OPHTALMOLOGIE FÉLINE
Cas clinique
Auteur(s) : Anthony Bartolo
Fonctions : Clinique vétérinaire
28, avenue de Royan,
17130 Montendre
Un chat persan mâle âgé de 1 an est présenté pour un blépharospasme et un épiphora unilatéral consécutifs à un ulcère cornéen. Un séquestre cornéen s’installe progressivement.
Le chat présente une douleur oculaire et une gêne marquées. Il se frotte l’œil gauche depuis quelques jours et son état général se détériore. L’examen rapproché met en évidence un ulcère cornéen superficiel ovoïde au centre de la cornée, sans anomalie palpébrale ou ciliaire, ni commémoratif de traumatisme. Un épiphora légèrement muqueux marqué est aussi observé. Le test de Schirmer est dans les limites de la normale. Un traitement médical topique est instauré avec du chloramphénicol, de l’acide hyaluronique et de l’atropine. Lors des contrôles, la douleur semble gérée, mais la profondeur et l’étendue de l’ulcère restent stables. Une couleur ambrée s’installe progressivement au centre de celui-ci. La fluorescéine se fixe alors uniquement aux marges de la coloration. Le diagnostic de séquestre cornéen est établi. La coloration s’intensifiant et l’ulcère restant atone malgré le changement d’antibiotique, une exérèse du séquestre, suivie d’un comblement du site par du Vet BioSis® est entreprise. La recherche de l’herpèsvirus sur la pièce d’exérèse se révèle négative.
Le séquestre cornéen est une affection oculaire fréquente chez le chat, particulièrement chez les persans (forte prédisposition), les sacrés de Birmanie et les siamois. Des cas ont été rapportés chez le cheval et, récemment, chez un chien. L’âge moyen d’apparition est de 2 à 7 ans, sans prédisposition sexuelle. Le séquestre correspond à une nécrose du stroma antérieur et de l’épithélium cornéen, se caractérisant en début d’atteinte par une pigmentation ambrée de nature mélanique, s’intensifiant avec le temps et pouvant évoluer en une plaque indurée marron noirâtre. Celle-ci est ronde ou ovale, généralement située au centre de la cornée, et s’étend sur une partie variable pouvant aller jusqu’à 50 % de la surface. Le séquestre est souvent superficiel, mais le stroma profond peut être atteint, avec un risque de perforation. Des signes de douleur associée sont fréquemment notés, ainsi qu’un œdème cornéen et une néovascularisation. Le plus souvent unilatéral, le séquestre peut être bilatéral, affectant les deux yeux de manière concomitante ou différée.
Bien que l’étiologie ne soit pas connue avec précision, il est admis que le séquestre se développe à la suite d’une irritation chronique de la cornée, par exemple une kératite chronique (fréquente chez les brachycéphales), une anomalie palpébrale ou ciliaire (entropion, trichiasis, cil ectopique, etc.), une anomalie qualitative ou quantitative du film lacrymal ou une infection par l’herpèsvirus félin (FHV1). Selon les études, 20 à 80 % des séquestres cornéens sont dus à une infection par FHV1 chez les persans. Il convient donc d’effectuer une PCR (polymerase chain reaction) pour le rechercher dans ce contexte. Les ulcères chroniques, les dystrophies cornéennes et les kératotomies linéaires appartiennent aux facteurs prédisposants. Chez le persan, des séquestres peuvent toutefois se développer sans cause apparente. Si une anomalie sous-jacente a été identifiée, elle doit être traitée en premier lieu. Un séquestre superficiel faisant protrusion disparaît parfois en plusieurs mois, voire en plusieurs années. Il est préférable d’effectuer une chirurgie d’exérèse de la totalité de la partie pigmentée par kératectomie lamellaire dans les cas douloureux, profonds ou évoluant rapidement. L’association d’une technique de comblement (lambeau conjonctival, greffe, transposition cornéenne) semble limiter largement les récidives par rapport à une kératectomie seule.
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