ENDOCRINOLOGIE CANINE
Analyse d’articles
Auteur(s) : Mathieu Faucher
Fonctions : Clinique vétérinaire Alliance
8, boulevard Godard
33300 Bordeaux
L’hypercorticisme est une endocrinopathie fréquemment rencontrée chez le chien. Il est dû le plus souvent à une tumeur pituitaire (hypercorticisme central, ou HCC) ou surrénalienne (hypercorticisme périphérique, ou HCP). La différenciation de ces deux formes est primordiale car elle conditionne le traitement et le pronostic. Une fois le diagnostic d’hypercorticisme établi, de nombreux examens permettent de faire la distinction. L’échographie abdominale est ainsi un outil très accessible et utilisé en première intention. Le premier critère échographique est la symétrie des surrénales. Une épaisseur normale à augmentée sur les deux surrénales est attendue lors d’HCC et une masse surrénalienne associée à une atrophie de la surrénale opposée caractérise l’HCP. À côté de ces deux situations univoques, il existe des cas d’asymétrie surrénalienne pour lesquels l’origine centrale ou périphérique de l’hypercorticisme n’est pas claire d’emblée. C’est ce que les auteurs appellent l’“asymétrie surrénalienne équivoque”.
Les auteurs ont choisi de classer les chiens en fonction de leur concentration plasmatique en ACTH. Il y a peu, cette mesure n’était pas considérée comme parfaite, avec une “zone grise” comprise entre 10 et 45 pg/ml [1]. Une étude récente a testé la valeur de l’ACTH plasmatique dosée par une méthode immuno-luminométrique sur une large cohorte de chiens présentant un hypercorticisme (109 individus). Aucun chevauchement n’a été observé entre les valeurs de l’ACTH plasmatique des chiens à HCC (de 6 à 1 250 pg/ml) et celles des chiens à HCP (< 5 pg/ml) [5]. Cette technique de dosage a permis de classer les chiens de cet essai en HCC ou en HCP de manière univoque.
La mesure échographique choisie dans cette étude est l’épaisseur des surrénales. En effet, elle est la seule à avoir montré une corrélation avec les mesures directes.
Les chiens à HCP présentent une épaisseur de la surrénale la plus grosse (ESG) significativement plus élevée que ceux à HCC. Cependant, les valeurs de l’ESG montrent un chevauchement important. Les auteurs prennent pour exemple une valeur seuil de 20 mm proposée par certains pour départager les deux formes d’hypercorticisme : 5 chiens à HCP présentent une ESG inférieure à 20 mm et 5 chiens à HCC, une ESG supérieure à 20 mm. Cette valeur ne peut donc pas être employée seule pour établir l’origine d’un hypercorticisme.
Dans ce travail, l’épaisseur de la surrénale la plus petite (ESP) permet de classer correctement la majorité des chiens. Un seul animal de chaque groupe présente une ESP de 5 mm. Une esp inférieure à 5 mm est trouvée chez tous les autres individus du groupe HCP et une esp supérieure à 5 mm chez tous les autres chiens du groupe HCC. Les auteurs comparent leurs résultats avec ceux de deux études précédentes [3, 4]. Une contradiction est présente pour les chiens à HCP : la mesure de l’ESP n’est pas systématiquement inférieure à 5 mm. Une classification erronée en HCP ou en HCC est évoquée ; elle repose sur des critères indirects dans une étude et sur une absence de freinage après freination faible à la dexaméthasone dans l’autre.
Une préservation de la forme des surrénales lors d’HCC est classiquement rapportée. Ce travail montre qu’une modification d’apparence (2 chiens présentent une surrénale ronde) peut toutefois se rencontrer chez ces animaux.
Une hétérogénéité du parenchyme surrénalien est parfois présente lors d’HCC (10 chiens sur 28 dans cette étude). Elle est alors due à une hyperplasie nodulaire corticale [2].
Une compression des structures vasculaires adjacentes est identifiée chez 3 chiens à HCC, suggérant que ce critère n’est pas adapté à l’identification d’une néoplasie surrénalienne.
Les auteurs rappellent que ces critères sont extraits des rapports d’imagerie de manière rétrospective et qu’ils ne sont pas définis avec précision. Leur analyse est donc soumise à des biais, d’autant plus si des opérateurs différents ont conduit les examens.
L’asymétrie surrénalienne équivoque est une situation clinique qui peut être déroutante et induire le clinicien en erreur. Par exemple lors d’HCC, si une asymétrie surrénalienne est confondue avec une tumeur surrénalienne, une surrénalectomie peut être pratiquée alors qu’elle n’est pas indiquée.
Même si l’échographie reste un outil dont les performances dépendent de l’opérateur et du matériel employé, cette étude rapporte pour la première fois un critère échographique objectif permettant de déterminer l’origine centrale ou périphérique d’un hypercorticisme chez le chien en cas d’asymétrie surrénalienne.
OBJECTIFS
• Comparer les données échographiques des chiens atteints d’hypercorticisme central (HCC) ou périphérique (HCP).
• Définir des critères échographiques permettant de distinguer les HCC des HCP.
MÉTHODE
Cette étude rétrospective inclut des chiens présentant des signes cliniques et biologiques compatibles avec un hypercorticisme (HC), au moins un test endocrinien diagnostique et une catégorisation en HCC ou en HCP selon une mesure univoque du niveau plasmatique d’hormone adréno-cortico-trophine (ACTH). Une asymétrie surrénalienne, définie comme un rapport de différence d’épaisseur (RDE) supérieur ou égal à 0,2, doit être identifiée à l’échographie. L’épaisseur de la surrénale la plus grosse (ESG) et celle de la surrénale la plus petite (ESP) servent à calculer le RDE selon la formule : 2 x (ESG – ESP)/(ESG + ESP).
RÉSULTATS
Quarante-sept chiens sont inclus, dont 19 à HCP et 28 à HCC.
Une hypertrophie nodulaire de la surrénale la plus grosse (SG) est identifiée chez 28 chiens (20 HCC et 8 HCP) et une forme ronde chez 13 chiens (2 HCC et 11 HCP, différence significative). Une hétérogénéité de la SG est présente chez 20 chiens (10 HCC et 10 HCP). Une compression des structures vasculaires adjacentes est notée chez 9 chiens (3 HCC et 6 HCP, différence non significative).
La médiane de l’ESG est de 12,7 mm chez les HCC et de 27 mm chez les HCP (différence significative). La médiane de l’ESP est de 7,5 mm chez les HCC et de 3 mm chez les HCP (différence significative). Le RDE est de 47 % chez les HCC et de 157 % chez les HCP (différence significative).
Un seuil d’ESP de 5 mm est associé à une sensibilité de 100 % et à une spécificité de 96 % dans la distinction entre les HCC et les HCP.
Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »
L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.
En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire
Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.
Découvrez en avant-première chaque mois le sommaire du Point Vétérinaire.
Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire