Leiomyosarcome canin : généralités, diagnostic, traitement et pronostic - Le Point Vétérinaire expert canin n° 316 du 01/06/2011
Le Point Vétérinaire expert canin n° 316 du 01/06/2011

ONCOLOGIE CANINE

Fiche

Auteur(s) : Clément Spyckerelle

Fonctions : Centre hospitalier d’enseignement vétérinaire
pour animaux de compagnie (Chevac),
VetAgro Sup, Campus vétérinaire de Lyon,
1, avenue Bourgelat, 69280 Marcy-L’Étoile

Le léiomyosarcome est une tumeur maligne des cellules musculaires lisses, agressive localement mais de croissance lente.

Le léiomyosarcome (LMS) est une des tumeurs gastro-intestinales les plus fréquentes chez le chien (près d’un quart des tumeurs de l’intestin) avec les tumeurs d’origine épithéliales (adénocarcinome) et les lymphomes (encadré 1). L’ensemble du tractus digestif peut être concerné, avec une prédilection pour le jéjunum et le cæcum [5]. Des cas concernant la cavité orale, l’œsophage et l’estomac ont également été rapportés [2, 7]. La rate, le foie, l’appareil génito-urinaire (utérus, prostate, rein, vessie), l’appareil cardiovasculaire (péricarde, artère pulmonaire) et le tissu cutané (pilo- et angioLMS) sont également décrits comme des sites possibles de développement de la tumeur [1, 3, 8, 9, 11, 12, 13].

POUVOIR MÉTASTATIQUE

Le pouvoir métastatique du LMS est modéré : généralement inférieur à 50 % pour les formes intra-abdominales, excepté si le site primaire concerne le foie, où il est de 100 %. Aucune métastase n’est notée pour les formes cutanées. Dans les formes gastro-intestinales, les sites métastatiques les plus fréquents sont les nœuds lymphatiques régionaux, le mésentère et le foie. La rate, les reins et le péritoine peuvent aussi être atteints [5, 9]. Des métastases pulmonaires ont été rapportées dans un cas de LMS de la prostate et des métastases épicardiques dans un cas de LMS de l’artère pulmonaire [1, 3].

ÉPIDÉMIOLOGIE

Le LMS concerne les chiens âgés sans prédisposition de race ni de sexe. Les mâles seraient néanmoins surreprésentés dans les formes gastro-intestinales avec une localisation gastrique préférentielle.

PRÉSENTATION CLINIQUE

La présentation clinique n’est pas spécifique et peut inclure une apathie, une dysorexie, une perte de poids, une polyuro-polydypsie, des vomissements, ou une diarrhée. Des syndromes paranéoplasiques sont décrits, notamment associés aux formes gastro-intestinales, comme l’hypoglycémie, le diabète insipide néphrogénique et l’érythrocytose (ou polyglobulie) secondaire [4].

Lors de formes intra-abdominales, où la taille de la tumeur est importante, une palpation minutieuse permet de mettre cette dernière en évidence. Une douleur ou un inconfort abdominal peuvent aussi être signalés.

EXAMENS COMPLÉMENTAIRES

Hormis une éventuelle anémie (microcytaire et hypochrome lorsqu’associée à des saignements digestifs) et les rares cas de polyglobulie ou d’hypoglycémie paranéoplasique, les analyses biochimiques et hématologiques sont normales. L’échographie représente l’examen complémentaire de choix, surtout pour toutes les formes intra-abdominales. Elle permet souvent de déterminer l’origine de la tumeur, de réaliser le bilan d’extension régional et à distance, et de pratiquer des cytoponctions ou des biopsies échoguidées. La radiographie est peu sensible pour les formes intra-abdominales. En revanche, elle est utile pour l’exploration des formes intra-orales et la recherche de métastases pulmonaires. L’endoscopie (pour les formes œsophagiennes) et la tomodensitométrie sont aussi des moyens d’investigation très intéressants (photos 2 et 3). Enfin la laparotomie exploratrice reste une technique fiable pour les formes intra-abdominales. Elle permet les prélèvements nécessaires à l’analyse histologique sur laquelle repose le diagnostic définitif (encadré 2).

TRAITEMENT

Le traitement de choix est chirurgical. Après exérèse carcinologique, une excellente médiane de survie est rapportée dans les formes gastro-intestinales (18 à 38 mois). Le pronostic est moins bon pour les formes spléniques (médiane de survie à 8 mois) et devient sombre pour les formes hépatiques, avec une médiane nulle [5, 9, 10]. Pour les formes cutanées un faible nombre de récidives est observé et uniquement lorsque les marges ne sont pas suffisantes [11].

L’observation de métastases lors du diagnostic ne péjorerait pas le pronostic [5, 9]. Mais cette conclusion n’est pas partagée par tous, avec par exemple des médianes de survie après chirurgie de LMS gastro-intestinal de 15 mois en l’absence de métastase et de 3 mois dans le cas contraire [6]. La réalisation de biopsies des sites potentiels de métastase reste donc conseillée en cas de doute.

Références

  • 1. Bacci B, Vignoli M, Rossi F et coll. Primary prostatic leiomyosarcoma with pulmonary metastases in a dog. J. Am. Anim. Hosp. Assoc. 2010;46(2):103-106.
  • 2. Boy SC, Van Heerden WF, Steenkamp G. Diagnosis and treatment of primary intraoral leiomyosarcomas in four dogs. Vet. Rec. 2005;156(16):510-513.
  • 3. Callanan JJ, McCarthy GM, McAllister H. Primary pulmonary artery leiomyosarcoma in an adult dog. Vet. Pathol. 2000;37(6):663-666.
  • 4. Cohen M, Post GS. Nephrogenic diabetes insipidus in a dog with intestinal leiomyosarcoma. J. Am. Vet. Med. Assoc. 1999;215(12):1818-1820.
  • 5. Cohen M, Post GS, Wright JC. Gastrointestinal leiomyosarcoma in 14 dogs. J. Vet. Intern. Med. 2003;17(1):107-110.
  • 6. Crawshaw J, Berg J, Sardinas JC et coll. Prognosis for dogs with nonlymphomatous, small intestinal tumors treated by surgical excision. J. Am. Anim. Hosp. Assoc. 1998;34(6):451-456.
  • 7. Farese JP, Bacon NJ, Ehrhart NP et coll. Oesophageal leiomyosarcoma in dogs: surgical management and clinical outcome of four cases. Vet. Comp. Oncol. 2008;6(1):31-38.
  • 8. Fews D, Scase TJ, Battersby IA. Leiomyosarcoma of the pericardium with epicardial metastases and peripheral eosinophilia in a dog. J. Comp. Pathol. 2008;138(4):224-228.
  • 9. Kapatkin AS, Mullen HS, Matthiesen DT et coll. Leiomyosarcoma in dogs: 44 cases (1983-1988). J. Am. Vet. Med. Assoc. 1992;201(7):1077-1079.
  • 10. Liptak JM, Forrest LJ. Soft tissue sarcomas. In: Withrow SJ, Vail DM (eds). Small animal clinical oncology. 4th edition. Elsevier Saunders, Saint-Louis. 2007:425-454.
  • 11. Liu SM, Mikaelian I. Cutaneous smooth muscle tumors in the dog and cat. Vet. Pathol. 2003;40(6):685-692.
  • 12. Sato T, Aoki K, Shibuya H et coll. Leiomyosarcoma of the kidney in a dog. J. Vet. Med. A. Physiol. Pathol. Clin. Med. 2003;50(7):366-369.
  • 13. Tsioli VG, Gouletsou PG, Loukopoulos P et coll. Uterine leiomyosarcoma and pyometra in a dog. J. Small Anim. Pract. 2011;52(2):121-124.

ENCADRÉ 1
Caractéristiques échographiques du léiomyo-sarcome gastro-intestinal

Le léiomyosarcome gastro-intestinal est caractérisé par une masse d’échogénicité mixte avec un centre hypo- à anéchogène de nécrose qui se développe depuis la musculeuse (photo 1). Son origine est toutefois difficile à reconnaître en raison de sa grande taille et de sa tendance à croître de manière asymétrique et excentrique.

ENCADRÉ 2
Ne pas confondre les leiomyosarcomes et les tumeurs stromales gastro-intestinales

Les leiomyocarcomes (LMS) gastro-intestinaux peuvent être confondus avec les tumeurs stromales gastro-intestinales (GIST). Pour être rigoureux, le diagnostic de certitude du LMS doit reposer sur l’analyse histologique classique complétée par un examen immunohistochimique. En effet, le LMS se distingue par une forte positivité à l’actine et à la desmine tandis que les GIST expriment le récepteur à la tyrosine kinase c-kit [10]. Cette analyse immunohistochimique, peu réalisée en pratique, s’effectue sur un prélèvement inclus en bloc de paraffine, à partir de la pièce formolée transmise par le vétérinaire. Elle est disponible dans les écoles vétérinaires (coût moyen 85 €).

REMERCIEMENTS

Aux Drs Thomas Chuzel, Mélanie Pastor, Juliette Sonet et Anaïs Mermet-Gerlat.

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