Nutrition
FORMATION MIXTE
Auteur(s) : Marine Neveux CONFÉRENCIER Charles Barré, vétérinaire-conseil en nutrition équine D’après la conférence intitulée « Comme nourrir un cheval en diarrhée aiguë ? », présentée lors des journées annuelles de l’Association vétérinaire équine française à Reims en novembre 2022.
Besoin énergétique
Dans un premier temps, il convient d’estimer le besoin énergétique qui peut être très variable en fonction des cas et de la diversité des causes de diarrhée. La quantité de calories à donner au cheval dépend de son état corporel, de sa race, de la cause primaire de la diarrhée, de l’activité, du logement…
Si l’on sous-évalue la quantité de calories, à terme, le risque est une perte de masse musculaire et de masse grasse. Au contraire, si on la surestime, on risque : hyperlipémie, hyperglycémie, hyperinsulinémie.
La littérature anglo-saxonne estime qu’il convient de donner environ 70 % du besoin de maintenance du cheval, et un bonus est ajouté en fonction du cas. Dans le système français, il n’y a pas de recommandation précise, mais notre confrère conseille entre 1 à 1,4 unité fourragère cheval (UFC) pour 100 kg. Ce qui compte c’est la réévaluation régulière en fonction du résultat, pour corriger éventuellement et rapidement. Le poids et l’état corporel doivent ainsi être surveillés. Les paramètres sanguins comme les protéines totales, l’albumine et les triglycérides sont également suivis.
Besoin protéique
Le besoin protéique n’est pas bien connu. Le système américain donne un ordre d’idées avec un apport de protéines brutes de l’ordre de 1,5 g/kg de poids vif/jour. Dans le système français, on oscille entre 80 à 120 g de matières azotées digestibles pour le cheval/UFC.
La qualité des protéines est importante (une source riche en acides aminés limitants est à privilégier). Luzerne, tourteau de soja ou de colza peuvent être utilisés. Il convient de rester raisonnable dans les quantités de protéines données car elles peuvent favoriser des fermentations.
Aliments
Herbe et foin
Dans la littérature majoritairement anglo-saxonne, les foins sont typés, contrairement aux prairies plus diversifiées en France. L’herbe fraîche est régulièrement décrite pour stimuler l’appétit. Luzerne fraîche, foin de pré et foin de luzerne peuvent être utilisés.
Pulpe de betterave
La pulpe de betterave ne contient pas de sucres et est riche en fibres. L’approvisionnement est aisé, c’est donc un très bon remplaçant de foin (0,5 UFC/ kg en sec). Il convient de la distribuer réhydratée.
Aliments composés
Les granulés peuvent être utilisés, ce sont des composants broyés, donc la digestion est meilleure et le risque de dysbiose moindre. Leur traitement thermique et hydrique favorise une gélatinisation de l’amidon qui facilite sa digestion.
Il convient de bien regarder la composition des granulés industriels.
Les céréales
Ce n’est pas un interdit mais il convient de rester raisonnable sur les quantités distribuées. Cela n’a d’intérêt que si l’apport énergétique visé est assez important. Le traitement mécanique est également essentiel : broyage, aplatissage, éventuellement la cuisson avec le mash.
Tourteaux
Ils sont intéressants comme apport protéique.
Huile
C’est d’une grande aide pour un apport de calories sans glucides, en peu de place. L’usage d’huile est parfois controversé en début de diarrhée, notamment si le petit intestin ne fonctionne pas bien. Les huiles de colza, de soja ou de maïs peuvent être utilisées.
Stratégie
On essaie de privilégier l’absorption dans le petit intestin, de favoriser la flore cellulolytique et d’essayer de limiter le développement d’une flore amylolytique trop importante. On respecte l’appétit du cheval en luttant contre l’anorexie. Une adaptation sera nécessaire en fonction des préférences du cheval, de sa capacité de mastication, du tableau clinique et de la facilité d’approvisionnement.
Charles Barré conclut en recommandant du pragmatisme !
Recommandations
• Multiplier les repas
• Privilégier les fibres longues
• N’utiliser les céréales qu’en cas de nécessité
• Ne pas dépasser 1,5 kg de céréales dans les premiers jours
• Ne pas dépasser 150 g d’amidon par repas
• Réévaluer régulièrement
• Observer attentivement les crottins
• Utilisation de probiotiques ?