Pourquoi les aides des collectivités territoriales sont-elles parfois nécessaires en rurale ? - La Semaine Vétérinaire n° 2069 du 07/03/2025
La Semaine Vétérinaire n° 2069 du 07/03/2025

Expression

EXPRESSION

Auteur(s) : Propos recueillis par Chantal Béraud

Pour l’exercice mixte ou en rurale pure, certaines collectivités (intercommunalités, Départements, Régions, etc.) apportent désormais directement des aides à la profession vétérinaire. Sous des formes diverses. Témoignages.

Vincent Calmels (L 98)

Praticien mixte à Ahun (Creuse)

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J’ai un leasing sur 15 ans

Exerçant depuis des années à Ahun (Creuse) dans des locaux anciens, difficiles d’accès pour les personnes handicapées ou les gros chiens, nous souhaitions déménager. Nous avons donc manifesté auprès du conseil municipal notre intérêt d’ouvrir une autre structure dans la nouvelle zone d’activités commerciales dernièrement créée. Il a approuvé notre projet et s’est rapproché de la communauté de communes. En effet, en tant que collectivités, ils peuvent monter des dossiers et bénéficier de subventions auxquelles je ne peux pas prétendre en tant que libéral. En définitive, j’ai déjà payé 150 000 € pour mon nouveau bâtiment et, dans le cadre d’un atelier relais, je dois encore leur régler un leasing durant 15 ans. À terme, je deviendrai donc propriétaire du bâtiment. Mon exercice en campagne n’est malheureusement pas suffisamment rentable pour pouvoir investir seul ! Car ici nous sommes dans un département pauvre, où même l’activité en canine rapporte moins qu’ailleurs. C’est fou de devoir en arriver à une telle extrémité…

Pascal Coste

Président du Conseil départemental de la Corrèze

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Pour l’heure nos objectifs sont atteints

En lançant en 2022 en Corrèze le Plan santé animale, j’avais pour ambition de faire les mêmes choses pour les vétérinaires que pour les médecins. Dès 2017, nous avions calculé que nous allions avoir dans le futur, dans notre département, quelque 40 % de vétérinaires (ruraux ou mixtes) qui allaient cesser leur activité. Sur ces trois premières années, nous avons réussi à pallier le nombre de praticiens partant, puisque dix vétérinaires se sont installés depuis le lancement du plan. Même si le nombre d’éleveurs diminue, nous avons toujours besoin de praticiens ruraux car nous devons faire face à des enjeux de suivi sanitaires de plus en plus prégnants ! Si l’on n’avait pas agi et seulement attendu un secours de l’État, je ne sais pas où notre département en serait actuellement… Nous avons aussi dans le même temps partiellement financé le Savu 19 (Service d’aide vétérinaire d’urgence de Corrèze). C’est un numéro unique de régulation pour la permanence et la continuité des soins qui contribue aussi à rendre notre département attractif.

Arnaud Louche (T 02)

Trésorier du GTV Corrèze et du GTV Nouvelle-Aquitaine

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Quinze aides accordées à dix étudiants

Ces dernières années, avec David Quint [vice-président du Syndicat national des vétérinaires d’exercice libéral et praticien en Corrèze, NDLR], nous avions déjà pris l’initiative de démarcher les GTV juniors des écoles vétérinaires de Maisons-Alfort et de Toulouse en y animant des soirées à thème suivies d’invitation à des stages locaux courts. Le Plan santé animale (PSA) départemental est complémentaire à cette dynamique d’accueil. Pour des stages en rurale pouvant aller jusqu’à six mois, les étudiants bénéficient d’indemnités de déplacement et de logement de 300 € par mois. Et, s’ils viennent faire chez nous une année d’approfondissement en animaux de production ou en équidés, ils peuvent prétendre à 800 € par mois (en s’engageant en contrepartie à travailler ensuite en Corrèze durant cinq ans). J’ai accueilli une étudiante en quatrième année pour un premier mois de stage puis six mois en tutorat et cela a finalement débouché sur la signature d’un CDI au sein de notre clinique d’Uzerche. Le PSA aide aussi à la création ou à l’agrandissement de maisons de santé vétérinaire.