Giardiose féline : nouvelles recommandations du comité ABCDCatsVets - La Semaine Vétérinaire n° 2077 du 29/04/2025
La Semaine Vétérinaire n° 2077 du 29/04/2025

Parasitologie

ANALYSE CANINE

Auteur(s) : Par Anne-Claire Gagnon

Les experts en infectiologie féline du groupe recommandent un diagnostic par PCR ou Elisa, un traitement raisonné pour limiter les résistances. Les membres d’ABCDCatsVets précisent aussi les mesures d’hygiène strictes en collectivité et les précautions pour les chats en contact avec des personnes immunodéprimées.

Le groupe européen d’experts vétérinaires spécialisé dans les maladies infectieuses des chats ABCDCatsVets a mis à jour ses recommandations concernant la giardiose*. Cette infection globalement peu fréquente touche principalement les chats âgés de 1 an ou moins, vivant en collectivité. La prévalence est beaucoup plus élevée chez les chats de race et les chats errants.

L’infection par Giardia duodenalis n’est pas toujours symptomatique, notamment chez le chat adulte (plus de 1 an). Il existe huit sous-types (A et B chez de nombreuses espèces dont l’humain, C et D spécifiques du chien, E spécifique des bovins, F spécifique des félins, G spécifique des rongeurs et G chez les mammifères marins). Aucune contamination de l’humain par G. cati (sous-type F) n’a jamais été décrite. En revanche, les chats et les chiens sont souvent contaminés par des G. duodenalis (A) ou plus rarement par G. enterica (B), anthropozoonotiques.

Maladie de collectivité en milieu souillé

Le parasite vit dans la partie inférieure de l’intestin grêle du chat sous forme de trophozoïte, adhérant à la paroi intestinale. Les troubles cliniques sont principalement une diarrhée de l’intestin grêle, avec une malabsorption entraînant une perte de poids.

Le parasite se réplique par fission binaire pour produire la forme enkystée, qui est transmise dans les fèces en plus des trophozoïtes. La transmission est orofécale avec des sources de contamination par l’eau souillée, les légumes crus pour les humains et les fèces pour les chats. Les trophozoïtes résistent très peu dans le milieu extérieur alors que les kystes persistent plusieurs mois et sont très infectants (un ou deux suffisent).

Traiter à bon escient

Le diagnostic repose sur la PCR ou les tests Elisa. Ces deux méthodes sont beaucoup plus sensibles qu’une lecture de lame, même si elle permet d’identifier d’autres parasites. Le comité ABCDCatsVets déconseille fortement de faire un diagnostic thérapeutique de même que de traiter les chats non symptomatiques en raison des modifications délétères de la flore intestinale et des éventuelles résistances qui peuvent être induites.

Les traitements font appel au fenbendazole (25 mg/kg par jour pendant 7 jours) ou le ronidazole (également efficace sur Tritrichomonas fœtus, en co-infection fréquente en collectivité). Les chats symptomatiques doivent être lavés (ou a minima leur zone périnéale) avec des shampoings à la chlorhexidine en début et fin de traitement. Les locaux et le matériel (écuelles) doivent être rigoureusement lavés et désinfectés avec des ammoniums quaternaires. Un vide sanitaire sera un plus pendant le traitement. Enfin, il est fortement recommandé de tester pour Giardia spp. tout jeune chat avant qu’il ne devienne le compagnon d’une personne immunodéprimée.