EDITO
Auteur(s) : Prémila Constantin
Pratiquée depuis l’Antiquité, l’expérimentation animale occupe depuis toujours une place centrale dans la recherche scientifique et médicale. Elle a permis des découvertes fondamentales mais, « a-t-on le droit de faire des expériences et des vivisections sur les animaux ? », interrogeait déjà, en 1865, le médecin et physiologiste français Claude Bernard dans son ouvrage Introduction à l’étude de la médecine expérimentale. La question divise ! Selon lui, « s’il est immoral de faire sur un homme une expérience dès qu’elle est dangereuse pour lui [...], il est essentiellement moral de faire sur un animal des expériences […] dès qu’elles peuvent être utiles pour l’homme ». Considérée à l’heure actuelle comme fondatrice de la médecine expérimentale, son approche était pourtant déjà décriée sur le plan éthique à l’époque. Des règles ont progressivement été mises en place, radicalisant par là même, les courants d’opposition. Le débat a-t-il évolué depuis ? On fait le tour de la question dans le dossier cette semaine, pages 34 à 39.
Aujourd’hui, la recherche alternative se développe et offre des perspectives prometteuses pour réduire voire supprimer l’utilisation d’animaux dans les tests. Alors, le recours à l’expérimentation animale ne correspondra-t-il qu’à une période dans l’histoire des sciences ? Une certitude : à ce jour, nous sommes encore dans le modèle théorique proposé par Claude Bernard et, tant que nous n’aurons pas de nouvelle théorie, il sera difficile de sortir de ce paradigme de l’expérimentation animale comme moyen de soigner les humains…