En tant qu’étudiant, que pensez-vous de l’évolution de la profession vétérinaire ? - La Semaine Vétérinaire n° 2003 du 22/09/2023
La Semaine Vétérinaire n° 2003 du 22/09/2023

EXPRESSION

Auteur(s) : Propos recueillis par Pierre Dufour

Épanouissement professionnel et personnel, santé mentale, modification des modes d’exercice, place des nouvelles technologies : la profession vétérinaire, à l'instar de nombreuses autres branches, est en mutation. Que pense la relève des enjeux qui l'attendent ?

Marianne Kordes

Business manager à Hackavet, étudiante en dernière année à l’ENVA (Val-de-Marne) 

mariannekordes.jpeg

J’ai plutôt une vision libérale du métier

La profession est en transition, avec des attentes différentes entre les générations. Le problème du recrutement est probablement en partie lié à cela. Beaucoup de jeunes vétérinaires ne cherchent pas forcément à s’associer, mais à être salariés, et les sujets du bien-être, de la qualité de vie au travail, et de l’équilibre entre la vie personnelle et professionnelle sont importants pour nous. Personnellement, j’ai plutôt une vision libérale du métier et je pense qu’on peut trouver des solutions pour que cela reste viable sans être surmené. En effet, on parle beaucoup de vétos en burn-out, et de la désillusion quand on commence à travailler. Trouver la clinique où l'on se sent bien n’est pas forcément évident ! Il serait intéressant de se diversifier, en dehors, en développant son côté entrepreneurial avec d’autres projets professionnels. À l’image des pays anglophones, avoir la possibilité de déléguer des actes aux ASV permettrait de valoriser leur activité et d’alléger la charge des vétérinaires.

Maël Del Tenno

Etudiant en 3e année à l’ENVA, cofondateur de Motivet*

MaElDelTenno.jpeg

Trouver sa place quelle que soit sa personnalité

C’est super de voir toutes les possibilités au sein de la profession, avec une diversité incroyable d’activités. Il est possible de s’y épanouir et de trouver sa place quelle que soit sa personnalité. Je suis tombé un peu de haut en apprenant que c’est le secteur qui connaît le plus de suicides. Beaucoup abandonnent après quelques années d’exercice. Les vétérinaires subissent énormément de pression, notamment à cause des gardes, et du fait que les propriétaires sont de plus en plus exigeants, procéduriers aussi. Ils s’immiscent davantage dans les prises en charge et attendent du praticien qu’il soit accueillant, toujours disponible, infaillible et ce aussi dans l’urgence. On verra probablement à l’avenir davantage de grandes structures d’urgences où l’on se relaie plus facilement. J’imagine que dans le futur les données de soins seront plus accessibles et centralisées. Concernant l’intégration dans les écoles, on peut souhaiter des critères de sélection mieux adaptés. Personnellement, je crains un peu le monopole des grosses chaînes de cliniques.

Alix Ramet

Etudiant en 2e année à UniLaSalle à Rouen (Seine-Maritime), cofondateur de Medor*

AlixRamet.jpeg

La médecine vétérinaire va suivre la médecine humaine

Il y a dans le même temps une pénurie de vétérinaires qui peinent à recruter et une nouvelle génération qui souhaite consacrer plus de temps à sa vie personnelle et ses loisirs qu’autrefois. C’est d’ailleurs en partie pour répondre au manque d'effectif que notre école a été créée. Concernant l’évolution de la profession, je pense que les outils numériques vont continuer à se développer comme on le voit en médecine humaine, pour mieux centraliser et suivre les informations sur les soins. S’appuyer dessus servira sûrement aussi à améliorer les pratiques, cela les changera en tout cas. On voit déjà les progrès avec l’ajout du numérique à l’imagerie médicale ou son emploi en télémédecine. Je me prédestine à la pratique rurale, et la technologie pourrait nous aider à faciliter la coordination entre vétérinaires regroupés sur un grand territoire et organiser au mieux les astreintes.

  • * Gagnant d’Hackavet dans la catégorie « Relations humaines ».
  • * Gagnant d’Hackavet dans la catégorie « Technologie ». Voir La Semaine Vétérinaire n°2001 du 8 septembre 2023, p.12-13.