EXPRESSION
Auteur(s) : Propos recueillis par Élodie Papin
Le medical training gagne du terrain chez les vétérinaires, tout comme l’approche low stress, plus facile à mettre en œuvre. Un vrai plus pour soigner les animaux dits difficiles… ou pour éviter qu’ils ne le deviennent.
Ciska Girault (T 17)
Praticienne généraliste et comportementaliste autour de Toulouse (Haute-Garonne)
Une technique proposée aux propriétaires investis
Je pratique essentiellement le medical training dans mon activité de comportementaliste, avec des animaux difficiles à manipuler et des propriétaires investis qui veulent résoudre ce problème. Je commence par un bilan avant de débuter les séances ensemble. Le détenteur prend ensuite le relais seul. Il s’agit d’entraîner l’animal à adopter une position de consentement. La principale technique est le chin rest : debout, il met son menton sur une cible et doit rester dans cette position tant qu’on le soigne. En clinique généraliste, j’ai plutôt une approche low stress, qui ne nécessite pas d’entraînement. Je limite la perception des facteurs de stress par l’animal en lui cachant parfois la vue, j’utilise des récompenses alimentaires pour le distraire, etc. L’idée est qu’il se sente suffisamment à l’aise pour ne pas se rebiffer.
Camille Gassmann (L 11)
Praticienne à Firminy (Loire)
Le « low stress », un gain en confort et en temps
L’entraînement médical rigoureux est trop chronophage, pour nous comme pour les clients. Toutefois, nous avons une démarche low stress. Les chiots montent sur la table avec une friandise. Lors d’une prise de sang, je pose le garrot, je donne une friandise, je pique, une autre friandise. Avant un vaccin, je gratouille derrière les oreilles, puis la zone de l’injection, cela diminue la sensibilité à la douleur. Je fais ce qui se rapproche le plus du « vrai » medical training lors du vaccin toux de chenil en intranasal. Je touche le nez, je récompense, et cela plusieurs fois avant d’envoyer le vaccin. Dans la pratique du medical training, l’objectif est que l’animal donne son feu vert au soin. En clinique, nous ne pouvons pas attendre le consentement du chien. Mais le low stress au quotidien, c’est plus agréable et ça fait gagner du temps !
Natacha Dutertre (Liège 2010)
Praticienne à Bernay (Eure)
Créer des expériences positives avec les happy visit
Nous essayons de donner aux animaux une bonne expérience. C’est plus facile quand ils arrivent chiots. Lors des premières visites, nous les lâchons dans la salle de consultation, le temps qu’ils s’acclimatent. Nous sommes très doux dans les manipulations. Je me sers beaucoup de friandises ou des tapis de léchage pour récompenser. Nous proposons aussi des happy visit : les gens passent sans rendez-vous, nous venons voir l’animal avec des récompenses, tout est positif, et il repart. Pour les soins spécifiques, comme ceux des oreilles, je donne des devoirs aux propriétaires. Le medical training, c’est à eux de le faire ! Pour désensibiliser l’animal, on décompose le soin : on prend le traitement dans la main, on caresse et on récompense, on approche le traitement, on récompense… On passe à l’étape suivante quand le chien est détendu, jusqu’à arriver à faire le soin complet dans le calme et sans stress.