Conférence
FORMATION MIXTE
Auteur(s) : Jean-Paul Delhom Article rédigé d'après la présentation sur les arthrites du veau faite par Jocelyn Amiot (L 04), vétérinaire et vice-président du Groupement technique vétérinaire Bourgogne-Franche-Comté, lors de l'atelier de chirurgie bovine de la journée technique des GTV et AFVAC-BFC du 19 octobre 2023, à Beaune (Côte-d'Or).
Après avoir considéré la démarche diagnostique à suivre ainsi que les premiers éléments du traitement de l’arthrite des veaux (antibiothérapie et lavage articulaire), le Dr Jocelyn Amiot (L 04) a détaillé l’arthrodèse, l’arthrotomie ainsi que l’amputation de l’onglon.
La réalisation d’une arthrotomie ou d’une arthrodèse est parfois requise
Quand la fibrine obstrue les aiguilles, la réalisation d’une arthrotomie (au niveau des mêmes sites que les ponctions articulaires) est nécessaire. Après anesthésie, l’animal est positionné en décubitus latéral, le membre atteint au-dessus. L’articulation est rasée et préparée chirurgicalement et les aiguilles sont placées aux endroits appropriés. Deux incisions dorso-ventrales de 3 cm de long sont réalisées au niveau des culs-de-sac synoviaux, jusqu’à atteindre la cavité articulaire, et une pince hémostatique permet le retrait de morceaux de fibrine dans la plaie. La même procédure est ensuite suivie sur le côté opposé, puis un lavage articulaire est réalisé. Les plaies demeureront ouvertes et seront protégées par un bandage changé quotidiennement pendant quelques jours. Les lavages peuvent être répétés si besoin.
Pour traiter les arthrites de certaines articulations, une arthrodèse est parfois requise. Elle consiste en une fusion chirurgicale de l’articulation par résection du cartilage. Après préparation chirurgicale, une incision transverse est réalisée selon un arc de cercle sur le bord crânial de l’articulation, avec pour objectif d’obtenir un accès complet à toutes les surfaces articulaires. Pour cela, les tissus nécrosés sont enlevés et la membrane synoviale ainsi que le cartilage sont curetés. La peau est ensuite refermée et des plâtres ou fixateurs externes sont positionnés pour permettre une immobilisation correcte de l’articulation pendant trois mois, avec des contrôles toutes les trois semaines. Un traitement antibiotique de trois semaines est alors prescrit. Des études ont montré un taux de réussite de 87 % dans le cas d’arthrodèse du carpe ou du tarse sans résection osseuse, selon le conférencier.
L’amputation d’onglon
En ce qui concerne les amputations d’onglon, elles peuvent facilement être réalisées sur un animal debout, dans une cage de parage, à la suite d’une anesthésie locorégionale (anesthésie intraveineuse sous garrot ou par bloc en quatre points). Une sédation préalable est à évaluer en fonction de l’animal. La méthode à la scie fil est la plus traditionnelle. Un garrot est alors fixé au-dessous du jarret. On incise la peau en partant du milieu du talon pour longer la couronne côté abaxial, puis dorsal, puis axial et ainsi revenir au point de départ. Puis, on dissèque au scalpel les tissus jusqu’à sentir l’os. Le vétérinaire doit positionner la scie fil le plus en biais possible pour éviter la persistance d’un moignon saillant. On scie toujours du côté latéral vers le côté médial, ainsi que de la région proximale vers la région distale (des tissus sains vers les tissus infectés) et aucune ligature hémostatique n’est pratiquée. Une compresse imbibée d’antiseptique est ensuite appliquée sur le moignon. On applique un premier pansement compressif de coton hydrophile puis un deuxième de coton brut, l’ensemble étant protégé par une toile de jute. En général, lorsque la narcose a cessé son effet, l’animal se tient sur l’onglon restant. Sauf complications, ce premier pansement est renouvelé au bout de douze jours et le second pansement est changé après vingt-cinq jours.