Anesthésie
PHARMACIE
Auteur(s) : Par Julie Degen
Cette spécialité anesthésique contenant du midazolam à destination des chevaux vient d’être mise sur le marché pour la toute première fois.
L’Agence nationale du médicament vétérinaire a octroyé une autorisation de mise sur le marché (AMM) au laboratoire Dechra pour la commercialisation du Dormazolam. Il s’agit d’une solution de midazolam injectable par voie intraveineuse concentrée à 5 mg/ml pour les chevaux non destinés à la consommation humaine. Celle-ci est indiquée en anesthésie pour provoquer une co-induction en association avec la kétamine.
La seule benzodiazépine enregistrée pour le cheval
Le Dormazolam constitue la seule benzodiazépine détenant une AMM pour les chevaux. Si Solupam (Dechra), Diazedor (Vetviva Richter GmbH) et Ziapam (Dômes Pharma) contiennent du diazépam, de la même famille, ils disposent uniquement d’une AMM pour les chats et les chiens. Ces spécialités peuvent cependant être utilisées chez les équidés dans le cadre de la « cascade » (article L. 5143-4 du Code de la santé publique). En 2015, une étude avait comparé l’efficacité du midazolam et du diazépam, en association avec la kétamine, lors de la castration chez le poney1. Elle n’avait pas mis au jour de différence significative sur la qualité et la durée des phases évaluées (sédation, induction, intubation, chirurgie, réveil et relever).
L’utilisation du midazolam en pratique
Une fois l’animal sédaté, le résumé des caractéristiques du produit (RCP)2 recommande l’injection intraveineuse d’une dose de 0,06 mg/kg de midazolam (soit 1,2 ml/100 kg), conjointement à 2,2 mg/kg de kétamine. Il mentionne aussi explicitement que midazolam et kétamine sont miscibles : ils peuvent donc être combinés dans la même seringue. Selon le laboratoire Dechra, cette propriété bien commode en pratique est liée à la nature hydrosoluble du midazolam, ce qui n’est pas le cas du diazépam3. Une fois injectée au cheval, la combinaison midazolam-kétamine permet une induction et une intubation facilitées, ainsi qu’une myorelaxation profonde pendant l’anesthésie selon le RCP. Pour ce qui est des contre-indications, le Dormazolam ne doit pas être utilisé seul, ni administré à un individu présentant une hypersensibilité au midazolam ou une insuffisance respiratoire sévère. Ses effets indésirables fréquents (1 à 10 cas pour 100 animaux) sont une ataxie et une incoordination pendant la phase de récupération de l’anesthésie. Plusieurs présentations existent : des flacons de 5, 10, 20 ou 50 ml, qui se conservent 28 jours après ouverture.
Un intérêt particulier chez le poulain
Chez le nouveau-né et le poulain, les benzodiazépines sont également utilisées en pratique pour la sédation. Sur ce point, le midazolam présente un avantage par rapport au diazépam : une demi-vie plus courte4. Interrogé, le laboratoire Dechra explique en effet que le foie du jeune équidé n’est pas complètement mature du point de vue enzymatique. Or la dégradation du diazépam génère des métabolites actifs qui peuvent ainsi prolonger ses effets sédatifs.