ANALYSE GENERALE
Auteur(s) : Clothilde Barde
En 1981, quelques foyers de fièvre aphteuse étaient identifiés dans les Côtes d’Armor, en Bretagne, dans les deux communes à plus forte densité en élevages de porcs d’Europe. Après l’abattage de 4 000 porcs et de 150 bovins, une campagne de vaccination a été mise en place rapidement sur plus de 500 000 animaux adultes puis, les semaines suivantes, sur les porcelets des élevages atteints. Cette situation était préoccupante, et ce, d’autant plus que le contexte économique était déjà difficile pour l’élevage de porcs.
Une forte contagiosité
En effet, la fièvre aphteuse, maladie d’origine virale, sans danger pour l’humain mais très contagieuse entre animaux, peut entraîner des pertes économiques importantes. Elle touche tous les mammifères bi-ongulés (bovins, ovins, caprins et porcins) et se caractérise par l’apparition d’aphtes et d’érosions sur les muqueuses buccales, nasales et mammaires et sur les onglons (au niveau des bourrelets coronaires des pieds et entre les espaces interdigités). La transmission de la maladie peut s’effectuer par contact direct et indirect entre animaux (toutes les excrétions et sécrétions d’un animal infecté contiennent des particules virales), par l’intermédiaire de vecteurs vivants (personnes ou animaux) ou inanimés (véhicules, outils agricoles), ou par le vent, par exemple, qui peut propager le virus sur de longues distances.
40 ans d’épizooties successives
Déjà auparavant, de 1939 à 1959, la maladie s’était fortement répandue avec plus de 1 500 000 foyers identifiés en France métropolitaine. Pour tenter d’enrayer cette succession d’épizooties de « cocotte », véritable fléau pour les vétérinaires à une époque où n’existaient ni l’identification des animaux, ni la vaccination, diverses mesures avaient alors été évoquées. Parmi les traitements proposés (sulfate de quinine, lavement antiseptique, aphtisation, hémothérapie…), tous aussi inefficaces les uns que les autres et à l’origine de forts taux de mortalité (33 % en moyenne sur les malades), l’hémoaphtisation est la seule mesure qui avait alors obtenu des résultats encourageants.
Une maladie réglementée
Actuellement, la prophylaxie sanitaire repose notamment sur la protection des zones indemnes par le contrôle et la surveillance des déplacements des animaux lors de l’introduction dans ces zones, mais aussi par l’application stricte de mesures de police sanitaire, y compris l’abattage systématique de tous les animaux de l’exploitation en cas de confirmation par le laboratoire de référence de l’infection par le virus aphteux. Cette maladie figure sur la liste ADE de la nouvelle loi de santé animale (obligation de déclaration, de prévention, de surveillance et de certification, à plan d’intervention sanitaire d’urgence pour une éradication immédiate dès détection).