MÉDECINE INTERNE CANINE
Analyse d’article
Auteur(s) : Catherine Laffort
Fonctions : Clinique vétérinaire
8, boulevard Godard
33300 Bordeaux
Les panniculites sont des atteintes inflammatoires du tissu adipeux sous-cutané. Elles sont rares chez le chien. Elles sont caractérisées cliniquement par l’apparition de nodules sous-cutanés plus ou moins douloureux, fermes et bien limités ou a contrariomous et à contours flous. Ces nodules peuvent être isolés, groupés ou disséminés, et s’observent principalement sur le tronc et les membres. Lors de lésions anciennes, ils peuvent être fixés aux tissus sous-jacents ou se fistuliser et laisser sourdre un liquide de couleur variable [2, 7].
Le plus souvent les panniculites localisées sont liées à des causes exogènes : corps étranger, inflammation post-injection, infection, traumatisme.
Les panniculites généralisées ou multifocales reflètent plutôt une atteinte endogène métabolique ou systémique (affection pancréatique, lupus érythémateux systémique par exemple) [2]. Dans une étude cependant, dans laquelle la majorité des cas a présenté des lésions généralisées, l’implication de traumatismes physiques liés à l’acte chirurgical a été proposée comme explication possible au développement d’une panniculite nodulaire stérile (PNS) [8]. La présence de signes systémiques (hyperthermie, abattement, anorexie et parfois arthralgies) est fréquente lors de panniculite à localisations multiples [2, 7, 8].
Dans un certain nombre de cas, aucune cause ne peut être mise en évidence, il s’agit alors de panniculite nodulaire stérile idiopathique (PNSI). Les races teckel, caniche et colley pourraient y être prédisposées [2, 3, 7, 8].
Les auteurs de l’étude sélectionnée ont choisi d’étudier rétrospectivement les dossiers de chiens atteints de PNSI et de signes généraux associés à la PNSI et/ou à une affection intercurrente. Devant la rareté des cas, il est en effet difficile d’envisager une étude prospective. Des cas cliniques et des séries rétrospectives ont déjà été publiés, et il est parfois difficile de les comparer en raison de critères d’inclusion variables et du caractère rétrospectif de ces études. La plus ancienne de ces séries concerne 78 cas de panniculite, la plus récente, publiée en 2007, porte sur 43 cas de PNS [6, 8].
Les critères d’inclusion de l’étude choisie sont plus stricts que dans les deux autres séries. Pour pouvoir qualifier ces cas d’idiopathiques, il a été en effet nécessaire d’éliminer les causes infectieuses, mais également les traumatismes, les corps étrangers, les réactions post-injection, les réactions médicamenteuses, les morsures d’insecte, les vascularites et les tumeurs. La recherche d’agents pathogènes a inclus classiquement la réalisation de colorations histopathologiques spéciales, de cultures bactériennes en aéro- et anaérobioses, de cultures fongiques ou mycobactériologiques à partir de biopsies fraîches. Les auteurs soulignent qu’il peut être nécessaire, en fonction des cas, d’avoir également recours à des sérologies, à l’immunohistochimie ou à la PCR, notamment pour exclure l’implication de Leishmania spp. ou de Bartonella [1, 5].
L’exploration de l’atteinte systémique a été rigoureuse, bien que le caractère rétrospectif de l’étude choisie ne permette pas la réalisation systématique de tous les examens souhaités. Dans ce contexte, il n’est pas étonnant que de nombreuses atteintes intercurrentes aient été identifiées et ce d’autant plus que l’âge moyen au moment du diagnostic des chiens enrôlés était de 9 ans. Pour autant, il est difficile de faire un lien entre toutes ces affections et la PNSI. Les maladies pancréatiques, l’arthrite rhumatoïde, le lupus érythémateux systémique et peut-être la colite lymphoplasmocytaire pourraient selon les auteurs de cette étude être directement liés à la PNSI. Dans la série de 43 cas de PNS publiée en 2007, une grande proportion des cas a présenté une atteinte systémique, un seul cas de pancréatite a été diagnostiqué. Pour confirmer l’association entre PNSI et certaines de ces atteintes intercurrentes (autres que les maladies pancréatiques ou les affections à médiation immunitaire pour lesquelles un consensus se dessine à la lueur des cas cliniques canins décrits et des apports de la littérature médicale), une comparaison avec un groupe témoin de chiens atteints de panniculites autres que les PNSI est nécessaire. La recherche d’un déficit en α1-antitrypsine n’a été effectuée chez aucun chien de cette série, il a pourtant été évoqué comme facteur favorisant du développement des PNSI [4, 5, 8].
La plupart des auteurs s’accordent pour considérer la PNSI comme une maladie systémique hétérogène avec différentes causes possibles. Elle est contrôlée avec un traitement immunosuppresseur quel que soit le nombre de lésions, même si pour certains, face à une lésion isolée, une exérèse chirurgicale peut être proposée [3, 6, 7, 8].
OBJECTIFS
• Étudier rétrospectivement 14 cas de panniculite nodulaire stérile idiopathique associés à des signes systémiques ou à une maladie intercurrente.
• Décrire les caractéristiques cliniques et histopathologiques, les modifications des examens de laboratoire ou d’imagerie médicale observées dans cette entité.
• Rapporter la réponse au traitement des différentes options thérapeutiques.
MÉTHODE
• Les dossiers cliniques des animaux reçus entre 1996 et 2008 au College régional de médecine vétérinaire (Virginia, Maryland) ont été revus rétrospectivement. Les animaux inclus dans cette étude sont ceux pour lesquels ?: un diagnostic de panniculite a été confirmé par un spécialiste en histopathologie, aucune cause, en particulier infectieuse, n’a pu être identifiée, et chez lesquels des signes généraux étaient présents.
• Différentes données anamnestiques, cliniques, paracliniques et thérapeutiques ont été collectées.
RÉSULTATS
Tous les chiens présentent des nodules sous-cutanés. Chez neuf d’entre eux, ils sont ulcérés ou fistulisés. L’association avec des signes généraux est fréquente. Les principales anomalies notées sur les examens de laboratoire sont une neutrophilie, une augmentation des phosphatases alcalines, une hypoglycémie modérée, une hypoalbuminémie et une protéinurie. Les maladies intercurrentes signalées sont des affections pancréatiques, un lupus érythémateux systémique, une arthrite rhumatoïde, une polyarthrite, une colite lymphoplasmacytaire et une maladie hépatique. Une bonne réponse à des doses immunosuppressives de corticostéroides a été observée, le pronostic est fonction de la cause sous-jacente.
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