ANALYSE GENERALE
Auteur(s) : Clothilde Barde
En 1990, outre leur difficulté pour gérer les cas d’encéphalopathies spongiformes bovines (ESB), les vétérinaires ont dû faire face aux nombreuses interrogations de la société sur cette nouvelle maladie. En effet, même si l’on sait désormais que la consommation de farines animales (dont la fabrication avait été modifiée en 1981 outre-Manche par l’introduction de carcasses de moutons morts de la tremblante du mouton) par les bovins était en cause, en 1990, bon nombre d’inconnues persistaient autour de l’ESB.
Des mesures trop tardives
Face aux incertitudes, le principe de précaution a été appliqué dès 1989, avec l’interdiction au Royaume-Uni de l’utilisation d’abats de bovins dans l’élaboration des farines animales et, le 1er juillet de la même année, avec l’arrêt de l’importation en France de bovins britanniques nés avant la mi-juillet 1988. Puis, en décembre 1989, les farines carnées britanniques ont été interdites et un réseau de surveillance épidémiologique était mis en place. Le 14 juin 1990, un décret ajoutait l’ESB à la nomenclature des maladies contagieuses, et la France interdisait l’utilisation de toute farine carnée, quelle que soit son origine, dans l’alimentation bovine. Toutefois, malgré toutes ces mesures de précaution, une première vache atteinte d’ESB a été découverte en France le 2 mars 1991, à Plouha, dans les Côtes-d’Armor, en Bretagne.
Une maladie mortelle
L’ESB, qui appartient au groupe des encéphalopathies spongiformes subaiguës transmissibles (ESST) – maladies dégénératives du système nerveux central dues à des agents infectieux appelés « agents transmissibles non conventionnels » ou « prions pathogènes » (protéines présentes sous une forme anormale dans les cellules cérébrales) –, se caractérise par l’apparition de symptômes nerveux chez des animaux adultes qui conduisent progressivement (entre un et six mois) et inéluctablement vers la mort. La propagation des cas en Europe dans les années 1990 a alors conduit à une crise sanitaire majeure sur le continent.
Une prévention renforcée
Aujourd’hui, une législation européenne définit les mesures préventives à respecter. Il s’agit de l’interdiction de nourrir les animaux élevés en vue de la production alimentaire avec des protéines animales, de la mise en place d’un système de surveillance renforcé incluant un dépistage post mortem chez les animaux sains et à risque, de l’élimination et de la destruction systématiques des tissus présentant le risque le plus élevé d’être infecté par l’ESB, comme le cerveau et la moelle épinière (matériels à risques spécifiés) provenant de bovins ayant plus d’un certain âge et, à la suite de la détection d’un cas d’ESB positif, de la destruction des carcasses et de l’abattage des cheptels dans lesquels des cas d’ESST ont été confirmés.