pour le Méopa). Les consignes de sécurité sont identiques à celles qui sont recommandées pour l’oxygénothérapie : ne pas fumer, ne pas approcher une flamme, ne pas graisser, ne pas tenter de réparer un robinet défectueux, ne pas serrer à la pince le manodétendeur-débitmètre, etc.

Conclusion

Le Méopa est un mélange gazeux aux propriétés analgésiques intéressantes. Son utilisation avec succès n’est pas constante, mais il mérite d’être disponible dans les cliniques vétérinaires, notamment pour le contrôle des douleurs induites chez les animaux à risque.

L’association avec l’isoflurane permet une anesthésie de type “on-off”, dans des conditions de reproductibilité et de sécurité optimales, et autorise un bon nombre de procédures en ambulatoire.

Références

  • 1. Aldridge LM, Tunstall ME. Nitrous oxide and the fetus. A review and the results of a retrospective study of 175 cases of anaesthesia for insertion of Shirodkar suture. Br. J. Anaesth. 1986;58:1348-1356.
  • 2. Annequin D, Carbajal R, Chauvin P, Gall O, Tourniaire B, Murat I. Fixed 50 % nitrous oxide-oxygen mixture for painful procedures. A French survey. Pediatrics. 2000;105:E47.
  • 3. Baskett PJF. Nitrous oxide in pre-hospital care. Acta Anaesthesiol. Scand. 1994;38:775-776.
  • 4. Bouffet E, Douard MC, Annequin D, Castaing MC, Pichard-Léandri E, au nom du groupe « Douleur » de la Société française d’oncologie pédiatrique (SFOP). La douleur de la ponction lombaire. Résultats de 2 années de réflexion au sein de la Société française d’oncologie pédiatrique. Arch. Pédiatr. 1996;3:22-27.
  • 5. Dale O, Husum B. Nitrous oxide : from frolics to a global concern in 150 years. Acta Anaesthesiol. Scand. 1994;38:749-750.
  • 6. Dale O, Husum B. Nitrous oxide : at threat to personnel and global environment? Acta Anaesthesiol. Scand. 1994;38:777-779.
  • 7. Eger EI II. Pharmacokinetics. In: Eger EI II, ed. Nitrous oxide/N2O. Arnold, London. 1985:81-107.
  • 8. Fang F, Guo TZ, Davies MF, Maze M. Opiate receptors in the periaqueductal gray mediate analgesic effect of nitrous oxide in rats. Eur. J. Pharmacol. 1997;336:137-141.
  • 9. Frost AEM. A history of nitrous oxide. In: Eger EI II, ed. Nitrous oxide/N2O. Arnold, London. 1985:1-22.
  • 10. Gillman MA. Haematological changes caused by nitrous oxide. Cause for concern? [editorial]. Br. J. Anaesth. 1987;59:143-146.
  • 11. Giraud C, Galene E, Begue D, Tixier C, Clement P. Utilisation et effets indésirables du mélange analgésique protoxyde d’azote/oxygène 50/50 (mole/mole) : évaluation du suivi de l’ATU de cohorte du laboratoire pharmaceutique SOL France. J. Pharm. Clin. 2004;23:1-14.
  • 12. Irestedt L. Current status of nitrous oxide for obstetric pain relief. Acta Anesthesiol. Scand. 1994;38:771-772.
  • 13. Jevtovic-Todorovic V, Todorovic SM, Mennerick S et coll. Nitrous oxide (laughing gas) is an NMDA antagonist, neuroprotectant and neurotoxin. Nat. Med. 1998;4:460-463.
  • 14. Koblin DD, Tomerson BW, Waldman FM, Lampe GH, Wauk LZ, Eger EI II. Effect of nitrous oxide on folate and vitamin B12 metabolism in patients. Anesth. Analg. 1990;71:610-617.
  • 15. Larcan A, Laprevote-Heully MC, Voltz C. Analgésie obtenue lors du transport des blessés et malades à l’aide d’un mélange équimoléculaire protoxyde d’azote-oxygène [lettre]. Presse Méd. 1978;7:1855.
  • 16. Logan M, Farmer JG. Anaesthesia and the ozone layer. Br. J. Anaesth. 1989;63:645-647.
  • 17. Mazze RI. Nitrous oxide during pregnancy [editorial]. Anaesthesia. 1986;41:897-899.
  • 18. Nunn JF. Nitrous oxide and pregnancy [letter]. Anaesthesia 1987;42:427-428.
  • 19. Parbrook GD, Rees GAD, Robertson GS. Relief of post-operative pain-Comparison of 25 % nitrous oxide and oxygen mixture with morphine. Br. Med. J. 1964;2:480-482.
  • 20. Richebe P, Rivat C, Laulin JP, Maurette P, Simonnet G. Ketamine improves the management of exaggerated postoperative pain observed in perioperative fentanyl-treated rats. Anesthesiology. 2005;102:421-428.
  • 21. Seaberg DC, Yealth DM, Ilkhanipour K. Effect of nitrous oxide analgesia on pneumothorax. Acad. Emerg. Med. 1995;2:287-292.
  • 22. Stenqvist O. Nitrous oxide kinetics. Acta Anaesthesiol. Scand. 1994;38:757-760.
  • 23. Zacny JP, Conran A, Pardo H et coll. Effects of naloxone on nitrous oxide actions in healthy volunteers. Pain. 1999;83(3):411-418.

ENCADRÉ 1
Protoxyde d’azote (gaz hilarant)

→ Historique

Au début du XIXe siècle, le N2O était utilisé dans les foires et autres cirques afin d’augmenter le seuil des rires de la foule. À cette époque, les arracheurs de dents, les ancêtres de nos dentistes, exerçaient également sur les foires et avaient remarqué que les patients ayant inhalé ce gaz étaient moins algiques (photo 1).

Les premières applications ont ainsi concerné la dentisterie et ont été ensuite reprises par le Dr Wells, qui a réalisé la première anesthésie générale à Boston. La chirurgie a dès lors progressé de façon considérable, la douleur étant avec l’infection les deux grands facteurs limitant son développement [5, 9].

Enfin, au XIXe siècle, au Royaume-Uni, Snow eut l’idée de faire respirer du N2O entre deux contractions à la reine Victoria, connue pour avoir des accouchements longs et difficiles. Cette méthode, alors populairement appelée “anesthésie à la reine”, a eu un succès retentissant et a été largement appliquée.

→ Propriétés

Le N2O se présente sous la forme d’un gaz inodore, incolore, une fois et demie plus dense que l’air. Il a la particularité d’être peu soluble : son coefficient de partage (ml gaz/ml sang) est le plus faible des gaz médicaux (0,49).

Sa captation tissulaire est donc modérée, ce qui explique sa faible puissance anesthésique, mais ce qui permet aussi d’obtenir une concentration alvéolaire très importante, et, en conséquence, un gradient de pression très marqué.

Ces propriétés sont à l’origine de l’effet deuxième gaz. Lors de l’administration simultanée de N2O, d’O2 et d’un autre agent anesthésique inhalé, sa captation rapide entraîne une élévation relative de la concentration alvéolaire des autres gaz [7, 22].

Il s’agit donc d’un agent très maniable (cible rapidement atteinte et décroissance alvéolaire rapide à l’arrêt de l’administration).

ENCADRÉ 2

Mécanismes de l’action analgésique du N2O

→ Action opioïde-like

Des études de liaison in vitro ont montré que le N2O agissait directement sur les récepteurs supraspinaux opioïdes µ, δ et κ.

À la concentration de 25 volume % dans l’O2, insuffisante pour provoquer une perte de connaissance, il établit une analgésie équivalente à celle produite par 15 mg de morphine par voie intramusculaire [6].

Les propriétés euphorisantes du N2O sont à rapprocher de celles des analgésiques opioïdes se liant aux récepteurs κ. Enfin, lors du test de retrait de la queue par stimulation thermique, la naloxone, antagoniste des morphiniques, supprime l’effet analgésique du mélange équimolaire N2O/O2 [7].

→ Augmentation des contrôles inhibiteurs

L’activation des voies inhibitrices descendantes se fait par libération de sérotonine, de noradrénaline et d’opioïdes endogènes dans les couches superficielles de la corne dorsale de la moelle épinière. Le N2O augmente le relargage de la noradrénaline et active les neurones gaba-ergiques [8].

→ Antagonistes des récepteurs NMDA

Lors de stimulations algiques répétées, une sensibilisation du système nerveux central (neurones à convergence dits WDR [wide dynamic range], localisés dans la couche V de la moelle épinière) se produit via les récepteurs NMDA. La glutamine et les ions Mg2+ se fixent sur ces récepteurs NMDA et induisent leur modification structurelle en ouvrant les canaux calciques intrarécepteurs, permettant un transfert massif d’ions. Progressivement, les neurones WDR deviennent hyperpolarisés et hypersensibles au moindre stimulus. Les conséquences cliniques sont l’hyperalgésie (douleur accrue pour un stimulus douloureux) et l’allodynie (douleur pour un stimulus non douloureux). Au même titre que la kétamine, il a été montré in vitro et in vivo chez l’animal que le N2O comme agent anti-NMDA participe à la réduction des phénomènes de sensibilisation centrale per- et postopératoires (figure 1) [9, 10].

ENCADRÉ 3
Effets pharmacologiques du Méopa chez l’homme

→ Analgésie

La dépression du système nerveux central est proportionnelle aux concentrations inhalées :

– entre 40 et 60 %, l’analgésie apparaît sans perte de conscience en 3 à 5 minutes ;

– entre 60 et 70 %, l’effet anesthésique est prononcé en 6 à 7 minutes ;

– entre 80 et 90 %, une dépression cardiovasculaire hypoxique s’installe ;

– à 100 %, la perte de conscience survient en 1 minute, suivie d’une paralysie bulbaire, d’une apnée et d’un arrêt cardiocirculatoire.

→ Anxiolyse, amnésie

Les propriétés anxiolytiques ont été rapportées dans de nombreuses études, notamment en soins dentaires pour les patients phobiques.

Les propriétés amnésiantes ont été observées par de nombreux auteurs, avec modification du souvenir de l’intensité douloureuse et donc une appréhension atténuée des soins douloureux répétés.

Le réflexe laryngé est conservé, ce qui évite les fausses déglutitions et ne rend plus indispensable la mise à la diète préalable.

ENCADRÉ 4
Indications chez l’homme

→ Selon l’autorisation de mise sur le marché, le Méopa est indiqué chez l’enfant et l’adulte dans la prévention de la douleur lors d’actes de soins de courte durée tels que :

– l’analgésie en aide médicale urgente (traumatologie, brûlés, transport de patients douloureux) ;

– la ponction lombaire ;

– le myélogramme ;

– la petite chirurgie superficielle ;

– les pansements ;

– la réduction de fractures et de luxations ;

– les ponctions veineuses ;

– les soins dentaires en milieu hospitalier chez l’enfant et les patients anxieux ou handicapés ;

– en obstétrique, dans l’attente d’une péridurale ou en cas de refus ou d’impossibilité de la réaliser (tableau 1) [12-15].

Il s’agit ainsi de répondre à la prévention des douleurs induites qui sont de courte durée, causées par le médecin ou une thérapeutique dans des circonstances de survenue prévisibles et susceptibles d’être évitées par des mesures adaptées.

→ Les douleurs induites par les examens ou les soins font partie de celles qui sont les plus redoutées par nos concitoyens (tableau 2).

ENCADRÉ 5
Indications chez l’animal

Le Méopa est indiqué pour les actes suivants :

– la ponction veineuse ;

– la pose de cathéters et de drains ;

– le myélogramme ;

– la petite traumatologie ;

– les sutures cutanées ;

– les nettoyages d’abcès ;

– les retraits d’épillets ;

– l’exérèse de verrues ;

– le sondage urinaire ;

– la prise en charge du syndrome urologique félin ;

– les biopsies cutanées ;

– les ponctions abdominales, thoraciques, péricardiques ;

– les injections douloureuses ;

– les rinçages articulaires ;

– le changement des pansements orthopédiques ;

– la réalisation d’examens échographiques chez les animaux indociles ;

– la prise de clichés radiologiques (positions inconfortables ou douloureuses) ;

– la prise en charge du chat agressif : examens, perfusions, etc. ;

– la prise en charge des NAC.

Points forts

→ Le Méopa est un mélange équimolaire oxygène-protoxyde d’azote aux vertus analgésiques et de sédation consciente.

→ Le Méopa peut être utilisé avec profit pour la gestion des douleurs induites, mais nécessite une bonne connaissance de ses indications et de ses précautions d’emploi.

→ La recherche de ses effets anxiolytiques et de sédation consciente est souvent déterminante pour la manipulation de chats difficiles (peureux ou agressifs).

→ L’association avec l’isoflurane permet une anesthésie de type “on-off”, dans des conditions de reproductibilité et de sécurité optimales, et autorise un bon nombre de procédures en ambulatoire.

→ La maîtrise des procédures Méopa et Méopa-isoflurane nécessite un temps d’apprentissage et de familiarisation de la technique.

ENCADRÉ 6
Conseils pour bien réussir l’analgésie

Les points essentiels, conditionnant la réussite de l’analgésie, sont :

– la mise en confiance de l’animal ;

– l’administration dans le calme ;

– le respect des 3 minutes d’inhalation avant le geste diagnostique et/ou thérapeutique ;

– l’administration d’un débit suffisant pour éviter le collapsus du ballon ;

– le maintien sans interruption du masque bien appliqué sur la face de l’animal pour prévenir les fuites (photos 6 et 7).

ENCADRÉ 7
Rappels

L’isoflurane est un gaz halogéné dont la concentration alvéolaire minimale est de 1,28 % chez le chien et 1,63 % chez le chat. Il permet d’obtenir en 4 à 5 minutes une dépression du système nerveux central et des fonctions cardiorespiratoires, et une augmentation du débit sanguin cérébral. Il sensibilise peu (moins que l’halothane) le myocarde à l’effet arythmogène des catécholamines. Ses effets secondaires sont une baisse de la pression artérielle, dose-dépendante et variable selon l’état de santé de l’animal, une faible hausse de la pression intracrânienne et une diminution de la température corporelle.

Formations e-Learning

Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »

En savoir plus

Boutique

L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.

En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire

Agenda des formations

Calendrier des formations pour les vétérinaires et auxiliaires vétérinaires

Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.

En savoir plus


Inscrivez-vous gratuitement à notre Newsletter

Découvrez en avant-première chaque mois le sommaire du Point Vétérinaire.

Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire

Retrouvez-nous sur
Abonné au Point Vétérinaire, retrouvez votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr