Société
ANALYSE GENERALE
Auteur(s) : Par Anne-Claire Gagnon
Le Conseil national de l’Ordre des vétérinaires (CNOV) lance une campagne de sensibilisation contre les violences sexistes et sexuelles et un dispositif de signalement pour les vétérinaires et ASV. Une première étape pour libérer la parole et adapter les actions. Entretien avec Corinne Bisbarre (L 85), responsable de la commission sociale nationale.
Pourquoi le CNOV se saisit-il pour la première fois de la question des violences sexistes et sexuelles (VSS) ?
Comme pour la société civile, la sensibilisation de l’Ordre à cette cause a été progressive, en partie grâce à la connaissance de faits graves de violences sexistes et sexuelles (VSS) commis par des vétérinaires traduits en chambre de discipline ou en justice. Le nombre croissant de conseillères ordinales a aussi permis de mettre en avant ce sujet. En parallèle, l’Ordre a découvert des agissements inadaptés de la part de vétérinaires sur des auxiliaires spécialisés vétérinaires (ASV) en formation, souvent des jeunes femmes.
L’initiative actuelle est issue de demandes d’élues régionales en faveur de la création d’une commission dédiée ; la commission sociale a été chargée de cette responsabilité. Depuis l’automne 2024, le CNOV travaille sur cette question, en lien avec l’association Soins aux professionnels de santé (SPS). Afin de commencer un premier bilan de la situation, les ordres régionaux et la commission de justice du conseil national ont été interrogés. Le CNOV souhaite, avec la mise en place de l’adresse e-mail dédiée, vss@ordre.veterinaire.fr, recueillir des témoignages et réaliser un état des lieux1.
Qui va répondre sur l’adresse e-mail dédiée ? Cette déclaration sera-t-elle suivie d’un accompagnement ?
En tant que responsable de la commission sociale nationale, je recueillerai les témoignages et les victimes seront réorientées vers Vétos-entraide, la plateforme SPS, voire la plateforme AG2R du Syndicat national des vétérinaires d’exercice libéral (SNVEL). Par ailleurs, les référents sociaux régionaux pourront suivre les formations à l’écoute et aux VSS proposées par SPS, puisque nous avons conclu un partenariat ouvrant cette possibilité. Vétérinaires, étudiants vétérinaires et auxiliaires vétérinaires pourront bénéficier de tous les services proposés par l’association. En revanche, l’Ordre n’a pas vocation à délivrer une aide juridique. Les victimes qui procéderont à une déclaration de VSS sur cette adresse e-mail seront invitées à déposer une main courante ou porter plainte. Selon les signalements, le CNOV ajustera le champ de ses réponses et pourra envisager de se rapprocher d’autres associations comme le Collectif féministe contre le viol (CFCV) ou les centres d’information sur les droits des femmes et des familles (CIDFF).
Les ASV peuvent-elles y avoir accès ?
Oui, à la différence de l’Observatoire des incivilités, qui n’est accessible que par le système d’identification unique ordinal. Des questions concernant les VSS avaient été intégrées au questionnaire avec peu de retours. Mais comme aucune profession n’est épargnée, il est probable que des ASV soient en souffrance et éprouvent le besoin d’être entendues.
Une action spécifique sera-t-elle menée au sein des écoles ?
L’Ordre n’a pas vocation à s’immiscer dans le fonctionnement des écoles. Il a pu lire les résultats de l’enquête « Parlons-en » (menée en 2021 à l’école nationale vétérinaire de Toulouse)2 et a été informé des travaux actuels du professeur Didier Truchot3 dans ces ENV. Les directions des études des écoles seront informées de la création de l’adresse e-mail spécifique, afin qu’elles puissent la diffuser.