OTOLOGIE CANINE
Analyse d’article
Auteur(s) : Catherine Laffort
Fonctions : Clinique vétérinaire
8, boulevard Godard
33300 Bordeaux
L’otite externe résulte d’une association de facteurs (prédisposants, primaires, secondaires, perpétuants) qui modifie les caractéristiques physiques et microbiologiques du conduit auditif externe et conduit à une inflammation [7]. Parmi les facteurs perpétuants qui aggravent les signes cliniques et empêchent la résolution de l’otite, les infections bactériennes et fongiques sont extrêmement fréquentes, et apparaissent précocement au cours de la maladie [7].
Les agents pathogènes les plus fréquemment incriminés sont Staphylococcus pseudintermedius, Malassezia pachydermatis et Pseudomonas aeruginosa. Les deux premiers font partie de la flore normale du conduit auditif externe (CAE), tandis que P. aeruginosa y est toujours considéré comme pathogène [7].
L’émergence de bactéries multirésistantes, en particulier de staphylocoques méthicilline-résistants, a conduit récemment à reconsidérer les modalités thérapeutiques proposées lors d’otite infectieuse pour trouver des solutions alternatives à l’antibiothérapie locale et/ou systémique. Il s’agit d’éviter de sélectionner des souches multirésistantes ou de traiter des infections impliquant des agents pathogènes résistants aux antibiotiques disponibles en médecine vétérinaire.
De nouveaux protocoles voient ainsi le jour avec des solutions auriculaires antiseptiques associant, par exemple, Tris-EDTA et chlorhexidine ou bien acide salicylique, docusate de sodium, PCMX, EDTA et monosaccharides [6]. Ces solutions, aujourd’hui classées parmi les nettoyants auriculaires, sont classiquement utilisées pour laver le conduit auditif avant l’application d’un topique antibiotique et antifongique. Un possible effet potentialisateur de l’association Tris-EDTA-chlorhexidine avec une antibiothérapie locale (enrofloxacine) a déjà été rapporté [2]. Une étude publiée en 2007 a comparé l’efficacité antimicrobienne in vitro de plusieurs nettoyants auriculaires sur une souche de chacun des agents pathogènes parmi les plus fréquents lors d’otite infectieuse [8]. Un produit similaire (Tris-EDTA, chlorhexidine à 0,15 %) avait été testé, il était moins efficace qu’Otodine® sur les staphylocoques. Les auteurs de l’étude sélectionnée mettent cette variation sur le compte de différences dans la formulation des deux produits (le solvant d’Otodine®, le propylène glycol, possède également des propriétés antimicrobiennes) ou d’un profil de sensibilité plus réduit de la souche de staphylocoque utilisée par Swiney et coll. En effet, la méthodologie mise en œuvre dans les deux essais est identique. Elle ne peut donc expliquer cette divergence d’efficacité.
Cette méthodologie cherche à s’approcher le plus possible des conditions cliniques d’utilisation avec, par exemple, un temps de contact court (30 minutes) entre la solution antiseptique et les micro-organismes. Dans l’étude choisie, l’activité antimicrobienne in vitro de quelques souches bactériennes a également été testée après un temps de contact de 10 minutes (recommandé par le fabricant). Cette diminution du temps de contact n’a pas affecté les concentrations minimales bactéricides. Il n’en reste pas moins que, in vivo, la présence de pus ou de cérumen dans le conduit auditif externe peut diluer les agents anti-infectieux ou altérer leur efficacité, et procurer une protection physique aux agents pathogènes. Des essais in vivo sont donc nécessaires pour corroborer ces résultats prometteurs.
Quelques-uns sont disponibles pour Otodine®. Ils confirment l’intérêt de ce produit en situation clinique. Certains sont des travaux ouverts menés par la même équipe que celle de l’étude choisie [2, 3]. Les résultats préliminaires d’une étude européenne randomisée contre placebo ont récemment été présentés : la solution Otodine® est, en elle-même, capable de réduire les scores cliniques et cytologiques lors d’otite bactérienne lorsqu’elle est administrée une fois par jour pendant 14 à 28 jours [5].
Des résultats similaires sont également disponibles pour un topique auriculaire associant acide salicylique, docusate de sodium, PCMX, EDTA et monosaccharides (EpiOtic®) : plusieurs études pilotes in vivo montrent qu’EpiOtic® permet à lui seul de diminuer les signes cliniques et cytologiques lors d’otite externe [1, 4].
L’utilisation de solutions auriculaires antiseptiques permet d’optimiser le traitement des otites externes à composante infectieuse chez le chien.
Plusieurs études pilotes semblent également montrer leur intérêt lorsqu’elles sont utilisées en l’absence de traitement antibiotique ou antifongique local ou systémique. Des essais randomisés contre placebo sur un plus grand nombre d’animaux sont maintenant nécessaires avant de recommander leur utilisation en monothérapie.
OBJECTIFS
• Déterminer l’efficacité in vitro d’un antiseptique auriculaire (Otodine®) contre différents agents pathogènes.
• Comparer la sensibilité des staphylocoques résistants ou sensibles à la méthicilline vis-à-vis de l’association chlorhexidine/Tris-EDTA.
MÉTHODE
Cent cinquante échantillons ont été sélectionnés pour déterminer l’efficacité antimicrobienne in vitro d’un nettoyant auriculaire antiseptique contenant de la chlorhexidine et du Tris-EDTA vis-à-vis des espèces bactériennes et fongiques les plus fréquemment rencontrées lors d’otite chez le chien. Plusieurs souches de Staphylococcus aureus méthicilline-résistantes (MRSA) et de Staphylococcus pseudintermedius méthicilline-résistantes (MRSP) ont également été testées. Chaque micro-organisme a été incubé pendant 30 minutes avec des dilutions sériées du topique antiseptique. Des aliquots de chaque solution ont ensuite ensemencé des géloses au sang pour les bactéries ou un milieu de Sabouraud pour les Malassezia afin d’observer la pousse des agents pathogènes survivants.
RÉSULTATS
Bien que les concentrations nécessaires pour éradiquer totalement les micro-organismes varient selon l’espèce, le topique auriculaire testé a démontré une activité in vitro vis-à-vis de tous les agents pathogènes rencontrés lors d’otite chez le chien. Les espèces les plus sensibles ont été Staphylococcus pseudintermedius et Malassezia (élimination avec une dilution au 64e) ; la destruction de bactéries à Gram négatif a nécessité des dilutions moindres (1/8 pour Pseudomonas aeruginosa et 1/4 pour Proteus mirabilis). Aucune différence significative n’a été observée entre les souches de staphylocoques méthicilline-résistantes ou méthicilline-sensibles.
Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »
L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.
En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire
Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.
Découvrez en avant-première chaque mois le sommaire du Point Vétérinaire.
Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire