Enjeu vital - La Semaine Vétérinaire n° 2077 du 29/04/2025
La Semaine Vétérinaire n° 2077 du 29/04/2025

EDITO

Auteur(s) : Tanit Halfon

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Il n’aura échappé à personne que la France est dans une situation favorable vis-à-vis de l’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP). Ces bons résultats découlent directement de la vaccination massive des canards, lancée à l’automne 2023. S’il y a de quoi se réjouir, cela ne doit pas occulter le fait que l’IAHP, plus précisément le H5N1 de clade 2.3.4.4b, reste un enjeu d’actualité. Les détections dans l’avifaune sauvage persistent en Europe, bien qu’elles soient en nette diminution depuis quelques semaines. Elles incluent des populations d’oiseaux marins non migratrices, illustrant le caractère endémique de la maladie, y compris en France. Laquelle n’envisage pas, dans ce contexte, l’arrêt prochain de sa stratégie vaccinale (lire notre dossier pages 32 à 37). Si cette dernière aura permis de sauver nos filières d’élevage de volailles, elle donne aussi un sérieux coup de pouce dans la prévention du risque pandémique.

Mais la France — ou même l’Europe — est loin d’être seule au monde. Ailleurs, d’autres virus et d’autres clades circulent. Un foyer, en particulier, cristallise les inquiétudes: les États-Unis. Le virus H5N1, introduit en 2021, continue d’y toucher les volailles domestiques, les bovins laitiers et… les humains. Dans un article de la revue Science, les scientifiques de l’USDA alertent que «les virus IAHP H5N1 de génotype B3.13 circulant chez les bovins représentent une menace pandémique». De plus, «les dindes et les porcs peuvent cohabiter dans des exploitations laitières, chaque espèce peut être infectée par le virus influenza aviaire», écrivent-ils : des conditions propices à un phénomène de réassortiment et l’émergence de nouvelles souches zoonotiques. Les consternantes déclarations du ministre américain de la Santé, suggérant de laisser circuler les virus, présagent un flottement inquiétant dans la lutte contre la maladie. Dans cette période compliquée, la santé publique vétérinaire apparaît plus que jamais comme un enjeu vital.