CARDIOLOGIE DU LAPIN : AFFECTIONS ET TRAITEMENT - Ma revue n° 020 du 01/01/2020 - Le Point Vétérinaire.fr
Ma revue n° 020 du 01/01/2020

CARDIOLOGIE

Dominantes pathologiques : démarche diagnostique et traitement

Auteur(s) : Sylvain Larrat

Fonctions : (MSc, DES, dipl. ACZM)
Clinique Benjamin-Franklin
38, rue du Danemark
ZA Porte Océane 2
56400 Brech/Auray

Le tableau clinique et les paramètres échocardiographiques permettent d’identifier les maladies cardiaques, souvent sous-diagnostiquées chez le lapin de compagnie, et d’envisager les différentes options thérapeutiques.

Les lapins, comme les autres espèces de mammifères, sont susceptibles de présenter des troubles cardiaques. Bien que le lapin soit un modèle de recherche en cardiologie, les publications cliniques concernant cette espèce sont peu nombreuses. Cet article vise à sensibiliser à l’existence de ces affections, et à encourager leur diagnostic.

SIGNES D’APPEL DES MALADIES CARDIAQUES

Le lapin est une espèce proie qui maintient un semblant de normalité plus longtemps que le chien ou le chat. Bien que les signes cliniques évocateurs d’une maladie cardiaque (intolérance à l’effort, fatigabilité accrue, etc.) soient similaires à ceux des carnivores domestiques, leur détection est souvent tardive [6]. En outre, ces signes sont peu lisibles par la plupart des propriétaires.

EXAMEN CARDIAQUE

L’utilisation d’un stéthoscope pédiatrique est recommandée pour l’auscultation cardiaque. En consultation, les lapins sont le plus souvent stressés, avec une fréquence cardiaque variant entre 200 et 300 battements par minute. La détection de souffles peut être singulièrement compliquée par la tachypnée, les bruits respiratoires se superposant aux bruits cardiaques. Par ailleurs, une pression excessive sur le thorax peut occasionner un souffle non pathologique dû à la modification du flux sanguin dans le ventricule droit [10].

EXAMENS COMPLÉMENTAIRES

La radiographie permet une évaluation sommaire de la silhouette cardiaque, située entre la deuxième et la cinquième ou la troisième et la sixième côte, selon les individus. Chez les lapins obèses, la graisse péricardique peut augmenter la taille de la silhouette cardiaque.

L’échocardiographie chez le lapin suit les mêmes principes que chez les carnivores domestiques (photo 1). Certains paramètres échocardiographiques sont corrélés au poids de l’animal (ou à sa race) et doivent être interprétés en les comparant aux données issues de lapins de poids similaire (tableau 1) [2].

Comme chez le chien ou le chat, un électrocardiogramme permet de qualifier des troubles du rythme.

MALADIES CARDIAQUES RECENSÉES CHEZ LES LAPINS

En l’absence de séries de cas bien documentés, il est difficile d’identifier des dominantes pathologiques cardiaques chez le lapin (photo 2).

À l’examen échographique de lapins en bonne santé, les régurgitations valvulaires semblent courantes et n’entraînent pas nécessairement de signes cliniques. Les régurgitations aortiques sont les plus fréquentes, suivies par les régurgitations tricuspides et pulmonaires [2].

Les cardiomyopathies sont peu documentées chez les lapins, mais ils sont très sensibles à celles induites par le stress, par vasoconstriction catécholamines dépendante des artères coronaires et ischémie [10]. Des cas d’insuffisance cardiaque congestive sont rapportés dans la littérature [7, 8]. Des anomalies congénitales, telles que des communications interventriculaires ou interauriculaires, sont décrites chez des lapins de compagnie [5, 9]. Une forme héréditaire d’anomalie du tronc pulmonaire affecte certaines souches de lapins de laboratoire [3].

L’infection au coronavirus de lapin est susceptible de provoquer des myocardites, des troubles du rythme et des mortalités par arrêt cardiaque [1].

TRAITEMENT

L’utilisation de plusieurs médicaments à visée cardiaque est bien documentée chez le lapin (tableau 2). Ils ont notamment comme particularité une sensibilité marquée aux effets toxiques du bénazépril, qu’il convient d’éviter ou d’utiliser avec prudence [10]. Par ailleurs, le glycopyrrolate (qui dispose d’une autorisation de mise sur le marché vétérinaire) est à préférer à l’atropine dans la gestion des bradycardies dans la mesure où 75 % des lapins possèdent des atropinestérases circulantes physiologiques [4].

Références

  • 1. Alexander LK, Keene BW, Yount BL et coll. ECG changes after rabbit coronavirus infection. J. Electrocardiol. 1999;32:21-32.
  • 2. Casamian-Sorrosal D, Saunders R, Browne WJ et coll. M-mode, two-dimensional and Doppler echocardiographic findings in 40 healthy domestic pet rabbits. J. Vet. Cardiol. 2014;16:101-108.
  • 3. Crary DD, Fox RR. Hereditary vestigial pulmonary arterial trunk and related defects in rabbits. J. Hered. 1975;66:50-55.
  • 4. Harrison PK, Tattersall JEH, Gosden E. The presence of atropinesterase activity in animal plasma. Naunyn Schmiedebergs Arch. Pharmacol. 2006;373:230-236.
  • 5. Hildebrandt N, Leuser C, Miltz D et coll. Restrictive ventricular septal defect in a dwarf rabbit. Tierärztl. Prax. Ausg. K Kleintiere Heimtiere. 2016;44:59-64.
  • 6. Huston SM, Ming-Show Lee P, Quesenberry KE et coll. Cardiovascular disease, lymphoproliferative disorders and thymomas. In: Ferrets, rabbits, and rodents, 3rd edition, Elsevier. Clin. Med. Surg. 2012;(20):257-268.
  • 7. Lord B, Devine C, Smith S. Congestive heart failure in two pet rabbits. J. Small Anim. Pract. 2011;52:46-50.
  • 8. Martin MW, Darke PG, Else RW. Congestive heart failure with atrial fibrillation in a rabbit. Vet. Rec. 1987;121:570-571.
  • 9. Nakata M, Miwa Y, Chambers JK et coll. Ostium secundum type of atrial septal defect in a rabbit. J. Vet. Med. Sci. 2018;80:1325-1328.
  • 10. Pariaut R. Cardiovascular physiology and diseases of the rabbit. Vet. Clin. North Am. Exot. Anim. Pract. 2009;12:135-144.

Conflit d’intérêts : Aucun

CONCLUSION

La discrétion des signes de maladie cardiaque et le manque de documentation chez le lapin sont vraisemblablement responsables d’un sous-diagnostic des maladies cardiaques. Il est donc important de les rechercher à l’examen clinique, et de les inclure dans le diagnostic différentiel en cas de signes compatibles.

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