Avec Vétérinaires pour tous, ces étudiants soignent les animaux des plus démunis - La Semaine Vétérinaire n° 2074 du 18/04/2025
La Semaine Vétérinaire n° 2074 du 18/04/2025

Solidarité

COMMUNAUTE VETO

Auteur(s) : Par Rosalie Krief

L’association Vétérinaire pour tous Oniris VetAgroBio offre des soins vétérinaires aux animaux des plus nécessiteux dans des centres spécialisés et en maraudes sociales. Une initiative solidaire qui allège la charge des propriétaires en difficulté et sensibilise les futurs vétérinaires.

« Prendre du recul sur la médecine conventionnelle, développer notre aisance sociale et sortir de notre zone de confort. » Telles sont les motivations premières d’Estelle Delandre, présidente, et Juliette Binois, vice-présidente de l’association Vétérinaire pour tous (VPT) Oniris VetAgroBio. Mais l’engagement des deux étudiantes de troisième année de l’école vétérinaire de Nantes va bien plus loin. Avec VPT, elles s’investissent pour offrir des soins vétérinaires aux animaux des plus démunis.

Les étudiants adhérents assurent des permanences dans des centres spécialisés tel que le Centre d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques pour usagers de drogues (Caarud) ou le Centre d’hébergement d’urgence (CHU) Mellinet à Nantes, mais aussi des maraudes sociales en partenariat avec l’association La Cloche. Une démarche supervisée par Marielle Meurlet, vétérinaire engagée et présidente de VPT Pays de la Loire, dont l’association d’Oniris est une branche. Au niveau national, VPT France a été cofondée par l’Ordre national des vétérinaires, l’Association française des vétérinaires pour animaux de compagnie (Afvac) et le Syndicat national des vétérinaires d’exercice libéral (SNVEL).

Des soins gratuits

Ces soins vétérinaires gratuits consistent principalement en des « injections vaccinales, de l’identification et un suivi des traitements antiparasitaires. Pour les consultations plus complexes, Marielle Meurlet fait le relais avec d’autres cliniques vétérinaires partenaires afin d’assurer une prise en charge rapide », détaillent les deux futures vétérinaires. Mais comment justifier aux plus sceptiques l’accès aux soins vétérinaires pour les animaux, quand beaucoup de personnes en sont privés ? « L’absence de sécurité sociale pour les animaux est le principal argument justifiant cette aide financière aux plus nécessiteux. » Les soins vétérinaires sont ainsi assurés et les propriétaires sont soulagés de cette charge mentale et financière.

Ces propriétaires rencontrés en consultation sont qualifiés unanimement de « sincères et d’humains ». Dès lors, il pourrait être difficile pour de jeunes étudiants de faire abstraction des difficultés rencontrées par ces personnes dans le besoin. En réalité, la consultation est vue comme « un échange exclusif et un moment privilégié autour du bien-être et de la santé du compagnon de vie ».

« Leur animal est leur priorité »

Certaines associations prônent une régulation plus stricte de la possession d’animaux pour éviter l’abandon et la négligence. Plusieurs d’entre elles proposent un « permis de détention » pour limiter les adoptions irresponsables. Sur le plan du bien-être animal, et sans se limiter aux adhérents de VPT, bien des manquements seraient évités. Mais « quand il s’agit des animaux de personnes dans le besoin, leur animal est leur priorité. Les propriétaires sont pour la plupart plus attentifs à la santé de leur compagnon qu’à la leur ».

Est-ce que l’accès gratuit aux soins vétérinaires encourage à adopter des animaux sans en mesurer la responsabilité financière ? VPT représente surtout une « sécurité médicale et les excès sont limités par une éligibilité aux critères d’adhésion », assurent Estelle Delandre et Juliette Binois. Par ailleurs, l’offre des soins dédiée aux animaux de cette clientèle dans le besoin ne peut conduire à une concurrence dans les tarifications entre les cliniques adhérentes à VPT et les cliniques « classiques » car ces dernières ne reçoivent que très peu cette population en consultation. In fine, l’objectif à long terme est « d’accompagner les étudiants adhérents à le rester quand ils seront vétérinaires, d’en mobiliser de nouveaux et de retrouver des financements pouvant remédier aux dernières subventions du plan France Relance touchant peu à peu à leur fin ».