« Mon objectif principal, c’est de rassembler la parole vétérinaire » - La Semaine Vétérinaire n° 2075 du 25/04/2025
La Semaine Vétérinaire n° 2075 du 25/04/2025

Syndicalisme

ANALYSE GENERALE

Auteur(s) : Propos recueillis par Marine Neveux

Élu président du Syndicat national des vétérinaires d’exercice libéral (SNVEL) le 27 mars 2025, David Quint défend la vision d’une profession vétérinaire rassemblée et tournée vers l’avenir. Un entretien sur les enjeux de représentation, de prévention sanitaire et de transformation du métier.

Vous venez de prendre la présidence du SNVEL. Dans quel contexte s’est faite cette passation ?

J’ai pris la succession de Laurent Perrin qui part à la retraite. Il a souhaité passer le flambeau à un vétérinaire praticien, considérant qu’il est important que le président du syndicat soit directement issu du terrain. Cela dit, il reste administrateur jusqu’à la fin de son mandat. Nous travaillons en étroite collaboration, en équipe, et les dossiers seront gérés conjointement pour assurer une continuité.

Concrètement, comment se structure l’équipe du syndicat ?

Notre fonctionnement repose sur une délégation des dossiers. Par exemple, je collabore avec Jérôme Frasson sur la délégation d’actes, avec Julien Le Tual et Julien Gobert sur les questions sanitaires, avec Françoise Bussiéras pour le secteur canin, avec Joëlle Finez pour les questions de prévention au travail et avec Véronique Luddeni pour les enjeux liés à la biodiversité. C’est un vrai travail collectif et chacun s’implique pleinement.

Quelle est votre feuille de route pour ce nouveau mandat ?

Mon objectif principal, c’est de rassembler la parole vétérinaire. Il est indéniable que nous avons vécu de grands changements, notamment avec l’arrivée des groupes de cliniques. Cela a plutôt désuni la profession avec une acceptation difficile et des vétérinaires parfois stigmatisés pour avoir rejoint ces structures. Il est temps de tourner la page de ces divisions. Mais cela ne veut pas dire être « béat » et naïf. Il faut être vigilant, notamment face aux risques de dérives liées à la financiarisation, comme nous avons pu le voir dans le secteur humain avec les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad).

Quelle est la position du SNVEL à ce sujet ?

Le rôle du SNVEL, c’est d’accompagner tous les vétérinaires libéraux, de faire en sorte qu’ils ne deviennent pas de simples sous-traitants, ni dans les groupes, ni ailleurs. Je suis du côté des praticiens et je veux les aider à ne pas se retrouver en porte-à-faux. Le syndicat doit représenter tous les modes d’exercice : les spécialistes, ceux qui travaillent en comportement, en physiothérapie ou en exercice exclusif, etc. Qu’ils travaillent dans les groupes ou en dehors, tous doivent se sentir écoutés et défendus.

Vous évoquez également un besoin de meilleure coordination entre les instances de représentation.

Absolument. Le monde vétérinaire est une petite profession. Actuellement, il y a une superposition des structures représentatives. J’aimerais que nous travaillions ensemble de manière intelligente, et non dans une logique de concurrence. Si nous ne parlons pas d’une seule voix, nous serons moins forts. Regardez la branche professionnelle : elle fonctionne bien, notamment dans les discussions autour des auxiliaires et de la délégation d’actes. Il faut s’inspirer de ce modèle.

Et sur le plan de la prospective ?

Les enjeux sont immenses. Nous anticipons une arrivée importante de diplômés venus de l’étranger. Si nous restons divisés, cela nuira à la cohérence du discours professionnel. Il faut porter une voix forte, unie, pour peser davantage sur notre avenir.

On vous sent optimiste…

Je suis un éternel optimiste. C’est formidable de pouvoir participer à la construction de la profession de demain. C’est aussi une grande responsabilité. Et les vétérinaires ont besoin de savoir que l’on agit pour eux.

Quels sont les enjeux des Assises du sanitaire animal à vos yeux ?

Elles sont essentielles. Nous avons fait le constat que notre modèle actuel est à bout de souffle. Nous ne pouvons plus continuer à dépenser des moyens sur le terrain pour ensuite indemniser a posteriori, sans une vraie stratégie de prévention en amont. Il faut refonder le modèle, pas simplement le réformer. Et avant de parler de financement, il faut redéfinir l’organisation, la structuration. Ensuite seulement, nous pourrons aborder la question budgétaire.

Quelle place pour les éleveurs dans cette refondation ?

L’État doit aussi jouer son rôle pour sensibiliser et accompagner, notamment les éleveurs de petits ruminants, vers une culture de la prévention. Chacun doit assumer ses responsabilités. Il me semble que celui qui ne prend pas part au système préventif devrait aussi en assumer les risques.

Lors des Universités de printemps du syndicat en mai 2025, l’intelligence artificielle sera au cœur des débats. Quelle est votre vision sur ce sujet ?

L’intelligence artificielle, c’est un sujet d’actualité et d’avenir. Il faut apprendre à s’en servir, à l’apprivoiser, car elle peut être un vrai soutien, notamment face à la charge administrative croissante. En médecine humaine, elle est déjà utilisée et il y a de belles opportunités à saisir pour les vétérinaires. Dans ma structure, les jeunes praticiens trouvent rassurant de s’appuyer sur des outils d’aide à la décision. Ce sont des moyens d’accompagnement, pas des substituts.

Un mot de conclusion ?

Je tiens à remercier celles et ceux qui se sont investis avant moi à la tête du syndicat et des organisations professionnelles. C’est grâce à leur engagement que notre activité perdure. À nous désormais de construire l’avenir, ensemble.

Le bureau du SNVEL

Julien Gobert est élu vice-président et trésorier du bureau du Syndicat national des vétérinaires d’exercice libéral (SNVEL). Françoise Bussiéras en est la secrétaire générale, tandis que Jérôme Frasson, Jean-Yves Gauchot, Julien Le Tual et Véronique Luddeni sont vice-présidents.