EXPRESSION
Auteur(s) : Propos recueillis par Irène Lopez
La pandémie de Covid-19 et ses confinements successifs a bouleversé la pratique en clinique vétérinaire. Cinq ans plus tard, certaines mesures sanitaires mises en place ont disparu, d’autres se sont pérennisées. Trois praticiens témoignent.
Florence Leymarios (A 09)
Praticienne féline à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique)
Un mobilier qui limite le risque infectieux
J’ai ouvert ma clinique en juillet 2020, en pleine crise du Covid-19. J’ai donc pensé la structure dans ce contexte sanitaire. Alors que la mode, à l’époque, était aux salles d’attente cosy avec canapés, j’ai opté pour un mobilier plus classique composé de chaises. Je ne reviendrai pas sur cet aménagement : le risque infectieux dépasse le seul Covid-19. Nous sommes restés masqués tout au long de la pandémie : j’ai découvert le visage de certains clients après un an et demi. Un panneau en verre, esthétiquement intégré à l’accueil, avait été installé. Rempart efficace contre les postillons, mes assistantes ont souhaité le conserver. Mon maître d’œuvre m’avait offert un distributeur de gel hydroalcoolique original. Nous l’avons gardé. Il est à disposition de la clientèle. Cela fait des années que nous n’avons pas eu à renouveler le produit. Le masque en cas de rhume ou de fragilité est désormais une habitude : cet hiver, clients et assistantes l’ont porté spontanément. Un vrai gain en prophylaxie.
Lucas Darmancourt (N 22)
Praticien rural à Saint-Méen-le-Grand (Ille-et-Vilaine)
Le masque, une habitude saine en cas de maladie
Les principales mesures prises pendant la crise sanitaire étaient classiques : port du masque et lavage des mains encore plus fréquent qu’en temps normal. Nous ne serrions plus les mains de nos clients. Or c’est un geste que je me suis vite remis à faire. En rurale notamment, serrer la main permet d’établir le contact et est un signe de considération envers l’éleveur. Certains collègues n’ont pas tous repris cette habitude. Désormais, les plexiglas dressés sur le comptoir ont été retirés, le fléchage au sol n’a pas été conservé depuis que nous avons effectué des travaux et les touches du terminal de paiement ne sont plus nettoyées à l’aide de lingettes désinfectantes après chaque opération. Les assistantes peuvent de nouveau manger ensemble dans la même pièce et n’ont plus à apporter leurs propres couverts (même si certaines continuent de le faire). Si le gel hydroalcoolique est toujours mis à disposition de tous, je reconnais qu’il est moins utilisé. Une habitude saine qui a été conservée est le port du masque en cas de maladie. Je le mets si je suis enrhumé, par exemple.
Olivier Crenn
Praticien mixte à Cossé-le-Vivien (Mayenne)
Les éleveurs ont saisi l’importance de la biosécurité
Pendant la période la plus critique, nous avons limité au maximum les contacts physiques lors des visites en élevage : finies les poignées de main et moins d’échanges informels. Par exemple, nous n’allions plus au bureau boire le café avec l’éleveur. Or ce sont des moments conviviaux pendant lesquels nous mettons en place les plans d’action ou nous développons des partenariats. Si c’est au sein de l’élevage que nous collectons les données, c’est dans le bureau de l’éleveur, une fois au calme avec l’ordinateur ou la tablette, que nous partageons les données de manière plus structurée. Les mesures sanitaires nous imposaient malheureusement de limiter le temps passé ensemble. La crise a aussi sensibilisé les éleveurs à l’importance de la biosécurité. La désinfection des bottes, par exemple, est devenue plus systématique. C’est une règle assez générale : lorsque les gens sont malades ou exposés à un risque, ils deviennent plus attentifs.