Écoresponsabilité : l’Afvac s’engage - La Semaine Vétérinaire n° 2015 du 15/12/2023
La Semaine Vétérinaire n° 2015 du 15/12/2023

ANALYSE CANINE

Auteur(s) : Par Valentine Chamard

Un groupe de travail consacré à l’écoresponsabilité a été mandaté par l’Afvac. Ses missions : proposer aux vétérinaires des actions à l’efficacité scientifiquement prouvée qui soient adaptées à leur pratique et œuvrer pour la mise en place de congrès de plus en plus écoresponsables.

« Les vétérinaires et l’écologie : nous sommes tous des colibris », déclare l’Afvac, qui a mis en place des mesures pour limiter l’impact écologique du congrès : tote bag certifié Fairtrade et tour de cou réutilisables, traiteur partenaire de la Croix-Rouge pour redistribuer les aliments non consommés, produits locaux, distribution de gobelets Ecocup. Une sobriété également de mise dans les allées de l’exposition commerciale, où les goodies sont désormais distribués au compte-goutte. Au-delà de ces actions ponctuelles, l’Afvac a entamé une réflexion de fond, avec la création en mars 2023 du groupe de travail « écoresponsabilité », qui réfléchit main dans la main avec l’association ÉcoVéto. « Notre premier travail a été de cibler les sujets pour lesquels des données scientifiques sérieuses existent », indique Adeline Linsart (N 04), qui préside ce groupe et est elle-même impliquée dans ce domaine*.

Tri, biocides, isoflurane, impact carbone et santé environnementale

Cinq sujets ont ainsi émergé : la gestion des déchets, l’hygiène et les biocides, l'anesthésie volatile (isoflurane), l’impact carbone et la santé environnementale. Une fois ces thèmes choisis, ÉcoVéto s’est chargé de fournir une bibliographie, puis le groupe de travail de l’Afvac a pu mettre en lumière l’application possible des recommandations pour la profession. « Mettre en place des mesures moins impactantes pour l’environnement ne coule pas de source. Remplacer du jetable par du lavable est pertinent mais nécessite une réflexion préalable propre à chaque structure », souligne Adeline Linsart. Par ailleurs, certains éléments sont sujets à interprétation, comme les déchets DASRI où le risque infectieux doit être considéré sous le prisme de la transmission humaine. Leur élimination est coûteuse au niveau environnemental comme économique. »

Des synthèses accessibles à tous

Pour matérialiser la synthèse de ces travaux, l’Afvac et ÉcoVéto ont travaillé ensemble pour concevoir des posters (téléchargeables sur leurs sites respectifs). « Le but est d’y exposer des actions concrètes, que chacun pourra s’approprier. Par exemple, des cornes à pâtisserie en silicone remplacent avantageusement l’essuie-tout utilisé pour enlever le gel après une échographie. On peut aussi utiliser des petites serviettes-éponges, mais il faut les laver à chaque fois. C’est une solution applicable en fonction du nombre d’examens réalisés chaque jour. » Une réflexion est aussi à mener par chacun sur l’utilisation des biocides, qui présentent le double inconvénient d’être à la fois nocifs pour l’environnement et pour l’utilisateur (voir aussi page 29). « Il importe de revoir la pertinence de nos procédés de désinfection. Est-il vraiment utile d’appliquer un spray désinfectant sur la table de consultation après l’examen d’un chien si le vétérinaire n’a pas identifié de risque infectieux ? Les microfibres ont une action mécanique telle qu’elles permettent de maîtriser ce risque dans cette situation, comme cela a été démontré en médecine humaine ». En ce qui concerne l’anesthésie gazeuse, si elle reste indispensable, des mesures de bon sens permettent d’en limiter l’impact délétère. « Il faut revenir à la base : ne pas réparer un circuit qui fuit mais le remplacer, peser le filtre à charbon, régler le débit d’air frais au minimum nécessaire pour le patient, laisser le plus longtemps possible l’animal sous oxygène pur après avoir arrêté l’isoflurane, ce qui augmente la sécurité anesthésique et diminue l’exposition environnementale ». Beaucoup de mesures de bon sens où tout un chacun pourra se reconnaître, l’écologie rimant d’abord avec les bonnes pratiques et l'économie.

  • * Voir La Semaine Vétérinaire n° 1987 du 28/02/2023. Lien : urlz.fr/oNAF