UROLOGIE FÉLINE
Analyse d’article
Auteur(s) : Mathieu Faucher
Fonctions : Clinique vétérinaire Alliance
8, boulevard Godard
33300 Bordeaux
Alors que les obstructions urétérales sont de plus en plus souvent rencontrées, les sténoses urétérales sont rarement rapportées chez le chat [8, 10]. Cette étude rétrospective en décrit les aspects chez 10 chats.
La présentation clinique des sténoses urétérales est non spécifique et comparable à celle des obstructions urétérales pour d’autres raisons. Dans une étude portant sur 163 cas d’urétérolithiase, les éléments de l’anamnèse les plus fréquemment rencontrés sont une diminution de l’appétit, un abattement et des vomissements [7].
La biologie révèle des degrés variables d’azotémie, d’hyper-phosphatémie, et la plupart des patients ont une densité urinaire basse, ce qui suggère une atteinte fonctionnelle du rein controlatéral. Cela est également rencontré lors d’urétérolithiases qui, lorsqu’elles sont unilatérales, sont accompagnées d’une azotémie dans 76 % des cas [7].
L’imagerie médicale montre une obstruction urétérale sans élément intraluminal faisant obstacle à l’écoulement de l’urine. Le site sténosé est proximal dans la plupart des cas (70 %). L’hyperéchogénicité du tissu péri-urétéral autour du site sténosé n’a jamais été rapportée pour d’autres causes d’obstruction urétérale et pourrait constituer un signe d’appel.
Chez 4 chats, la sténose est identifiée sur le site d’une ancienne urétérotomie. Le délai qui sépare la chirurgie urétérale de la présentation de l’animal pour des signes de sténose urétérale va de 5 jours à plusieurs années. Cette complication peut donc être précoce comme tardive : un suivi échographique régulier à long terme est recommandé. Les sténoses semblent survenir moins souvent que précédemment rapporté après une chirurgie de l’uretère, avec 1 cas sur 101 chirurgies dans une étude [8].
Chez 4 chats, la sténose est associée à un uretère rétrocave et située proximalement au croisement de l’uretère avec la veine cave caudale. L’uretère rétrocave représente une anomalie congénitale rare, dans laquelle l’uretère (droit le plus souvent) passe dorsalement à la veine cave caudale et décrit une inflexion faisant résistance au flux urinaire [1, 9]. Cette anomalie peut être associée à d’autres malformations congénitales comme des vertèbres transitionnelles (1 chat dans cette étude), un shunt porto-systémique, un situs inversus [5]. L’uretère rétrocave a été découvert lors de l’intervention chirurgicale chez ces chats, sa prévalence a donc pu être sous-estimée car 3 chats n’ont pas été opérés.
Chez 2 chats, une hématurie rénale idiopathique a été suspectée. En entraînant une inflammation ou des lésions urétérales lors du passage d’un caillot, par exemple, une hématurie rénale peut prédisposer un chat au développement d’une sténose urétérale. Cependant, le saignement peut aussi être urétéral et les 2 chats ne sont plus hématuriques après le traitement de leur sténose.
Chez 2 chats, la sténose urétérale est considérée comme primitive.
Le traitement le plus utilisé dans cette étude est la pose d’un stent urétéral. Les stents de l’uretère ont récemment été rapportés comme une solution alternative à la chirurgie dans la gestion des obstructions urétérales chez le chat [2, 3]. Leur placement peut se faire de manière chirurgicale ou perendoscopique avec un taux de succès global rapporté de 94 % [2, 6]. Chez l’homme, les stents urétéraux sont changés régulièrement afin de prévenir les infections secondaires et l’incrustation de l’implant. Chez le chat, une étude rapporte 17 ou 18 stents patents et bien tolérés sur le long terme [3]. Les complications rapportées chez le chat incluent une strangurie, une mauvaise position ou une migration du stent, un traumatisme urétéral, une hématurie ou une infection urinaire [2, 3]. Dans cette étude, 5 chats présentent une infection urinaire et 4 d’entre eux portent un stent. Chez 1 chat, une obstruction du stent est constatée 3,5 mois après la pose. Les propriétaires de l’animal ayant décliné une nouvelle intervention, un by-pass urétéral sous-cutané est mis en place. Cette technique consiste à aboucher au sein d’un dispositif sous-cutané un tube de néphrostomie avec un tube de cystostomie. Elle a récemment été décrite chez le chat et est actuellement en cours d’évaluation [2, 4].
Le traitement chirurgical seul comporte plusieurs options. Une urétéronéphrectomie peut être envisagée lorsque la participation du rein obstrué à la fonction rénale globale est jugée négligeable. Une résection urétérale suivie d’un réabouchement peut être choisie lorsque la sténose est suffisamment distale. Enfin, l’acte chirurgical peut être combiné à la pose d’un stent, notamment pour prévenir la formation d’une nouvelle sténose sur le site de réabouchement. Cette étude comporte trop peu de cas pour pouvoir comparer les différentes modalités de traitement, mais un essai rétrospectif portant sur des urétérolithiases rapporte un fort taux de complications et un taux de mortalité allant de 18 à plus de 30 % en fonction du type de chirurgie effectué [8]. Il est probable que le traitement par radiologie interventionnelle, lorsqu’il sera mieux connu et plus disponible, supplante la prise en charge chirurgicale des obstructions urétérales.
Chez 2 chats, le traitement est uniquement médical. L’un d’entre eux n’est pas malade au moment du diagnostic, les propriétaires n’ont pas voulu traiter la sténose et l’animal a survécu.
La sténose urétérale doit faire partie du diagnostic différentiel de l’obstruction urétérale chez le chat. Elle peut survenir sur le site d’une ancienne chirurgie de l’uretère, mais également être associée à une urétérolithiase, à une hématurie essentielle ou à un uretère rétrocave. Le pronostic à long terme peut être bon si des techniques interventionnelles sont disponibles.
OBJECTIFS
Décrire les aspects étiologiques, anamnestiques, cliniques, diagnostiques et thérapeutiques des sténoses urétérales chez le chat.
MÉTHODE
Le diagnostic de sténose urétérale doit être établi par au moins deux des quatre moyens suivants : échographie abdominale, urétéropyélographie anté- ou rétrograde, exploration chirurgicale ou histopathologie. Les animaux ne doivent pas présenter d’autre cause possible d’obstruction urétérale.
RÉSULTATS
• Dix chats sont inclus. Les signes cliniques les plus fréquents sont une anorexie, un abattement ou des vomissements. L’azotémie et l’hyperphosphatémie sont fréquentes. Les urines sont peu concentrées chez 8 chats.
• L’échographie abdominale montre une hydronéphrose et un diamètre médian de la dilatation urétérale de 4 mm. Le site de l’obstruction se situe à une distance médiane de 3,5 cm du pelvis rénal (de 1 à 6 cm). Une hyperéchogénicité du tissu péri-urétéral autour du site sténosé est identifiée dans 6 cas. Une urétérolithiase non obstructive est présente dans 4 cas.
• L’urétéropyélographie antégrade révèle une sténose complètement obstructive dans 3 cas sur 6.
• Le traitement est uniquement médical dans 2 cas, un stent urétéral est placé chirurgicalement dans 5 cas et par endoscopie dans 1 cas, et 2 chats subissent un traitement chirurgical sans la pose d’un stent. Un uretère droit rétrocave est identifié lors de la chirurgie chez 4 animaux.
• Des complications postprocédurales sont identifiées chez 4 animaux, mais tous survivent.
• Deux animaux présentent une infection urinaire à l’admission et 3 autres après le traitement de leur sténose.
• La médiane de survie après la sortie est supérieure à 294 jours. Quatre chats meurent pendant la période de suivi dont 3 chats pour des raisons indépendantes de leur sténose urétérale.
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