Le mode d’insertion de l’obturateur n’impacte pas les pertes de lait - La Semaine Vétérinaire n° 2075 du 25/04/2025
La Semaine Vétérinaire n° 2075 du 25/04/2025

Vaches laitières

FORMATION MIXTE

Auteur(s) : Clothilde Barde

Article rédigé d’après l'article présenté par Domitille Fouvez, de la Chambre d’agriculture de Bretagne, lors des Journées 3R qui se sont déroulées à La Villette, à Paris, les 4 et 5 décembre 2024.

Dans le contexte actuel de réduction de l’utilisation d’antibiotiques en élevage, le bon usage des obturateurs de trayon est un élément clef pour mieux gérer le tarissement. En effet, si des pertes de lait ont lieu pendant cette période, elles peuvent être à l’origine d’infections intramammaires (surtout en l’absence de traitement antibiotique)1. Actuellement, l’insertion partielle d’un obturateur de trayon, c’est-à-dire une insertion de l’extrémité de l’embout de moins de 4 mm, est recommandée pour maîtriser les infections mammaires pendant le tarissement2. La question était toutefois posée du lien entre les modalités d’insertion des obturateurs, leur persistance dans le trayon et, par conséquent, leur caractère plus ou moins occlusif par rapport aux pertes de lait. Mené simultanément dans trois fermes du réseau F@rmXP de décembre 2021 à octobre 2023, un essai a ainsi eu lieu pour objectif d’évaluer les pertes de lait en fonction du type d’insertion. Il visait également à identifier d’autres facteurs de risques de pertes de lait, liés à l’animal et à la conduite d’élevage.

Une évaluation des pertes de lait

L’étude a inclus 202 vaches, dont 100 possédaient un obturateur en insertion totale et 102 en insertion partielle (ShutOut). Des observations de chaque trayon ont été effectuées au moment du tarissement pour noter le degré de rugosité des sphincters selon une grille d’observation3. Les pertes de lait ont été évaluées 48 heures plus tard (visuellement, par toucher léger et par légère pression mimant la pression que peut subir un trayon lorsque la vache se couche). Ces observations ont été consignées en temps réel et indépendamment sur smartphone. Elles ont été complétées par des données zootechniques, à savoir numéro de lactation, production laitière le dernier jour avant le tarissement, production laitière moyenne journalière la dernière semaine avant le tarissement et données du contrôle laitier (production et cellules) avant tarissement et après vêlage, mais aussi des index génétiques (index morphologique, dont la morphologique de la mamelle, la vitesse de traite et l’index cellules).

Pas de corrélation avec les modalités d’insertion des obturateurs

Les résultats obtenus ont permis de constater que 71 % des vaches ne présentaient pas de pertes de lait décelables dans les 48 premières heures de tarissement même en appliquant une légère pression sur les trayons. De plus, 89 % d’entre elles n’avaient pas de pertes décelables en touchant les trayons ou en observant les pertes de lait visuellement. Parmi les quartiers ayant eu des pertes, 65 % étaient des quartiers arrières. Les chercheurs ont pu constater que celles-ci n’étaient pas différentes selon les modalités d’insertion des obturateurs mais que l’état des trayons (extrémité rugueuse ou très rugueuse) était significativement en lien dans les trois fermes. De même, l’index de vitesse de traite était significativement différent entre les vaches avec pertes de lait et les vaches sans pertes et le niveau de production laitière pouvait également être mis en lien avec les pertes de lait dans deux des exploitations étudiées. Cette étude semble donc montrer que les modalités d’insertion des obturateurs internes (partielle ou totale) ne sont pas corrélées avec les pertes de lait ultérieures. Les principaux facteurs pouvant être reliés aux pertes de lait chez les vaches étaient l’index de vitesse de traite, la présence de trayons rugueux à l’apex et, dans une moindre mesure, la production laitière au moment du tarissement. Ces critères sont indépendants entre eux.

  • 1. Schukken et coll., 1993, J. Dairy Sci., 76, 2925-2930. bit.ly/4i77FYk
  • 3. Neijenhuis et coll., 2000, J. Dairy Sci., 83, 2795–2804. bit.ly/4j12drd