Entrepreneuriat
ANALYSE GENERALE
Auteur(s) : Par Amandine Violé
Hackavet était de retour à l’école vétérinaire d’Alfort pour sa troisième édition du vendredi 4 au dimanche 6 avril 2025. Un millésime placé sous le signe du renouveau après un passage de flambeau entre l’équipe fondatrice et le nouveau bureau. Plongée dans les coulisses de ce hackathon à la sauce vétérinaire.
L’évènement est devenu incontournable. Après avoir fait vibrer lors de ses deux premières éditions toute une communauté d’étudiants vétérinaires et auxiliaires spécialisés vétérinaires (ASV), Hackavet s’est installé sur le site de l’école nationale vétérinaire d’Alfort (ENVA) pour son troisième tour de piste du vendredi 4 au dimanche 6 avril 2025. Il faut dire que le projet, fondé en 2023 par Maxime Lachérade et Louis Petton, a trouvé un écho à la hauteur de son ambition. Celle d’offrir à la jeune génération l’opportunité de réfléchir, lors d’un week-end de brainstorming intergénérationnel, aux enjeux du monde vétérinaire de demain. Une recette au succès flamboyant qui entend bien faire mouche une nouvelle fois, alors même qu’une nouvelle équipe succède à ses créateurs.
« Une belle dose d’innovation »
Samedi, 13 h. L’ambiance est studieuse. Une centaine de cerveaux bouillonnent depuis déjà plus de 12 heures, après que Nathan Pittini, en sa qualité de nouveau président d’Hackavet, a lancé les festivités. Dans les coulisses, son équipe s’active. Avec une énergie aussi indéboulonnable que leurs prédécesseurs, Tiareva Micholet Scandolo (ancienne secrétaire générale 2024), Andréa Bocquillon, Julien Le Du, Anaïs Têtu et Lily-Joy Amsili ne ménagent pas leurs derniers efforts pour rendre cette édition mémorable. « On a voulu garder l’identité d’Hackavet, reprendre ce qui a très bien fonctionné tout en apportant une belle dose d’innovation », lance Nathan Pittini, pas peu fier d’avoir pris le relais de ce projet dont il suit l’évolution depuis ses débuts.
Si dans les rangs du staff, l’excitation est au rendez-vous, celle des 93 participants réunis pour l’occasion n’a pas fini de croître au fur et à mesure de l’événement. Venus de 11 écoles et de cinq pays différents — une diversité qui fait la force d’Hackavet —, néophytes et habitués sont à l’œuvre. Leur objectif ? Identifier un problème prégnant de la profession et en proposer, en moins de 48 heures, une solution concrète, durable et économiquement viable. Un pari culotté dont ils sont nombreux, comme Raphaël, à mesurer la portée : « C’est incroyable de se dire qu’on a l’opportunité de révolutionner notre métier, de prendre la parole et de tisser un lien avec des personnes de tous horizons. » La force du collectif s’impose de nouveau, puissante et souveraine. « Ce qui m’anime le plus c’est de construire quelque chose avec des gens que je ne connaissais pas le jour d’avant. C’est vraiment pour ça que je me suis réinscrite », confie Constance, étudiante à Alfort. À ses côtés, Elie, fraîchement arrivé de Toulouse, s’enthousiasme : « Moi je suis là grâce au bouche-à-oreille. Une amie y a participé, m’a dit de foncer et, pour le moment, je trouve ça super enrichissant. »
Hackavet 3.0
Nouvelle édition dit nouveautés. Premier changement, l’abolition des trois thématiques (bien-être, outils et environnement) dans lesquelles devaient s’inscrire les projets des années précédentes. « On s’est rendu compte que les meilleures propositions venaient des équipes qui étaient parties d’un problème qui les avaient touchées de près. On a préféré les orienter sur cette réflexion que sur des thèmes plus limitants », souligne le président d’Hackavet, curieux de ce que ce nouvel espace de liberté peut faire naître. « C’est la première fois que certains travaillent sur de la rurale et de l’équine. C’est génial ! »
Autre évolution, un accompagnement renforcé des participants amorcé en amont du week-end. « On a proposé un préchallenge qui leur a permis de se mettre dans le bain de l’événement. De notre côté, ça nous a permis de mieux les apparier selon leurs appétences respectives », explique Andréa Bocquillon, directrice développement. L’idée semble déjà avoir fait ses preuves. « Au moment de mettre en commun nos observations, on s’est rendu compte qu’on matchait totalement ! », raconte, ce dimanche, Lukas, arrivé de Toulouse.
« C’est intense »
Pour prêter main-forte aux mentors, personnalités emblématiques d’Hackavet, une équipe de facilitateurs sillonne pour la première fois les locaux de l’Agora, le cœur du campus. Car Hackavet est avant tout une aventure humaine, dont l’essence se pérennise. À l’image d’Andréa Bocquillon, la plupart sont des membres du bureau, rodés à l’expérience. « Notre but, c’est d’aller au contact des équipes. C’est intense, on en a vu se démotiver, s’éparpiller. L’idée, c’est d’être sûr qu’il n’y a pas de blocages, leur rappeler d’aller solliciter les mentors et de continuer à croire en eux. »
Dernier élément mais non des moindres, le parcours des challenges a été enrichi d’une intelligence artificielle (IA), entièrement développée par le nouveau président. « Dans le parcours, il y a la partie business plan qui est la plus difficile à appréhender, indique Nathan Pittini. Avec toutes les IA du moment, je me suis dit qu’il y avait forcément un truc à faire. J’ai travaillé tout l’été sur ce nouvel outil. Les étudiants peuvent l’utiliser comme une énorme base de données sourcée pour trouver des réponses à leurs questions. »
L’idée paraît audacieuse, pour ne pas dire un peu folle. Mais pour celui qui succède à Maxime Lachérade et Louis Petton, créateurs de la start-up florissante d’Hackavet Studio, tout fait sens. « Cette IA, j’en ai fait mon sujet de thèse. J’espère qu’il y aura quelque chose à en faire pour le monde vétérinaire. » Voilà ce qui fait peut-être, d’une année à l’autre, toute la puissance d’Hackavet : sa capacité à se nourrir des innovations et à s’inscrire, coûte que coûte, dans des enjeux d’envergure.
Et après ?
Dimanche, 15 h. Malgré la fatigue, l’émulation est toujours de mise. À la manière de l’émission de télévision Qui veut être mon associé, les pitchs finaux s’enchaînent dans l’amphithéâtre d’honneur de l’Agora, plein à craquer. Jurys, mentors, étudiants et ASV ne manqueraient pour rien au monde la révélation des trois gagnants de l’année. Dur de croire qu’il y a à peine 48 heures la plupart d’entre eux ne se connaissaient pas. Dur de croire également à ce fossé intergénérationnel dont les rapports abreuvent la profession. « C’est dingue d’avoir réussi à créer une telle proximité avec des gens de l’Ordre, des praticiens de différents horizons… Tous sont venus nous aider, en toute simplicité », témoigne Adrien, sourire aux lèvres. Même son de cloche du côté des mentors — nombreux sont devenus des habitués — séduits par l’engouement hors norme que suscite l’événement. « Je suis vraiment étonnée de cette énergie bouillonnante dont vous faites preuve », s'exclame Valérie Chetboul, professeure émérite de l’ENVA, à quelques instants de remettre l’un des prix.
17 h. L’heure est au dénouement. Et l’enjeu est de taille avec 15 000 € répartis en trois prix : un prix Excellence, rétribué d’un chèque de 7 000 €, un prix Innovation, de 5 000 €, ainsi qu’un prix Espoir, de 3 000 €. Car Hackavet ne s’arrête pas au seuil de ce week-end. Pour tous les étudiants, la promesse de donner vie à leurs aspirations est là, bien réelle. Avec Hackavet Studio, Maxime Lachérade et Louis Petton veillent : « On a créé ce prolongement d’Hackavet pour vous donner les moyens de concrétiser ce que vous avez passé ces deux derniers jours à construire. » Le week-end s’achève, riche en émotions.
Qu’en est-il des gagnants ? Les voici résumés (voir tableau), et bientôt disponibles sur le site internet hackavet.com.