Chats de race
ANALYSE CANINE
Auteur(s) : Par Anne-Claire Gagnon
Un rapport britannique préconise des mesures pour améliorer le bien-être des chats de race : centralisation des données, limitation de la consanguinité, interdiction des hybridations et nouvelles règles d’élevage.
Le Comité britannique d’experts du bien-être animal a publié, sous l’égide du Departement for environment, food and rural affairs (Defra), un rapport de 176 pages intitulé « Avis sur les implications en termes de bien-être des pratiques d’élevage félin actuelles et émergentes »*. Il émet des recommandations pour améliorer le bien-être des chats de race, celui de l’environnement et celui des humains au Royaume-Uni. Certaines des mesures préconisées montrent combien la mise en place du Livre officiel des origines félines (Loof) en 1996 et son travail continu depuis a permis à la France d’être souvent en avance sur les pratiques internationales.
Centraliser les données de l’élevage félin
La création d’un centre d’information centralisé en ligne, supervisé et approuvé par le gouvernement britannique, est recommandée. Il présenterait le recueil de données (effectifs des élevages félins et pratiques de gestion actuelles), l’état des lieux des pratiques de socialisation et leur influence sur le développement des chatons, l’âge de sevrage pratiqué, son influence sur le développement des chatons ainsi que les effets sur le bien-être de la qualité et de la quantité d’interactions entre l’humain et le chat.
Réduction de la consanguinité
En matière de sélection, la réduction du coefficient de consanguinité pour atteindre moins de 10 % (et idéalement inférieur à 5 %), l’élargissement du pool génétique et l’utilisation de tests de santé validés (notamment pour les races à petit pool génétique) sont recommandés pour faciliter des décisions éclairées sur la sélection des individus, le choix des parents et la prévention de toute transmission héréditaire délétère pour la santé. Si des césariennes sont régulièrement nécessaires, la mise à la reproduction doit cesser. Le rapport britannique rappelle que la réalisation des échographies de suivi de gestation est un acte strictement vétérinaire.
Alerter les acheteurs sur l’impact des hypertypes
Établie sur la réglementation déjà en vigueur en Écosse pour les chats et celle existante pour les chiens au Royaume-Uni, la réglementation future pour tous les éleveurs de chats (titulaires ou non d’une licence) devrait préciser qu’ « aucun chat ne peut être détenu à des fins de reproduction si l’on peut raisonnablement s’attendre, sur la base de son génotype, de son phénotype ou de son état de santé, à ce que la reproduction à partir de lui ait un effet préjudiciable sur sa santé ou son bien-être ou sur la santé ou le bien-être de sa progéniture ». Ce règlement devrait s’appliquer à tous les éleveurs de chats, y compris ceux qui ne sont actuellement pas titulaires d’une licence et qui n’entrent pas dans le champ d’application des textes législatifs susmentionnés.
Les recommandations suggèrent d’augmenter l’âge minimum de vente des chatons (actuellement de 8 semaines) à 12 semaines. L’impact des hypertypes et les traits particuliers du manx, munchkin et scottish fold rend contestable en matière de bien-être futur des individus l’élevage de ces races. Une information sur l’impact grave pour leur bien-être de la conformation et particularités de certaines races devrait être élaborée et diffusée aux futurs acheteurs. Ces derniers devraient être également systématiquement informés par les éleveurs sur les tests de santé féline, effectués ou non (ainsi que les résultats et leur signification).
Interdiction des races à risque et des hybridations controversées
Enfin, les recommandations sur les races hybrides sont radicales, avec la préconisation d’une législation interdisant toute nouvelle reproduction délibérée de chats domestiques avec des espèces de félins non domestiques, ou toute reproduction avec des chats hybrides des deux premières générations (F1 et F2), de même que l’importation de tout hybride de chat sauvage domestique, à l’exception des générations hybrides basses de chats du Bengale (génération F5 ou ultérieure).
Reste désormais à savoir si, et quand, ces recommandations seront adoptées par le Royaume-Uni.
Loof et chats hybrides : reconnaissance encadrée et restrictions renforcées
Le Livre officiel des origines félines (Loof) a fait le choix de reconnaître le savannah (avec un club de race), pour faciliter les contrôles et le respect de la réglementation en vigueur, tout en réfléchissant à des axes d’améliorations avec les acteurs du secteur (notamment via le club de race). Dans le respect de la réglementation de l’arrêté du 8 octobre 2018, le Loof exige d’avoir une copie du certificat de capacité et de l’Autorisation d’ouverture d’établissement afin de pouvoir enregistrer les chats importés ou les déclarations de naissance avec des reproducteurs de génération F1 à F4 savannah ou chausie. Ces chats sont enregistrés au registre de filiation et non au livre des origines officielles. Ils sont interdits en exposition.
Toutefois, le caracat (hybride chat domestique-caracal) n’est pas reconnu par le Loof. Ce dernier a décidé en janvier 2024 l’interdiction des mariages pour le chausie avec des abyssins ou des chats domestiques et, à partir du 31 décembre 2025, la fin du mariage avec des chaus, de même que pour le serval ainsi que le savannah avec d’autres races ou des chats domestiques.