ANALYSE GENERALE
Auteur(s) : Clothilde Barde
Alors que le 20 mars 1996, le gouvernement britannique annonçait la possibilité d’une contamination humaine à l’encéphalopathie spongiforme bovine (ESB), une vague d’inquiétude a vu le jour au sein de la population. En effet, face aux nombreuses questions sans réponses, les grands médias généralistes alimentaient les craintes en surenchérissant sur le nombre de cas humains de « vache folle » à venir.
De nombreuses incertitudes
La maladie de Creutzfeldt-Jakob, complexe, était mal connue, et le variant présent dans les cas humains en 1996 n’était pas encore identifié. Les scientifiques soupçonnaient toutefois que la contamination humaine au Royaume-Uni était due à la consommation de certains abats potentiellement porteurs de prions avant qu’ils ne soient interdits (fenêtre d’exposition potentielle de 1982 à novembre 1989).
Des décisions politiques fortes
En France, malgré la mise en place en 1990 d’un système de protection de la santé publique (détection de la maladie et élimination des animaux atteints et des troupeaux auxquels ils appartiennent), plusieurs cas ont été détectés chez l’humain en 1996. Philippe Vasseur, alors ministre chargé de l’agriculture, a immédiatement décrété l’interdiction de l’import de viande britannique, relançant par là même l’inquiétude de l’opinion publique. Parallèlement, il créait le label Viandes de France pour « garantir la traçabilité de la filière ». Ces mesures furent à l’origine d’une crise politique majeure en Europe, ainsi que d’une déstabilisation du marché européen de la viande bovine pour les années suivantes.